• Avec des taux d'occupation dérisoires, des séjours moyens qui avoisinent 2 jours, sans parler du bradage des prix, 17 unités hôtelières ont mis la clé sous la porte • «La juxtaposition des unités hôtelières ne permettrait en aucun cas la valorisation des potentialités de la région», explique un conférencier Les politiques de développement du tourisme au Jerid ont conduit le secteur dans l'impasse. Statistiques et diagrammes à l'appui, un enseignant-chercheur montre que le bilan des performances touristiques de la région de Tozeur est comparable à celui réalisé dans les années du lancement du secteur. Un véritable retour à la case départ. Et surtout, l'arbre ne doit pas cacher la forêt. Certes, les effets collatéraux de la révolution, notamment le climat d'insécurité, et la conjoncture internationale morose ont pesé lourd sur les opérateurs du tourisme de la région, mais les réelles causes sont aussi variées que profondes, d'ordre structurel et organisationnel. Pour identifier les réels dysfonctionnements, dresser les axes de relance et du développement des produits touristiques de la région, et tout le sud-ouest, une journée studieuse a été organisée, samedi, par l'Association de préservation de la médina de Tozeur avec le concours de la Fédération tunisienne des agences de voyages (Ftav) et la Fédération tunisienne de l'hôtellerie (FTH). Cette année, les opérateurs du Jerid ont vécu, probablement, la plus douloureuse crise de leur histoire. L'un des conférenciers de l'association a dressé un sombre bilan. Tous les indicateurs, sans exception, virent au rouge. En effet, avec des taux d'occupation dérisoires, des séjours moyens qui avoisinent 2 jours, sans parler du bradage des prix, 17 unités hôtelières ont mis la clé sous la porte. Et tout le monde est en difficulté. Ce qui a engendré d'effrayantes pertes d'emplois directs et indirects. D'ailleurs, le modèle de développement du tourisme au Jérid a montré ses limites. «La juxtaposition des unités hôtelière ne permettrait en aucun cas la valorisation des potentialités de la région», explique un autre conférencier. Pis, elles ont dégradé le cachet de la région. Sur un autre plan, l'un des agents de voyages a souligné que les opérateurs du Jerid n'ont pas atteint une taille critique pour se doter d'un pouvoir de négociation des prix et que les engagements financiers pèsent lourd sur leurs choix. De même, les tentatives de diversification de l'offre butent sur la même contrainte. A cette occasion, les voyagistes ont visité leur nouveau bureau régional aménagé dans le même bâtiment de la FTH. Le président du bureau régional a présenté une liste de demandes et d'ébauche de solutions pour un meilleur positionnement des produits de la région. Partant de la création d'un «Think Tank», à l'organisation d'ateliers dans les pays avec lesquels nous avons une liaison aérienne jusqu'au réaménagement de la résidence du gouverneur en espace vert, la série de mesures a recueilli le consensus de tous les opérateurs présents. Représentant la centrale, M. Mohamed Ali Toumi président de la Ftav, a invité les professionnels à montrer plus de solidarité pour renforcer leur pouvoir de négociation et lutter contre le bradage des prix. De même, il a insisté sur la révision des clés de répartition du budget de promotion par régions en vue de doter les professionnels des ressources suffisantes et des outils pour gérer au mieux leur produit. Pour sa part, M. Mohamed Bel Ajouza, président de la FTH, a rappelé que le qualificatif saharien est très réducteur, puisqu'il ne reflète pas, nécessairement, le capital des oasis dont on dispose. «Unique et à préserver», a-t-il conclu.