Tweet Share TUNIS (TAP) - ''Bien que la Constitution de la Tunisie, promulguée en 1959, stipule que les libertés d'opinion, de presse, de publication, de réunion et d'association sont garanties, les régimes tortionnaires continuent à briser les libertés, la démocratie et le droit à la différence'', c'est avec ces mots que le réalisateur Mahmoud Jemni a présenté son nouveau film ''Coloquinte'', qui sera projeté, en première le 4 mai, à l'espace culturel de la Fondation Temimi pour la Recherche scientifique et l'information. En effet, a-t-il ajouté, ''les méthodes de torture et de répression utilisées à l'encontre des militants sont variées et différentes selon le crime commis, d'où les tortionnaires font recours à tous les moyens de menace envers les prisonniers d'opinion". ''Coloquinte'' met en lumière les séquelles morales et physiques émanant des violations commises sur les torturés dans les prisons tunisiennes, depuis 1956 jusqu'au 14 janvier 2011. Pour montrer que le militantisme ne concerne pas uniquement certaines personnalités politiques et que la patrie est pour tous, le réalisateur a, dans son film, fait participer des prisonniers d'opinion inconnus sur la scène politique. ''Coloquinte'' présente des témoignages de plus de 14 militants dont l'écrivain de gauche Gilbert Naccache, l'activiste Habib Marsit et les prisonniers du bassin minier, ainsi qu'un certain nombre de militants des mouvements yousséfiste et islamique. Le terme Coloquinte désigne une plante sauvage qui foisonne sur le sol tunisien et dont les fruits donnent un pulpe très amère. Le film de Mahmoud Jemni se veut d'ailleurs une exploration "d'un passé inhumain pour faire passer la douleur, l'amertume et bannir à l'avenir de telles atrocités". Selon le réalisateur, ce film transcende le simple témoignage, s'efforce de ne pas laisser au spectateur un sentiment d'impuissance, l'appelle au contraire à réfléchir et à adopter une attitude citoyenne. Pour échapper au reportage, le tombeau est devenu le narrateur, symbolique qui évoque en même temps la mémoire de ceux qui ont péri sous la torture et la disparition de cette forme extrême de la cruauté humaine. Tweet Share Suivant