Six spectateurs, plutôt cinq se sont installés à la salle Ibn-Rachiq, mercredi dernier à 14h00.... On leur annonce un changement de programme. « Le documentaire Vladimir Vistoski sera remplacé par le film Pyramide et il sera suivi, comme chaque mercredi, par un film allemand ». Il s'agit pourtant d'un festival du cinéma russe! Ces malentendus et ce manque d'organisation ne peuvent que nuire à cette manifestation encore à ses débuts. Une personne a encore quitté la salle à peine le film lancé. A vrai dire, le sous-titrage en langue anglaise n'est pas du tout encourageant. Mais les curieux n'ont pas été déçus. Un court métrage, intitulé 1937 du jeune Golovlev Svetozar a ouvert le bal. C'est l'histoire d'un couple qui part dans un village loin de Moscou pour baptiser secrètement son enfant. A la station où ils sont arrivés, passe un train avec des détenus à bord. Une lettre vole de l'un des wagons. Elle est adressée à des proches. Le couple a pris la décision de la poster. Toute la route n'est qu'une lutte pénible entre peur et conscience, car toute transmission de lettre est très sévèrement punie par la loi.... La cérémonie du baptême ainsi que le mariage qui l'a précédée ont perdu de leur importance. Tout paraît fade, sans aucune couleur... Place ensuite au film Pyramide d' Eldar Salavatov's. Un vrai thriller, à l'américaine. Proche de Catch me si tu peux», avait précisé un producteur d'image dans une interview à Rianovosti. On retrace, en effet, l'histoire vraie d'un homme d'affaires russe, Sergeï Mavrodi, dit le Madoff russe, qui avait escroqué des milliers de citoyens dans les années 1990. Il est le fondateur de la société anonyme, une pyramide financière, “MMM”, dont les activités ont causé des dommages à des millions. Mavrodi a été condamné à quatre ans et demi de prison pour détournement de fonds. L'acteur ressemble comme deux gouttes d'eau au personnage réel. Grosses lunettes dévorant le visage, une allure froide, strict et impitoyable, une démarche dynamique et un peu déséquilibré d'esprit. Ce jeu d'acteur exceptionnel a rendu ce Sergeï Mavrodi attachant, malgré son air cynique. Les évènements se succèdent et des images défilent, alternant des faits réels qui ont eu lieu dans l'histoire de la pyramide” MMM et des séquences fictives. Le scénario, écrit par Maksim Vassilenkov, est basé sur le roman autobiographique inédit Pyramide, écrit par Mavrodi lui-même... Fidèle au déroulement de l'affaire, le réalisateur a mis en scène cette aventure humaine en focalisant sur tous les détails. Suspense, tension, violence... On suit les pas de cet homme qui a su rapidement s'enrichir (story ‘‘MMM'' n'a duré que six mois), par la tromperie et l'exploitation d'autrui. Il a vécu un triomphe. Très vite « cette pyramide » financière s'est écroulée, comme un jeu de dominos. A propos de dominos, il y en avait, à la fin du film. Ils sont tombés à une vitesse vertigineuse, symbolisant certainement l'épilogue repide de cette affaire qui a marqué l'histoire de la Russie. Un bon film en somme.