"Comment allons-nous, ainsi que toutes les forces politiques modérées et pacifiques, intervenir efficacement et convaincre l'opinion publique dans notre pays qu'il existe un espoir ? Le choix du dialogue et des négociations et l'adhésion au droit international sont des choix stratégiques que nous n'abandonnerons jamais. Mais si notre partenaire ne s'engage pas dans ce chemin, est-ce que nous avons raison d'espérer réussir ?" (Discours du président Abbas, 61e Assemblée générale des Nations unies, New York, 21 septembre 2006). Les négociations inconditionnelles, fussent-elles indirectes, sont inusitées dans les relations internationales. Des accords préliminaires, des compromis, des reconnaissances d'états de fait permettaient de créer les conditions requises à l'entente. Dans le cas du processus de paix au Moyen-Orient, "la paix des braves" qui devait engager cette sortie de guerre, ne bénéficie pas des conditions minima requises. Le processus d'Oslo s'inscrivait dans l'option d'une stratégie de paix, adoptée courageusement par l'OLP. A l'appui d'un préjugé favorable, les deux partenaires ont réalisé des avancées, ouvrant l'horizon de la paix, la normalisation et l'entente. L'assassinat d'Yitzhak Rabin tua le processus, en donnant le pouvoir aux partisans du statu quo colonial. Depuis lors, les pouvoirs qui se sont succédé à Tel-Aviv ont rejeté l'initiative de paix palestinienne, illustrée par le fameux discours de "la branche d'olivier" prononcé par le Président Arafat, il y a près de quarante ans. Le projet arabe qui confortait cette stratégie ne suscita que peu d'intérêts à Tel-Aviv, plus soucieuse de développer la colonisation et de l'imposer par la "pacification" et "les assassinats ciblés", expression d'un terrorisme d'Etat effectif. En dépit du refus israélien de bloquer la colonisation et de la "brouille" qui s'ensuivit entre le Président Obama et le Premier ministre Netanyahu, on s'oriente vers l'ouverture de négociations indirectes, sous l'égide de l'émissaire américain George Mitchell. Malgré sa prise de conscience de l'hostilité du gouvernement du Likoud au processus de paix, le Président américain ne désespère pas. Il aurait donné des "garanties" au Président Abou Mazen, susceptibles de l'encourager à remettre à l'ordre du jour les négociations israélo-palestiniennes, gelées depuis le lancement, en décembre 2008, de l'offensive israélienne sur la bande de Gaza. Consultée, la Ligue arabe a donné, samedi 1er mai, son feu vert à la reprise de négociations israélo-palestiniennes, souhaitées par les Etats-Unis, en dépit des réserves de certains pays. Acceptant ce pari, le Président palestinien s'expose à l'opposition du Hamas et des radicaux de l'OLP. Il assume ainsi courageusement son "éthique de responsabilité", dans un climat de désespoir et de surenchère. Que faut-il attendre de l'ouverture de ces pourparlers ? Ne s'agit-il pas pour Netenyahu de simples subterfuges, c'est-à-dire de "moyens détournés pour se tirer d'embarras" ? Depuis sa prise de pouvoir, le Premier ministre israélien n'a jamais négocié, c'est-à-dire "traité, discuté pour arriver à un accord". Mais est-ce que l'establishment israélien peut faire échec à la "diplomatie d'influence", de son puissant allié? Pouvait-il continuer à avoir une influence sur les milieux de Washington, hors de proportions avec ses dimensions et l'importance de son futur rôle sur la scène internationale ? Dans l'ère post-guerre froide, le choix des partenaires les plus intéressants est désormais plus déterminé par des considérations économiques, tout autant qu'il l'a été par des considérations politico-militaires, dans les années 50. Signe de cette évolution, le nouveau lobby J. Street, fondé aux Etats-Unis, en avril 2008, en opposition à l'Aipac et aux autres grandes organisations juives américaines, soutient les vues de Barack Obama. Favorable au «plan de paix arabe», il soutient l'engagement américain en faveur du processus de paix. Nous y reviendrons.