La défaite des Clubistes est le résultat de plusieurs cumuls 88': le CA est mené au score et n'a d'autre choix que de remonter le terrain et aller de l'avant. Or, c'est l'EST qui adopte un pressing de zone à l'image d'un Chammam qui monte en tacle glissant, se relève en course pour récupérer le ballon et faire une passe. Idem pour Sameh Derbali, véritable sentinelle qui n'a pas ménagé ses efforts au niveau de la relance, subtilisant le ballon à Chaker Rguei et prenant Nafti de vitesse. C'est dire que la physionomie du match en dit long sur l'état d'esprit des joueurs des deux camps. Car au-delà de la victoire à la régulière de l'Espérance, c'est au niveau du mental que le bât (clubiste) blesse. Aucune rage de vaincre, de la résignation et un certain fatalisme qui ne peuvent que conduire à la chute de l'ambition clubiste. Le jugement est certes sévère mais si l'équipe progresse (dixit Ben Chikha), la culture de la gagne et la grinta (chères au coach du CA) ont changé de camp avec les résultats que l'on connaît. Lors des trois derniers derbies disputés à huis clos, l'EST a toujours fini par imposer sa loi. Le CA n'arrive-t-il pas à se transcender sans sa galerie ? La vérité du terrain est sans appel à ce sujet. Et pourtant, depuis quelque temps déjà, le staff technique clubiste a insisté sur les dispositions mentales des siens. La confiance en soi, l'enthousiasme et la capacité à rester positif sont autant d'éléments importants pour s'imposer, se surpasser et rebondir à terme. Visiblement, cette marque de fabrique clubiste n'est plus visible au sein du onze à Ben Chikha. Volet choix de joueurs et plan de jeu, le staff technique en a surpris plus d'un. Audacieux, Ben Chikha a tenté l'effet de surprise en titularisant le tout jeune Seïfeddine Jaziri sur le front de l'attaque. L'association avec le Tchadien Ezechiel et Hamza Messaâdi n'a certes pas porté ses fruits mais le culot et le talent du jeune Jaziri est en soi une source de satisfaction. D'ailleurs, en fin de match, le CA évoluait avec sept joueurs du cru, ce qui en dit long sur le vivier de l'équipe. Oussama Haddedi, Mehdi Ressaïssi, Bilel Ifa, Seïf Jaziri, Zied Ziedi et Hamza Messaâdi n'en sont certes pas à leurs baptêmes du feu (respectifs) mais l'expérience et le métier engrangés à la suite d'un derby ne peut que leur être profitable à terme, et ce, en dépit de la défaite. Nafti et Rguei: la déception Si les jeunes ont tout à gagner d'une participation au derby, les vieux routiers ont quasiment raté le match de la saison. A l'exception de Hadj Messaoud (beaucoup d'abattage et de générosité dans l'effort), l'axe Ifa-Ressaïssi a laissé entrevoir des signes de flottement (en cours de match) et de fléchissement (en fin de match). Sur le flanc gauche, Haddedi a manqué de vélocité à la récupération et de suite dans les idées lors de la construction, à l'inverse d'un certain Sameh Derbali dont le jeu en déviation et les chevauchées sur le côté ont mis le feu au sein de l'arrière-garde clubiste. Plus haut, seul le demi gauche Akremi a osé débouler, fixer et s'infiltrer. Chaker Rguei a, quant à lui, été transparent alors que le stratège Nafti, connu pour ses «dons» de relayeur et de conservation du ballon, n'a à aucun moment distribué le jeu de manière cohérente. Sans parler de faillite collective au niveau du jeu, le CA s'est exprimé par à-coups, manquant cruellement de détermination et de personnalité. Au final, l'équipe qui y a cru le plus a gagné. Premier bilan Sur le plan sportif, jusque-là, il n'y a pas grand-chose à faire valoir au CA. Quatre entraîneurs en une année sans que la pente ne soit remontée et départ de certains piliers qui ont par la suite été remplacés par des seconds couteaux. Dans ce contexte obscur, seul le recrutement de Patrick Liewig constitue un point lumineux. Sur le plan administratif, les maladresses et les sorties de route ont proliféré (affaire Coulibaly, joueurs non qualifiés, réserves mal ou non formulées...). Par ailleurs, le président du CA s'était engagé à réviser les statuts du club mais le dossier a vraisemblablement été renvoyé aux calendes grecques, malgré l'armada d'avocats dont le CA dispose. Sur le plan de la communication, malgré la présence d'un groupe qui a fait ses preuves en la matière, ces derniers ont été de facto relégués au rang d'élément de décor alors que la fréquence des sorties médiatiques a augmenté considérablement sans pour autant s'appuyer sur une ligne de communication ou une démarche cohérente. C'est le règne de la gabegie médiatique. On parle de complots ourdis contre le bureau directeur. Sur un autre plan, on se plaît à manier le double discours et le langage équivoque,alors qu'au final, on remarque que le CA est géré de manière ouvertement populiste et non moins clientéliste, caressant le public dans le sens du poil sans pour autant aller à l'essentiel.