L'idée de scolariser officiellement les élèves avant l'âge de 6 ans semble avoir fait du chemin. La récente annonce de cette nouvelle par le ministre lui-même n'a pas surpris outre mesure, d'autant que c'est l'une des recommandations des réunions qui se sont tenues fin mars durant la conférence sur les stratégies de réforme de l'enseignement. La concrétisation d'une telle mesure exigerait la réalisation de plusieurs programmes de mise à niveau et de réadaptation de l'infrastructure sans parler des moyens matériels à mettre en œuvre. Différents sons de cloche Si l'approbation d'une telle mesure n'est pas à vérifier, les avis restent quelque peu partagés sur les détails. Déjà, l'école tunisienne a entamé l'enseignement préscolaire pour les élèves de moins de 6 ans. On compte, aujourd'hui, environ 2.300 établissements primaires qui dispensent un tel enseignement, à raison d'une classe par établissement. Il reste encore quasiment le même nombre qui n'est pas doté de telles unités. Si on parvient à généraliser cet enseignement on compterait près de 100.000 élèves. Pour la rentrée 2011/2012, ce nombre n'a pas dépassé les 50.000. En comparaison avec ce qui existait en 2000-2001, le taux des écoles concernées par l'enseignement préscolaire était de 8,1 %. Aujourd'hui, il est de 47,7%. C'est insuffisant. Le rythme visant à généraliser cet enseignement est un peu lent. Mais delà à passer carrément à un enseignement à proprement parler à l'âge de 5 ans, cela peut paraître comme prématuré pour certains ou comme bénéfique pour d'autres. Les tenants de la première thèse soutiennent que l'enfant doit encore profiter de son enfance et s'adonner beaucoup plus à des activités ludiques et de loisirs que d'apprentissage. Globalement, ils partent de l'idée que le sujet concerné n'est pas encore préparé à affronter une étape qui l'engagerait à faire des efforts intellectuels qui ne sont pas compatibles avec son âge. Les défenseurs, quant à eux, insistent sur les apports positifs que ne manquerait pas d'apporter cet apprentissage précoce au niveau des capacités intellectuelles de l'enfant dans la mesure où c'est le meilleur moment pour les différentes acquisitions. Les parents n'auraient pas un son de cloche différent. On parie, même, qu'ils applaudiraient des deux mains puisque cela les soulagerait d'autant plus que bon nombre parmi eux ont déjà inscrit leurs enfants dans des écoles publiques ou privées. Ils n'attendaient qu'une mesure qui leur viendrait en aide et contribuerait à alléger leurs charges. Les autorités ont fait savoir qu'il n'y aura pas recours automatique et immédiat à ce système d'enseignement. Une consultation nationale engageant le plus grand nombre d'intervenants et des représentants des parties de la société civile serait organisée. De plus, l'infrastructure des institutions devrait être, elle aussi, revue de fond en comble. Le cadre enseignant réservé à cette catégorie d'élèves doit être trié sur le volet. Il n'est pas question d'affecter des enseignants en surplus à ces tâches. C'est d'ailleurs le cas dans un certain nombre d'écoles. Ce n'est pas productif ni profitable. Aussi bien pour l'enfant que pour l'instituteur. Pourquoi pas ne pas dispenser une formation spécialisée et pointue à ceux qui vont prendre ces classes préscolaires? On n'est pas obligé d'attendre la généralisation de ces classes ou l'instauration de l'enseignement avant l'âge de 6 ans.