GAZA (Reuters) — Un an après la fin de la brève mais dévastatrice offensive de l'armée d'occupation israélienne contre Gaza, les agences humanitaires mondiales ont exhorté hier Israël à lever un blocus du territoire aux effets catastrophiques sur la situation sanitaire. Les agences spécialisées de l'ONU et l'Association des agences pour le développement international (Aida), qui représente plus de 80 ONG humanitaires, ont tiré ensemble la sonnette d'alarme au sujet de cette crise sanitaire. Israël pourrait sauver bien des vies et réduire les risques sanitaires en levant le siège de la bande côtière surpeuplée, a estimé le coordinateur humanitaire de l'ONU sur place. Selon Max Gaylard, le blocus entraîne une détérioration croissante de la situation, notamment en entravant la livraison de l'aide médicale et en empêchant des patients gravement malades d'avoir accès rapidement aux soins nécessaires. "Nous avons des cas extrêmes de patients qui meurent parce qu'ils n'ont pu sortir afin de recevoir des soins médicaux plus spécialisés en Israël", a-t-il dit après avoir présenté le bilan sanitaire des agences à la presse. "Non seulement nous faisons le maximum pour que les Gazaouis aient accès à tous les soins médicaux possibles, mais nous le faisons dans un contexte où leur propre gouvernement impose un état de guerre", a rétorqué le ministère israélien des Affaires étrangères. L'avenir des enfants préoccupe les agences "C'est très vrai que des centaines de patients parviennent en Israël. C'est bien, nous nous en félicitons et les Israéliens doivent être loués pour cela. Nous nous inquiétons en revanche pour ceux qui ne peuvent pas sortir et ils sont trop nombreux", a souligné pour sa part Gaylard. Une étudiante gazaouie de 18 ans, Fida Hedji, qui aurait pu recevoir en Israël des soins salvateurs, a ainsi succombé à un cancer en novembre alors qu'elle attendait une autorisation d'accès qu'elle s'était vu promettre trois fois et que sa famille avait obtenu un lit d'hôpital, a raconté sa mère Chadia. Selon le rapport de l'ONU, plus de 1.100 Gazaouis ont demandé en décembre à être soignés en Israël. Les quatre cinquième, eux, l'ont obtenu. Les autres se sont vu soit refuser l'entrée soit prier de patienter. Sur l'ensemble de l'année dernière, 27 patients de Gaza sont morts en attendant la permission d'aller se faire soigner en Israël, relèvent les agences humanitaires, qui s'alarment en outre pour la jeunesse gazaouie. Notant que la moitié du 1,5 million de Palestiniens de Gaza sont des enfants, "la communauté humanitaire" se dit par ailleurs "gravement préoccupée par l'avenir de cette génération, dont les besoins de santé ne sont pas satisfaits". Les agences rappellent que 15 des 27 hôpitaux du territoire et 43 de ses 110 dispensaires ont été endommagés par l'armée d'occupation israélienne lors de son offensive de décembre 2008-janvier 2009, qui a fait quelque 1.400 morts parmi la population palestinienne. Les dégâts infligés à ces infrastructures ne peuvent être réparés tant que persiste le blocus israélien, soulignent-elles.