• Le temps d'attente des navires en rade, estimé à 192 heures, est largement supérieur au niveau des autres ports de la région où on ne dépasse pas les 50 heures d'attente. • L'Office de la marine marchande et des ports a mis en œuvre des mesures urgentes qui ont amélioré le rendement du port de 30% par rapport à l'année exceptionnelle de 2011. Mais le plus difficile reste à faire. Quand le port de Radès va, tout va! L'enjeu est d'une importance extrême : c'est la compétitivité des entreprises, l'attrait de la Tunisie pour l'investissement, le niveau des exportations et des importations... qui évoluent au rythme de Radès. Consciente de cet enjeu de taille, et à la suite du constat de nombreux dysfonctionnements dans ce port, qui se sont aggravés de manière inquiétante en 2011, la confédération des entreprises citoyennes (Conect) a organisé, récemment, une journée d'étude sur la compétitivité du port de Radès en vue de présenter les résultats d'une étude réalisée par un bureau d'études et montrer de vive voix des expériences réussies des pays voisins, notamment l'Algérie, le Maroc et Malte. En effet, tous les opérateurs économiques du pays sont affectés, directement ou indirectement, par les performances ou les contreperformances de cette connexion maritime. « L'hinterland de ce port englobe pratiquement tout le territoire national », indique Tarak Cherif, président de la Conect. Et les chiffres le démontrent : 90% du trafic des conteneurs et des unités roulantes dans le pays passent par Radès. Mieux encore, au niveau mondial, le transport maritime assure 80% du commerce international qui est de plus en plus conteneurisé. Dans son allocution d'ouverture, le président de la Conect a souligné que les dysfonctionnements et les obstacles relatifs à ce maillon de la chaîne logistique est de nature à dissuader les investisseurs. Il convient de rappeler à cet égard que la chaîne évolue au rythme de son maillon le plus faible. Des insuffisances structurelles Selon le présentateur de l'étude, « l'intérêt de l'escale dépend de sa position géographique, des qualités nautiques du port et des coûts de passage portuaire». Pour ce qui est du port de Radès, bien qu'il soit relativement bien équipé, et pour certains suréquipé, il souffre d'insuffisances structurelles. En effet, dans les débuts des années 80, le port a été conçu pour accoster des navires de roulement et non des conteneurs. De plus, le faible tirant d'eau qui ne dépasse pas 10 m ne permet pas d'accoster les gros navires de grand tonnage. D'où, les opérateurs économiques seront dans l'obligation de fragmenter les flux de marchandises. Déjà, « la majorité des marchandises ont transité par un autre port avant de passer par Radès ». Il s'agit d'un port secondaire. Ce qui est de nature à générer des coûts supplémentaires et des pertes de temps. L'expert a estimé les couts supplémentaires à 200 euros. De même, le temps d'attente des navires en rade, estimé à 192 heures, est largement supérieur au niveau des autres ports de la région où on ne dépasse pas les 50 heures d'attente. Sur un autre plan, le rythme de manutention de 7 mouvements par heure est loin du standard mondial qui dépasse les 22 par heure. En outre, la lenteur et la complexité des procédures douanières constituent un obstacle supplémentaire. En conséquence, « près de 80% des conteneurs sont délaissés par les chargeurs», précise-t-il. Et de renchérir : « Tous les interviewés s'accordent que les pots de vin sont devenus un mal nécessaire pour fluidifier les procédures ». A cet égard, il importe de s'interroger : si les délais étaient courts au départ, auront-ils besoin de débourser ces enveloppes ? Sur le plan structurel, d'après l'étude, le développement du port de Radès a été assez limité. « Aucun projet significatif de développement et de modernisation des infrastructures n'a été mené », mentionne l'étude. L'autorité portuaire communique depuis plus de dix ans sur des projets de création de terminaux modernes à conteneurs, d'extension des quais ou encore de création de zones logistiques. Mais aucun de ces projets n'a été à ce jour concrétisé. Ainsi, face à la dégradation de la situation, les autorités compétentes, notamment l'Office de la marine marchande et des ports, ont mis en œuvre des mesures urgentes qui ont amélioré le rendement du port de 30% par rapport à l'année exceptionnelle de 2011. Mais le plus difficile reste à faire.