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Le développement hydro-agricole de la haute vallée de la Medjerda serait-il en panne ?
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 12 - 04 - 2012


Par Mohamed Salah BACHTA(*)
Il est étonnant de constater que d'une part, les projets ayant donné lieu à l'aménagement hydro-agricole de cette région ont été les mieux préparés et que d'autre part, l'état actuel de sa mise en valeur est des plus faibles. En effet, la conception des projets de développement hydro-agricole ont profité des connaissances produites par le Plan directeur des eaux du Nord en ce qui concerne les ressources en eau. Elle a aussi mis à profit les recherches réalisées par Kopp dans la station de l'Institut national de recherches agronomiques (Inrat de Oued Mliz), en ce qui concerne les orientations culturales et les choix des assolements à adopter; elles ont donné lieu à la publication en 1975 d'un document, le potentiel de production agricole de la haute vallée de la Medjerda. Les cultures retenues sont les grandes cultures, les cultures maraîchères, d'été et d'hier, et les cultures fourragères.
L'importance aussi bien économique que sociale de cet aménagement est à l'origine des précautions particulières prises lors de sa conception. En effet, cet aménagement couvre une surface de 33 mille hectares, soit, du point de vue de ce critère, le deuxième aménagement du pays. Il concerne une région où l'exode rural et les flux migratoires en général sont des plus actifs.
Après un démarrage lent mais probant de la réalisation des composantes retenues par les projets aussi bien hydrauliques qu'agricoles, la mise en valeur actuelle est préoccupante. Les signes d'essoufflement sont apparus au début des années quatre vingt dix. Actuellement, on estime à quelque 15 mille hectares la surface recevant une irrigation. De plus, les exploitations irriguées dégagent en général une capacité de paiement de l'eau d'irrigation inférieure au tarif en vigueur. En effet, les données disponibles permettent de situer les niveaux de valorisation de m3 d'eau entre un minimum de 0,014 dinar/m3 et un maximum de 0,229 dinar/m3. Les exploitations assurant des valorisations faibles de l'eau et ayant des difficultés à la payer au tarif actuel concerneraient près de 78% de l'effectif et couvriraient près de 41% de la surface globale des périmètres irrigués.
Comment peut-on décrypter le paradoxe pouvant exister entre les précautions décidées lors de la conception de cet aménagement et les faibles performances enregistrées et l'essoufflement de la dynamique initiale ? Ce décryptage pourrait aider à formuler quelques propositions de nature à relancer le développement agricole dans la région.
Selon une orientation délibérément microéconomique, cet essai prend comme point de départ l'exploitation agricole, unité de base de la prise de décisions. Celle-ci peut avoir deux acceptions distinctes mais fortement interdépendantes. Selon la première signification, l'exploitation est considérée comme une unité technico-économique combinant des facteurs de production, selon une technologie maîtrisée, pour réaliser des productions. Selon la deuxième représentation, l'exploitation peut être vue comme un lieu de gestion de réseaux relationnels tant internes qu'externes. Ces relations concernent tant l'organisation des activités de production que celles d'approvisionnement, d'écoulement, de financement. Il est une évidence que la nature et l'importance relative des types de relation entretenus par l'exploitation avec son environnement socioéconomique dépendent de ses choix productifs, d'où les interdépendances, précédemment mentionnées, entre les deux acceptions de l'exploitation. Il est, sur cette base, aisé de percevoir que la conversion des systèmes de production du pluvial à l'irrigué, préconisée par l'aménagement hydro-agricole s'est traduite dans les faits par une réorganisation du fonctionnement interne de l'exploitation et des changements de ses rapports avec son environnement. Pour aider l'exploitation agricole à s'adapter à ces changements, les concepteurs des projets hydro-agricoles ont proposé la création d'institutions ayant pour mission d'accompagner les agriculteurs durant ce processus adaptatif. Les principales institutions- acteurs sont l'Office des périmètres irrigués de Jendouba ( OMVPP de Jendouba), le complexe sucrier de Ben Béchir à Boussalem et la centrale laitière du Nord-Ouest.
Outre la distribution de l'eau et l'entretien de l'infrastructure de base, l'OMVPP de Jendouba avait une mission d'encadrement technique et d'approvisionnement. La centrale laitière assurait la collecte du lait produit et mettait à la disposition des éleveurs des services d'encadrement vétérinaires. En ce qui concerne le complexe sucrier, sa mission était d'acquérir la production de betterave à sucre, de financer les avances nécessaires à la mise en place de cette culture.
