Sous l'égide du ministère de l'Industrie et du Commerce, et en collaboration avec l'Agence nationale pour la maîtrise de l'énergie (Anme) et l'Agence de coopération allemande (GIZ), il a été procédé, hier à Tunis, au lancement du projet de renforcement des capacités dans les domaines de l'inventaire des gaz à effet de serre (GES) et du Measurment, Reporting and Verification (Mesure, rapport et vérification) : un projet dont les grandes lignes et les objectifs escomptés ont été présentés lors d'un séminaire tenu hier matin aux Berges du Lac. Cette manifestation, qui a été marquée par la présence de l'ambassadeur d'Allemagne à Tunis et la ministre de l'Environnement et du Développement durable, a mis le sujet dans son contexte international et a inscrit sa mise en œuvre en Tunisie à l'horizon 2015. Pour rappel, la mise en place de ce projet fait suite à la conférence des Nations unies sur les changements climatiques, réunie du 28 novembre au 10 décembre dernier à Durban, au cours de laquelle les négociations ont essentiellement porté sur l'avenir du Protocole de Kyoto, lequel prendra fin cette année, et sur la nature juridique du futur régime international qui va en assurer la relève. L'objectif visé est d'amener l'ensemble des pays à s'engager pleinement dans des actions réelles et concrètes en faveur du climat, mais aussi de soutenir les pays les plus vulnérables à réaliser les investissements nécessaires afin de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Intervenant à ce propos, M. Matthieu Wemaere, avocat à la cour en France et en Belgique, insiste sur les accords de négociations internationales autour du climat et sur les nouveaux mécanismes de marché post-2012. Autrement dit, l'engagement que devraient prendre les pays industrialisés à l'égard des pays en voie de développement tels que le nôtre, dans la mesure où des financements et des crédits carbone leur sont accordés pour renforcer leurs capacités dans les domaines de l'inventaire des GES et du MRV. L'impératif, à ses dires, est de réduire de deux degrés les émissions de gaz à effet de serre dans les années à venir. Un objectif qui s'inscrit dans la démarche d'atténuation des impacts des changements climatiques. Revenant sur la conférence de Durban, M. Wemaere fait remarquer qu'elle avait abouti à une feuille de route qui offre la perspective d'un nouvel accord engageant tous les pays d'ici 2015. Laquelle feuille de route, a-t-il ajouté, vise à lancer immédiatement des négociations pour obtenir un cadre conventionnel ou un instrument juridique applicable, en tant que prolongement du Protocole de Kyoto. Or «ce caractère conventionnel du futur régime n'est pas une condition assez suffisante, mais elle est quand même nécessaire pour les obligations principales (engagements des réductions des GES, contrôle, gouvernance et sanction du non-respect...)», a-t-il souligné. Pour M. Anselm Duchrow, responsable auprès du GIZ, le nouveau régime climatique post-2012 devrait impliquer les pays en développement dans les efforts de réduction des GES à la faveur notamment des mesures d'atténuation appropriées au niveau national, appelées aussi «Namasd» (Nationally Appropriate Mitigation Actions). Afin d'en profiter de façon conséquente, ces pays, dont la Tunisie, devraient se doter, a priori, de systèmes MRV, en tant que mécanismes de suivi, de notification et de vérification des sources et potentiels des émissions CO2 afin d'en établir un inventaire national à partir de 2014. Cela sert, bien évidemment, à prendre, au bon moment, une décision stratégique et efficace en la matière. En effet, le lancement, en Tunisie, du projet en question vient conforter notre politique nationale qualifiée de «volontariste et structurée» en matière de maîtrise de l'énergie et de mise en place des outils appropriés. C'est que, poursuit l'orateur, la Tunisie se dote d'un cadre politique, réglementaire et institutionnel actif et incitatif dans ce domaine, à travers la mise en place d'un plan solaire tunisien (2010- 2016) et d'une action de valorisation des déchets solides et liquides. Sans pour autant oublier la stratégie nationale de lutte contre les changements climatiques et l'encouragement de l'expérience des mécanismes de développement propre. Toute cette infrastructure d'atténuation des émissions de GES lui a permis d'avoir tous les atouts de renforcement de ses capacités en la matière.