Marsa Alam. Un bras de terre égyptien qui pénètre dans les eaux écumeuses de la mer Rouge. Peut-on imaginer, par ces temps de troubles politiques et sociaux en Egypte, qu'à quelques centaines de kilomètres de la Place Ettahrir, où sitinneurs, manifestants et forces de l'ordre se côtoient jour et nuit, qu'il y a encore des endroits de calme et de rêve ? C'est que loin du brouhaha et de la surenchère politique, Marsa Alam est l'un de ces sites paradisiaques où affluent encore les touristes malgré toute l'actualité navrante que connaît le pays. Un nom accroché à des palmiers, des kyrielles de plages de sable pur, son nom évoque le retour aux sources et le romantisme C'est dans ce cadre magique où l'âme retrouve ses instincts qu'anesthésie la vie civilisée, le besoin de retour aux jouissances naturelles et qui donne un aperçu d'une offre touristique égyptienne qui se modernise pour échapper à une image d'offre minimaliste, sans valeur ajoutée, pauvre et lassante, que l'Organisation mondiale du tourisme en collaboration avec le ministère égyptien du tourisme et avec CNN comme partenaire média d'envergure mondiale que la conférence sur le thème : «Travailler en partenariat avec les médias dans les périodes difficiles» a été tenue récemment. Il s'agit de la deuxième d'une série de conférences de l'OMT sur les relations entre tourisme et médias. Après l'édition de 2011, qui s'était attachée aux moyens d'améliorer le rendement des médias en rapport avec le tourisme, en l'occurrence de l'exactitude de la couverture médiatique du tourisme, celle de 2012 a réuni des représentants des médias internationaux et des responsables de la communication appartenant à des administrations du tourisme afin d'examiner la place du tourisme dans une actualité dominée par les bouleversements économiques et sociaux. Donnant le coup d'envoi des travaux de cette conférence, Mounir Fakhry Abdel-Nour, ministre égyptien du Tourisme, a souligné que «ce qui motive les touristes, c'est la perception qu'ils ont de la destination. Sur ce plan-là, les médias jouent un rôle de première importance. Il ne s'agit pas de déformer la réalité, mais de rapporter à la fois les aspects négatifs et positifs de la destination. Cela ne peut qu'aider l'Egypte à relancer son activité touristique. Le tourisme en Egypte est une activité économique majeure qui représente 30% des exportations du pays, et génère de l'emploi pour 16 millions de personnes», a rappelé le ministre. Un milliard de touristes Soulignant l'importance des médias et de la communication dans le développement touristique, le secrétaire général de l'Organisation mondiale du tourisme, M.Taleb Rifaï, a, pour sa part, exhorté les participants à explorer les opportunités offertes lors de ce workshop pour une meilleure synergie entre les deux activités. «Avec plus d'un milliard de touristes à l'horizon 2012, le tourisme est devenu un secteur d'activité, qui, malgré son importance socio-économique, n'a pas encore la place qui lui sied dans les médias. Il faut que les médias, tout comme le secteur privé et les composantes de la société civile, s'activent en faveur de cette locomotive de développement et d'amélioration de qualité de vie dans le globe», a-t-il renchéri. S'adressant aux participants par le biais d'une vidéo retransmise en direct, Tony Blair, représentant du quartet au Moyen-Orient, a également focalisé sur la responsabilité des médias dans la diffusion et l'amplification des images altérées des destinations. De telles perceptions négatives qui présentent la Palestine comme «une place dangereuse alors qu'en fait les évènements qui s'y déroulent ne sont pas aussi graves que dans d'autres destinations», a-t-il ajouté. Pour lui, le «tourisme est une activité à forte valeur économique et un moteur du développement économique» qu'il faut soutenir, notamment par le biais des médias. Des médias responsables Place aux panels où des ateliers à vocation pratique, dont une séance sur les médias sociaux avec la vice-présidente pour la stratégie numérique du cabinet de relations publiques Ogilvy & Mather, Layla Revis, ont été une occasion pour les professionnels du tourisme d'affûter leurs compétences dans le domaine des communications. D'autres ateliers ont permis de mieux comprendre comment fonctionne une salle de rédaction et comment les fonctionnaires du tourisme peuvent «placer» leurs sujets dans la hiérarchie éditoriale, tandis qu'un autre a été consacré à la gestion des risques et des crises et a fourni aux participants des outils pratiques pour communiquer efficacement en période de crise. C'est ainsi que Ben Wedman, Grand reporter correspondant spécial de CNN, avoue que même une grande chaîne de télévision ne «met pas à jour ses images et ne diffuse que celles violentes et choquantes» ; il admet que «le travail de journaliste devient dès lors assez étrange». Il recommande, de ce fait, aux institutionnels de garder un contact permanent avec les rédactions et les newsrooms, ainsi que de faciliter l'accès aux sites et monuments culturels pour les TV, afin qu'ils puissent véhiculer, gracieusement, des images autres de la destination. Prenant la parole, M.Tijani Haddad, président de la Fijet et expert auprès de l'OMT, a recommandé aux journalistes un comportement plus responsable en matière de couverture médiatique qui tient compte des enjeux socioéconomiques du pays et de l'impact négatif sur l'activité touristique et des répercussions qui en découleraient sur la population autochtone. De l'avis de tous, le développement d'une image de marque forte et distinctive, qui semble devenu le principal défi marketing pour toutes les destinations touristiques dans un univers de plus en plus concurrentiel, est largement tributaire des retombées de presse qui font que l'image d'une destination n'est jamais statique car elle subit instantanément l'incidence des actions politiques, commerciales, humaines, environnementales. Pour les participants qui étaient d'accord sur le fait que les gens entendent parler d'une destination de multiples façons : catastrophes, guerres, conflits politiques, mais aussi conférences, festivals, publicité, c'est l'ensemble d'une chaîne qui forge l'image et l'expérience d'un pays. Dès lors, les efforts marketing d'une destination touristique ne constituent que la part visible de l'image de marque qui sert fortement à influencer le processus marketing et communication d'un pays ou d'une région. Cependant, même s'il est extrêmement compliqué et difficile d'évaluer de façon exhaustive l'image d'un pays, les médias, malgré le fait qu'ils contribuent parfois à en biaiser l'image, s'avèrent tout de même utiles pour identifier autant que possible les faiblesses et les mollesses vis-à-vis des destinations concurrentes, afin de rectifier le tir et de tirer le maximum de bénéfices des efforts promotionnels.