Au moment où tous les regards sont dirigés vers le festival de Cannes, un nouveau long métrage est dans les salles depuis vendredi à Tunis. D'une durée d'une heure et sept minutes, Fausse note doit son existence à un jeune de 28 ans, Majdi Smiri, et à son équipe. Sans subvention ni aide, le scénario a été écrit et réalisé avec beaucoup de défis en tête. Le réalisateur en a parlé lors de la projection de presse qui a précédé l'avant-première, vendredi dernier. Il vient d'une génération bercée par des références comme Mac Gyver et James Bond et a souvent entendu dire que l'on était incapable de faire pareil chez nous. Fausse note est donc un film qui puise dans le cinéma d'espionnage, d'action et de suspense, un univers qui fascine Majdi Smiri. Ce dernier partage une autre caractéristique avec beaucoup de jeunes de sa génération, celle de s'essayer à tout. Il fait ses premières armes dans la danse pour passer à la composition de musique numérique, puis à l'écriture de poésie, de slam et de rap, avant de débarquer dans le milieu du cinéma après des études à l'Edac, sachant qu'il vient aussi du monde de la publicité. Majdi Smiri n'a pas mis tout ça dans Fausse note, mais presque. Le film raconte, selon son synopsis, «l'histoire d'un jeune architecte Mahdi, 28 ans, qui a été impliqué dans un jeu de trafic par une bande de manipulateurs professionnels et impitoyables. C'est ainsi que sa vie prend une tournure tout à fait inattendue et se trouve bouleversée par une succession d'événements». Sur l'écran, on découvre Mahdi (Fares Belhassen) dans une séquence qui précède le dénouement, avant de retourner au commencement de l'histoire. Le film est ainsi fait, avec un montage qui ne suit pas l'évolution des événements, afin de maintenir le suspense. C'est de plus une marque de fabrique de ce genre cinématographique dont les codes n'ont pas de secrets pour le réalisateur, mais il se trouve devant le délicat exercice de savoir les doser, les adapter et les mettre là où il faut. Dans ce sens, le film pèche par quelques maladresses dans l'arrangement de l'intrigue et quelques lacunes dans l'écriture des personnages. Un aspect spot publicitaire règne également sur de nombreuses séquences. Majdi Smiri assume ce dernier point, voulu, selon lui. Il admet tout de même ce trop-plein et explique que lorsqu'on réalise une première œuvre, on a envie de tout mettre et affirme qu'il aimerait, dans ses prochains films, perfectionner ses scénarios. Il semble avoir le temps et la détermination pour ça. En attendant, le public peut découvrir Fausse note, qui donne au final une fiction capable de retenir, rien que par curiosité, dans un genre nouveau qui sort du lot classique des films tunisiens. La sortie du goulot d'étranglement du cinéma tunisien est peut-être dans cette diversité, à l'initiative d'une jeunesse qui veut innover et rompre avec les anciennes manières de faire et de produire.