Portrait de Ons Jabeur quelques heures avant la finale… Au moment où l'on écrit ces quelques phrases, nous ne savons rien encore du résultat de la finale Jabeur-Zoniewski. Un peu par superstition, beaucoup parce qu'au delà du résultat, notre Ons nationale a, d'ores et déjà, réussi son premier pari : accéder à la finale de «son» tournoi. Le second pari était peut-être un peu plus difficile et il a failli lui jouer un bien mauvais tour. Ons Jabeur avait, certes, pour objectif d'aller le plus loin possible dans ce tournoi, mais également le désir de convaincre et de séduire. Elle en avait tellement envie que cela l'a parfois bloquée, tétanisée et valu, ainsi qu'à un public tout acquis à sa cause, de belles frayeurs. Comme en demi-finale où elle a eu recours à deux reprises au tie-break pour s'imposer. Mais en même temps, et pour ceux qui ne connaissent pas cette petite diablesse des courts, Ons est une battante et une compétiteuse née : elle adore se faire peur et aller au bout d'elle-même. Nous nous demandons d'ailleurs si elle n'affectionne pas les tie-breaks, exercice où elle exprime le mieux son caractère, sa grinta, mais aussi son tennis. Est-il, en effet, utile de vous rappeler que cette jeune fille un peu garçon manqué, à la bouille enfantine a été à 16 ans la première Tunisienne à gagner Roland-Garros six mois après… la révolution. Un petit miracle à l'époque, quand on sait son parcours de combattante (c'est malheureusement le lot de tous les tennismen et tenniswoman tunisiens) et surtout quand on sait qu'elle a été contrainte auparavant à l'arrêt cinq mois durant, en raison d'une méchante blessure. Puis franchement, nous étions ultérieurement inquiets avant ce Nana Trophée de Tunis, d'autant qu'elle nous est revenue de Belgique (Académie justine Henin) à l'occasion du tournoi de la Marsa avec quelques kilos de plus et une autre blessure qu'elle traînait. Cela ne l'a pas empêchée de grimper jusqu'en demi-finale mais la déception était tout de même là. Il faut dire aussi que l'attente est grande et que les spécialistes, les vrais, vous diront tous que le potentiel est énorme et que Ons sera très bientôt dans les toutes premières. Un mental d'enfer! Ons Jabeur, c'est avant tout un personnage, un caractère. Un caractère qui lui a permis d'être là où elle est aujourd'hui et qui lui permettra sûrement d'aller encore plus loin. Beaucoup plus loin. C'est que, pour les athlètes tunisiens, la réussite est beaucoup plus compliquée parce que les conditions de travail souvent inexistants et l'encadrement inadapté quand il ne joue pas contre l'athlète. Ons Jabeur a baigné dans cette ambiance, elle a vu défiler et ne pas réussir des tas d'amis, des compagnes et des compagnons de route. Elle n'a jamais baissé les bras, elle n'a jamais coulé... Ses parents se sont battus avec elle et la petite famille cueille aujourd'hui le prix de sa patience et de ses souffrances. Mais on sait depuis longtemps qu'on se construit dans l'adversité et notre Ons nationale a toujours su positiver. Même dans les moments les plus noirs. Alors, sur un court, Ons Jabeur rencontre ces mêmes difficultés, joue parfois au jeu dangereux de les... provoquer et finit toujours par les surmonter grâce à un mental de fer. Elle pousse parfois le jeu à son paroxysme, elle adore être le chat et son adversaire la souris. Elle s'amuse, elle se fait peur, elle fait le spectacle. Et, par-dessus tout, elle en veut à mort. Une battante doublée d'une redoutable compétiteuse et gagnante. Puissance et finesse En dépit de son jeune âge, Ons Jabeur dégage une impression de grande puissance. Son corps d'adolescente se bâtit et se transforme certes mais la base est là : solide sur ses jambes et sur ses appuis, mobile et souvent très bien placée, Ons Jabeur impose d'emblée à ses adversaires une véritable bataille physique. En quart de finale puis en demi-finale, ses adversaires ont commencé à craquer physiquement pour, par la suite, céder mentalement. Un véritable rouleau compresseur, la petite ! Sur un plan technique, Ons Jabeur attaque tôt le ballon, dispose d'un excellent coup droit mais un revers encore à travailler. Un revers qui s'est tout de même amélioré depuis son départ en Belgique. Excellents passing shots également et l'art de maîtriser le lob. Mais son dada à elle, ce sont les amortis qui coupent les jambes de ses adversaires en même temps qu'ils leur scient le moral. Et ça l'amuse ! Nous aussi. Fini l'article, direction tout à l'heure le Tennis Club de Tunis pour la finale. Avant-hier, en allant prendre place sur les gradins, Malek Jaziri s'entraînait sur le court numéro 1. La petite Ons a dû lui mettre la pression…