Avec la fin des années quatre-vingt et au cours des années quatre vingt dix, l'environnement institutionnel en place a connu d'importantes transformations. La dissolution des offices de mise en valeur des périmètres irrigués en 1989, et ce, dans le cadre de la mise en application des recommandations du Programme d'ajustement structurel (PAS), en général, et de sa composante agricole en particulier (Pasa), a constitué le premier changement institutionnel. Leurs missions ont été partiellement attribuées aux Crda et à des associations d'irrigants. Depuis cette date, les révisions des missions des organisations des irrigants n'ont pas cessé, d'Association d'intérêt collectif (AIC), on est passé à des Groupements d'intérêt collectif (GIC) et puis à des Groupements de développement agricole (GDA). Ces adaptations dans l'environnement institutionnel sont source d'incertitude pour les acteurs microéconomiques.
Des raisons de mauvaise gestion ont contribué à la faillite et puis à la disparition de la centrale laitière et, partant, aux services qu'elle rendait aux agriculteurs. Je voudrais signaler que les prix du lait et dérivés dits uniformes à travers le pays, actuellement en vigueur, favorisent les entreprises situées dans les zones de grande consommation, au détriment bien entendu de celles ayant choisi de s'installer dans les régions de production. Ces prix autorisent, en effet, les premières à collecter des frais de transport, dits fantômes, leur permettant de financer les coûts de transport (absorption de frets) occasionnés par l'approvisionnement des consommateurs les plus éloignés. Cette possibilité n'est pas offerte aux deuxièmes. Ces prix ne sont donc pas neutres vis à vis des politiques de développement régional. De plus, ces prix, malgré leur caractère égalitaire apparent, sont des plus discriminatoires. Ils conduisent à des prix nets des frais de transport variables sela la localisation des consommateurs.
En ce qui concerne le complexe sucrier, des calculs économiques fondés sur la comparaison des coûts de production du sucre localement à son prix à l'importation ont conduit à l'abandon de la transformation de la betterave à sucre. Celle-ci n'est plus pratiquée et les assolements préconisés par les études de base ont été délaissés par les agriculteurs. Un tel raisonnement économique a ignoré (in)volontairement les effets d'entraînement du complexe sucrier sur le développement agricole de la région.
On peut constater que l'ensemble des changements ayant modifié l'environnement institutionnel des agriculteurs sont exogènes à la dynamique de développement de la région. Ils ont été donc imposés par l'administration et subi par les exploitants. Ces chocs exogènes se sont traduits par l'abandon de l'élevage et par voie de conséquence des cultures fourragères, par la disparition de la betterave à sucre des assolements pratiqués. En somme, toute l'orientation culturale ayant justifié la mise en place de l'infrastructure hydraulique se trouve largement remise en cause.
Ces éléments fournissent une explication acceptable du contenu du constat et permettent d'affirmer que le développement hydro-agricole de la région est bel et bien en panne. Il est donc crucial de repenser le modèle de développement adopté jusque-là, et ce, à la lumière des changements institutionnels enregistrés. Dans ce qui suit, des propositions sommaires du contenu de la reformulation à conduire sont esquissées.
La transition démocratique consécutive à la révolution que vit le pays est une période de fluidité et d'instabilité politiques que l'on peut considérer comme particulièrement favorable à la transformation de l'environnement institutionnel des agriculteurs. Celui-ci devrait être à même d'aider les agriculteurs à gérer l'incertitude associée à la réorganisation de leurs activités. Celles-ci traduiraient les nouveaux choix productifs des exploitations agricoles qui seraient d'une part, en harmonie avec les institutions à créer et qui prendraient d'autre part, en considération les avantages compétitifs de la région, compte tenu des décisions prises par les autres régions.
Ces choix productifs seraient en interaction avec des réformes- ruptures des institutions, notamment le rejet de la tutelle d'une administration omniprésente, matérialisant la subordination du monde agricole au pouvoir central. Ils devraient aussi exiger une période d'adaptation des exploitations aux changements techniques et relationnels qu'ils induisent. Ces adaptations se traduiraient par la relance de l'irrigation qui sera matérialisée par l'accroissement de la part des surfaces irriguées dans les périmètres équipés.
Pour favoriser cette relance, il faudra surseoir à l'application de la tarification binôme présentée il y a quelques années comme une décision présidentielle, ayant donc, selon la logique d'alors, un caractère obédientiel. Un tel tarif composé d'un terme fixe et d'un deuxième variable en fonction du volume consommé constitue une incitation à l'intensification de l'irrigation, dans la mesure où le coût moyen du mètre cube d'eau consommé diminue avec le volume d'eau utilisée. L'état actuel de la mise en valeur des périmètres irrigués est loin de cette étape d'intensification. Pour le moment, l'unique avantage de cette tarification est la garantie de recettes fixes au gestionnaire. Mais peut-on sacrifier le développement agricole des périmètres équipés pour améliorer un tant soit peu l'équilibre budgétaire des gestionnaires de l'eau d'irrigation ?


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