Dans un contexte général, placé sous le signe d'un grand remue-ménage et du dévoilement des lacunes et des défaillances structurelles et institutionnelles longtemps camouflées, la pérennité des prestations de sécurité sociale occupe la place de choix dans le circuit des rumeurs et des inquiétudes. Le déficit des caisses nationales constitue une réelle angoisse pour les citoyens, d'une manière générale, et pour les affiliés, plus particulièrement. Nous avons déjà publié un dossier sur le déficit financier de la Cnrps et de la Cnam. La Cnss s'exprime, aujourd'hui, sur la réalité de sa situation financière et les solutions à adopter pour éviter le déficit. Le déficit financier de la Caisse nationale de sécurité sociale ( CNSS) préoccupe, de nos jours, bon nombre d'affiliés et inquiète sur la viabilité du régime de la sécurité sociale, dans une Tunisie qui peine à reprendre du bon pied. Ce point semble, heureusement, être un faux problème, du moins à court terme. Interrogé sur la question, M. Abdelhamid Guerfala, directeur des relations publiques à la Cnss, nie l'éventualité d'un déficit financier durant les quelques années à venir. Il affirme que l'équilibre financier de la Caisse se maintient jusqu'à 2014. Certes. Cependant, cela n'exclut aucunement l'éventualité des risques notamment à moyen et à long termes. Des risques favorisés par tant de causes aussi directes qu'indirectes et qui relèvent tant des indicateurs socio-démographiques de notre pays que des lacunes structurelles du système de la sécurité sociale. Il faut dire que la Tunisie connaît, depuis quelques années, des mutations socio-démographiques notables, influant sur le système de sécurité sociale. En effet, le vieillissement progressif de la société, l'amélioration de l'espérance de vie à la naissance qui avoisine les 75 ans, comptent parmi les facteurs démographiques dont il convient d'en tenir compte à l'avenir. Par ailleurs, la revalorisation périodique des pensions, l'inadéquation souvent alarmante entre le montant des pensions et le taux des cotisations, figurent parmi les critères techniques qui méritent réflexion et rectification. Comment donc prévenir la crise et veiller à la garantie d'un régime de sécurité sociale équilibré et en parfaite harmonie avec la conjoncture socio-économique? La prévention du risque du déficit financier s'impose et ce, non seulement pour la Cnss, mais aussi pour tout le système de la sécurité sociale. Il y a lieu de souligner que le déficit financier n'est point un problème irrémédiable. Toutefois, le prévenir nécessite un travail méthodique et impliquant toutes les parties concernées. Dans le monde, maintes caisses de sécurité sociale se sont trouvées , à défaut de réformes efficaces, entre l'enclume du déficit budgétaire et le marteau des mesures d'urgence. Ces dernières consistent généralement à des solutions aussi radicales que brusques, comme la réduction excessive des taux et des montants de prestations d'une part, et l'augmentation flagrante et inopportune des taux de cotisation; des solutions qui viennent contrecarrer les intérêts du citoyen et renverser l'équilibre de la conjoncture socio-économique au profit du seul volet économique et au détriment de celui, social. Or, la société tunisienne est loin d'être en mesure de résister à un pareil revirement, surtout dans une période plus que jamais marquée par la cherté de la vie et l'inadéquation entre le pouvoir d'achat et le coût des denrées. Pour éviter, donc, le risque du déficit budgétaire, et garantir la fluidité et la viabilité du régime de la sécurité sociale, la Cnss se doit de réviser ses paramètres techniques, notamment le taux des cotisations, les conditions d'octroi des prestations dont le rendement des périodes de cotisation, l'âge de la mise à la retraite, et ce, conformément aux recommandations des organisations internationales spécialisées en la matière, mais aussi dans le respect de la conjoncture socio-économique. Notons que le Centre des recherches et des études sur la sécurité sociale (Cress) œuvre, actuellement, sur l'élaboration d'un projet de réforme en la matière; un projet qui implique la contribution de toutes les parties concernées afin qu'il apporte des solutions consenties par tous. * Nous avons tenté à maintes reprises de nous informer auprès du Cress sur le projet de réforme; une requête dont la réponse favorable a été reléguée à une période ultérieure et indéfinie.