Sur les 24 bureaux du CPR, vingt sont dissidents : ils soutiennent le courant dirigé par Abderraouf Ayadi, secrétaire général contesté et «remplacé» par le groupe des «ministrables». Ce courant compte douze membres du groupe parlementaire du CPR à l'Assemblée nationale constituante. Un nouveau parti sera créé incessamment. Le courant dirigé au sein du CPR par Abderraouf Ayadi a annoncé hier, lors d'une conférence de presse, sa scission du parti ainsi que de son groupe paarlementaire au sein de l'Assemblée nationale constituante. Annonçant la formation, prochainement, d'un nouveau parti, ce groupe de dirigeants comporte notamment onze membres de l'ANC, à savoir : Azed Badi, Dhamir Manaï, Abdelaziz Kotti, Mohamed Ali Nasraoui, Nizar Makhloufi, Hasna Marsit, Naceur Brahmi, Rabî Abdi, Mohamed Jarray Jerbi, Rafik Tlili et Arbi Abid. « Nous ne sommes plus concernés par le Congrès Pour la République. C'est la rupture. Nous disposons d'un grand soutien de la base, puisque 20 bureaux, sur un total de 24, nous soutiennent. Nous comptons créer un nouveau parti avec les principes que nous avons promus au sein du CPR, dont ceux de la révolution, de la liberté d'expression, la démocratie, etc. Nous avons décidé la scission de cette structure qui a dévié de ses valeurs de démocratie pour finir dans la consécration du népotisme et du favoritisme. Désormais, nous sommes une entité indépendante et nous sommes ouverts sur les autres forces politiques, alors que le paysage national n'a pas pris une forme finale. Je pense qu'actuellement, il y a un certain dysfonctionnement du jeu politique. La vision de la justice transitionnelle n'est pas encore claire et, dans ce sens, nous réclamons la poursuite de tous ceux qui ont été impliqués dans des dépassements, atteintes aux libertés, corruption, etc. », affirme M. Abderraouf Ayadi. Pour sa part, Slim Boukhdhir, chargé de l'information au sein du CPR, a indiqué qu'après expiration de l'ultimatum adressé à huit membres de l'équipe gouvernementale du CPR afin qu'ils quittent le bureau politique du CPR et l'Assemblée nationale constituante, le temps est venu d'entamer la procédure en vue de former un nouveau parti. Selon lui, l'équipe gouvernementale du CPR n'a pas respecté ses engagements envers le parti et a préféré garder ses postes ministériels, contre toutes les valeurs du parti. « L'une de nos revendications majeures, a-t-il souligné, est la poursuite de tous ceux qui ont profité de l'ancien régime, ainsi que l'enquête à propos de tout ce qui s'est passé depuis la révolution jusqu'à maintenant en matière de crimes contre le peuple (snipers, voleurs, agresseurs de manifestants), de corruption économique et politique, etc. » Eventuelle alliance entre indépendants centristes Le membre de l'ANC et dissident du groupe du CPR, Azed Badi, a affirmé, pour sa part, que le CPR a dévié de sa trajectoire et de ses principes. « Nous avons commencé à avoir le sentiment que l'Assemblée nationale constituante elle-même est détournée de sa vocation initiale :la réalisation des objectifs de la révolution et la réponse aux problèmes du peuple », a-t-il ajouté. Le courant dont il fait partie, indique-t-il, est en négociation avec plusieurs parties indépendantes, dont celle des dissidents du Parti démocrate progressiste (PDP) et d'Ettakatol, dans une perspective d'alliance. « La démission des constituants dissidents du groupe parlementaire du CPR sera présentée aujourd'hui ou demain au plus tard », a-t-il dit. Par ailleurs, des négociations sont en cours entre membres de l'Assemblée nationale constituante, dissidents du Parti démocrate progressiste (PDP), du Congrès pour la République (CPR) et du Forum démocratique pour le travail et les libertés (Fdtl), ainsi que des membres appartenant à d'autres partis ou coalitions parlementaires, en vue de la création d'un nouveau parti « unificateur ». Un nouveau parti centriste pourrait ainsi voir le jour prochainement.