LONDRES (Reuters) — Le blocus de la bande de Gaza aura des conséquences à long terme sur la santé des habitants de la petite enclave côtière palestinienne, notamment pour les plus jeunes dont la malnutrition contrarie la croissance, selon des études publiées hier par le magazine médical The Lancet. Ces enquêtes soulignent les effets dévastateurs et durables de l'offensive "Plomb durci" menée en décembre 2008 et janvier 2009 par l'armée israélienne dans la bande de Gaza, avec les souffrances physiques, les déplacements de population et les dysfonctionnements sociaux qu'elle a entraînés. Une grande partie de la population gazaouie souffre de stress depuis cette expérience. "Je n'aurais jamais pu croire que j'allais survivre à tout ça", déclare dans l'une des études une femme qui a donné naissance à son enfant en plein siège. L'offensive israélienne a fait 1.400 morts et des milliers de blessés dans la population palestinienne et les experts jugent que les dégâts infligés aux infrastructures, notamment les maisons particulières, sont "sans précédent". Israël a assoupli récemment son blocus de la bande de Gaza, imposé après la victoire du Hamas aux élections législatives de janvier 2006 et renforcé lorsque les islamistes ont totalement pris le contrôle du territoire en chassant les nationalistes du Fatah un an et demi plus tard. "Le siège continue d'être le principal obstacle à l'amélioration des conditions d'existence de la population", déclare dans The Lancet Nivine Abou Rmeïleh, de l'université palestinienne de Bir Zeït, en Cisjordanie. Malgré le blocus, Israël autorise l'entrée de l'aide médicale et humanitaire à Gaza et, selon l'armée israélienne, 7.000 Gazaouis se rendent chaque mois dans l'Etat juif pour des raisons médicales. Dans une étude sur les conséquences sanitaires de l'attaque israélienne, menée avant le récent assouplissement du blocus, l'équipe dirigée par Abou Rmeïleh a étudié la vie quotidienne de 3.000 foyers gazaouis. Près d'un tiers des personnes interrogées a été déplacée en raison de l'offensive israélienne. Trente-neuf pour cent d'entre elles ont vu leur maison détruite ou endommagée. A la fin de cette étude, en août 2009, les trois quarts des maisons touchées n'avaient toujours pas été réparées. Plus de 70% des foyers étudiés devaient encore à l'époque compter sur l'aide alimentaire internationale pour survivre. Une deuxième étude consacrée aux naissances dans la bande de Gaza, à partir du témoignage de cinq sages-femmes et de onze femmes alors enceintes, souligne les difficiles conditions de survie de la population civile pendant les bombardements. "Une chose me terrifiait: et si les douleurs me prenaient en pleine nuit ? Comment faire ? Même les ambulances étaient prises pour cibles. Chaque nuit c'était le cauchemar. Et chaque matin, quand le jour se levait, un soupir de soulagement." Kholoud Nasser, du ministère palestinien de l'Education, s'est particulièrement penchée sur les conséquences des combats et du siège sur la santé et l'éducation des enfants. A partir d'un échantillon de 2.000 enfants et adolescents, elle a établi qu'un dixième environ souffrait d'anémie. Un enfant sur 17 souffre de retard dans le développement physique, 2% sont en sous-poids et 15% sont soit en surpoids, soit obèses.