Liban, 1980. Première séquence : un campement militaire syrien dirigé par un général, un personnage composé. Deuxième séquence : une jeune femme en voiture avec son fils est la cible d'un tir. Elle décède à l'hôpital alors que le petit reste en vie. Il s'agit de l'épouse du général, la vraie cible. C'est de cette manière que commence Once again (Marra okhra), écrit et réalisé par le jeune cinéaste syrien Joud Saïd et produit par The national film organization et SAPI production. Ce long-métrage en lice dans la compétition officielle de cette 23e édition des JCC est sorti en 2010 et a décroché le Prix du meilleur film au Festival du film de Damas. Once again raconte une histoire d'amour sur fond de guerre(s), ponctuée par des séparations diverses et récurrentes. Après le décès de sa mère, Majd (Qays Cheikh Najib), le fils du général syrien, est élevé entre l'internat des sœurs et le campement militaire de son père au Liban. Et c'est Abou Said (Abdulatif Abdulhamid), un officier qui s'occupe dans le campement de son éducation à tous les niveaux. Après le décès de son père, Abou Louay, un militaire (ami du général), converti en homme d'affaires, l'adopte... Majd tombe ensuite amoureux de la Libanaise Joyce (Pierrette Katrib), la nouvelle directrice de la banque pour laquelle il travaille, divorcée et mère d'une petite fille. Un amour tout à fait partagé. Responsable de la direction informatique, le jeune homme réussit à pirater ses comptes et commence à l'espionner en interceptant ses communications avec sa sœur. Il découvre alors tous les détails de sa vie et s'aperçoit, entre autres, que Joyce est, comme lui, une victime de la guerre. Mais cette histoire d'amour ne tardera pas à prendre fin quand la jeune femme découvrira les " pratiques douteuses " de son amoureux. Quelque temps après, la guerre se déclenche encore une fois et Joyce n'arrive pas à joindre sa mère et sa fille au Liban. Il n'y a que Majd et Abou Said qui peuvent l'aider à passer les frontières syro-libanaises. Pour Majd, la séparation est encore une fois au rendez-vous, toujours à cause de la guerre ! Filmé à la manière hollywoodienne, Once again est construit sur un jeu de va-et-vient entre passé et présent (1980 et 2006, au Liban et en Syrie). Les deux temps évoluent simultanément, permettant au spectateur de saisir au fur et à mesure l'enchaînement des événements et de suivre le fil de l'histoire. Ce chevauchement temporel et spatial, qui crée par ailleurs une dynamique dans l'écriture filmique, est fortement symbolique. Il renforce, en effet, cet " encore une fois", ces conséquences de la guerre, une guerre qui ne finit pas et dont les victimes se succèdent à travers les générations. Mais, bien que le film soit riche en symboliques et soulève des sujets importants (les enfants victimes de la guerre surtout), il n'est pas soutenu par une intrigue forte et pleine de rebondissements et sa thématique n'est pas des plus originales. Ce qui est à même de provoquer une déception chez le spectateur à la fin du film. Dans tous les cas, Once again, premier long métrage signé Joud Said, nous amène à nous interroger sur le fait de savoir si le cinéma moyen-oriental est condamné à être toujours imprégné des couleurs de la guerre?