Entre Ness El Fen et l'ISAD, quelle belle parade proposée par «Tunis capitale de la danse», dans l'ouverture de sa dixième édition. Après la manifestation du 1er mai à l'avenue Habib-Bourguiba, c'est une autre manifestation qui attendait, à partir de 17h30, les amateurs de danse contemporaine. Le festival a misé sur les jeunes Tunisiens pour son ouverture. La formule proposée permettait au public des deux espaces, Ness El Fen et l'Institut supérieur d'arts dramatiques (ISAD), de suivre toutes les chorégraphies, et ce, en effectuant un va-et-vient entre les deux. A Ness El Fen, le début était signé Seïf Manaï. C'est l'un des enfants de l'espace qui s'est envolé de ses propres ailes et a continué sa formation en France. «Ans so» (Et alors) est le nom qu'il a choisi pour sa chorégraphie, mettant en scène cinq jeunes hommes, interprétés par Hichem Chebli, Hamza Ben Youssef, Yassine Rmadhnia, Ali Slimi et Hamdi Dridi. Ces derniers évoluent au rythme de circonstances qui tantôt les unissent, tantôt les séparent et les dirigent vers des chemins divers. La musique sur laquelle ils dansent est à la rencontre de l'Orient et de l'Occident, résumée entre autres par l'univers du groupe Checkpoint 303. A eux cinq, ils investissent l'espace de la scène tout entier. La vision de Seïf Manaï est peut-être de mettre en scène l'hésitation dont ils sont la proie, perdus comme ils sont dans les sentinelles de la vie, qu'ils explorent parfois méfiants, d'autres fois impulsifs. Mais voilà, leur parcours sera bouleversé quand des sons d'un type nouveau investiront leurs vies. Des cris, des affrontements et des «Dégage». C'est la révolution! Un événement qui peut désorienter les boussoles et chavirer les navires. La chorégraphie de Seïf Manaï est riche et pluridimensionnelle, elle promet beaucoup, tant pour lui que pour ses danseurs. Le temps d'un aller-retour, la scène de Ness El Fen était prête à accueillir Haïfa Bouzouita pour vingt minutes de danse orientale. Oui ! Cette jeune femme a passé dix ans à l'école des arts folkloriques. Elle en est ressortie déterminée et a dû se battre pour poursuivre son rêve. Cette touche de danse orientale dans un festival d'art contemporain est bien le signe de la diversité sur laquelle mise « Tunis capitale de la danse ». L'effet Bouzouita fut immediat. Ses déhanchements ont conquis un public formé en grande partie des invités de la compagnie Bonlieu scène nationale Annecy, partenaire de la manifestation. Le numéro de Haïfa Bouzouita est un work in progress, qui veut explorer le monde de la danse orientale. La musique choisie, les mouvements de la jeune femme et même les expressions de son visage indiquent qu'elle porte le costume de danse jusqu'à son âme. Elle est aussi porteuse d'un projet, celui de donner à cet art une autre dimension, loin des clichés et de la réputation qu'on ne cesse de lui attribuer. Elle est sur les pas de la grâce de Samia Jamal, du professionnalisme de Tahia Carioca et du charme de Naïma Akef. Que du beau !