Par Jawhar CHATTY Inestimable est le cadeau que vient de faire l'Utica au gouvernement. A moins de deux semaines de la fête nationale du Travail, l'historique centrale patronale, l'Utica vient de donner, après mûre réflexion sans doute, un satisfecit au programme économique et social du gouvernement. Celui-ci, ne pouvait espérer meilleur appui alors qu'il semble être sujet à des accès récurrents de paranoïa qui le faisaient voir un peu partout des complots, du moins des tentatives de mise de «bâtons dans les roues». Le geste de l'Utica reste cependant quelque peu nuancé. Difficile en effet de savoir si par le mot «ambitieux» la présidente de l'Utica entendait qualifier ainsin le programme du gouvernement pour la seule année 2012 ou en tant que programme pour une plus longue échéance. Il est rare, sauf exceptions prodigieuses, qu'un programme soit qualifié d'ambitieux sur une si courte période. L'ambition étant un espoir et, dans le meilleur des cas, une volonté de réaliser une projection du possible et d'une action sur le long terme. Alors de deux choses l'une, où la centrale patronale entend par son geste «remercier» le gouvernement pour son pragmatisme tel qu'il se dégage du récent discours du chef du gouvernement en matière de justice transitionnelle, ou bien il s'agit pour la centrale patronale de cautionner réellement un programme pertinent pour l'année 2012, et pour ce qui en reste ! Les déficits budgétaires ont toujours été les derniers soucis de la sphère de l'investissement. Le monde des affaires a toujours trouvé son compte dans les politiques budgétaires expansionnistes. Un déficit de plus de 6% du PIB? Peu importe du moment qu'il y a des niches de profit ! La recherche du profit et de la rente aux moindres frais sont les véritables travers du secteur privé des affaires, aujourd'hui plus qu'hier. Un courtermisme que semble entretenir hélas le gouvernement, au seul motif de stimuler l'investissement et de faire...plaisir aux affairistes. Non seulement l'investissement n'est toujours pas là, mais l'inflation est galopante. Que reste-il, dans ces conditions, de la dimension sociale du programme du gouvernement pour une année déjà épuisée presque à moitié ? A moins de deux semaines du 1er Mai, le gouvernement, en dépit des contraintes budgétaires et des choix de développement qu'il s'était fixés, serait bien inspiré de juger objectivement de l'ambition sociale de son programme pour une année qui, relativement et en regard de l'attente sociale, tire à sa fin. Inestimable est le cadeau que vient de faire l'Utica au gouvernement. L'organisation patronale a sans doute de sérieuses raisons de le faire. D'autant plus que, il faut le dire, après une profonde action de restructuration et de stabilisation en son sein, elle n'a jamais été aussi sincère dans son engagement pour l'investissement et pour la croissance de l'économie nationale. Et c'est tout à son honneur.