Des représentants de l'institut d'ethnoscénologie de Tunis, des conteurs, des chercheurs et des enseignants universitaires de France, d'Italie, de Palestine et de Tunisie ont pris part aux travaux du colloque intitulé: «Contes populaires et intercommunication culturelle» organisé dans le cadre des journées du «Fdaoui» qui se sont déroulées au siège de la bilbiothèque régionale de Sousse les 11 et 12 mai. Parmi les communications et les débats les plus suggestifs, nous retenons l'intervention de Graziella Brando, ex-avocate, auteur, narratrice et spécialiste en communication, qui a mentionné au cours de sa communication titrée : «Conte populaire, outil pédagogique continuel d'intercommunication culturelle», que le conte populaire repose sur trois critères importants, à savoir : l'oralité, la fixité de sa forme (toujours relative) et l'adaptabilité à la communication. Elle a souligné que les conteurs laissent une empreinte dans le conte qu'ils interprètent selon leur sensibilité, leur art et leur talent. L'adaptabilité à la communication s'explique par le fait que le conte est par nature universel. De tout temps, les spécialistes conteurs, tels que Paul De La Rue, ont affirmé que les enfants, et même les adultes, aiment les contes de fées et même facétieux (contes de farces et de blagues). Parmi les contes les plus réputés dans le monde, elle a cité «Les Mille et Une Nuits» ainsi que les contes du Danois Andersen, qui a vécu au XIXe siècle. «Le conte est, en vérité, un récit de fiction qui débute par une phrase qui semble insipide, mais qui interpelle l'attention et l'imagination : il était une fois…; il y a bien longtemps; dans les temps les plus anciens…», a-t-elle dit. Le conte est un outil pédagogique, du fait qu'il renferme en lui, et de tout temps, des éléments permettant d'enseigner et de communiquer les uns avec les autres avec, bien sûr, l'existence d'une interactivité palpable entre l'auditeur et le conteur. Elle a mentionné, à cet égard, la réflexion philosophique d'Antoine de Saint-Exupéry qui affirme qu'on ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible par les yeux. «Le conte populaire est un joyau plus performant que toutes les techniques modernes de communication», devait-elle conclure. Intercommunications intergénérationnelles et interculturelles Antoine Bottalilo, auteur-conteur, président de l'association culturelle de conteurs AG2 B à Toulon (France), a affirmé au cours de son intervention que le recueil «les Mille et Une Nuits» est un trésor de la culture mondiale. Les contes qu'il contient sont originaires d'Inde, de Perse, d'Egypte, des pays de l'Orient. Ils sont tirés de récits populaires, de légendes ou de fables, tous inspirés de la tradition orale. Ils datent en fait du IIIe siècle après J.C. Le premier manuscrit comportant un recueil de ces contes a été écrit en arabe ancien en 947 sur le Kiteb al-fihrist de Mohamed Ibn Ishak dit Ibn Al-Nadim. Au fil du temps, les contes des Mille et Une Nuits ont été copiés et recopiés, plus particulièrement vers le XIIIe siècle. Ils furent ensuite traduits en français en 1704 par Antoine Galland et diffusés de par le monde et même conservés intacts jusqu'à nos jours. Il a évoqué, par la suite, l'usage des moyens modernes universels de conservation des contes au service de la communication interculturelle (impression, enregistrements sur DVD, CD…). A ce sujet, il a cité l'enregistrement sur DVD et CD des fameux contes français : Bonboloni et Bonbolina reviennent sur terre et Le Noël de Pralinella et Caramelo. «C'est le conteur qui, en jouant habilement et artistiquement sur le clavier des émotions de l'auditoire, va redonner vie et retentissement au conte. L'auditoire sera inéluctablement un vecteur culturel», a-t-il conclu.