Tous les joueurs parlent de bonne ambiance. C'est nouveau et c'est rassurant. A présent, il faudra passer au jeu, aux joueurs, aux résultats et à la… reconquête du public Pour on ne sait quelles raisons obscures pour le commun des Tunisiens et même les journalistes, Sami Trabelsi n'a pas été bien accueilli par ses collègues en tant que sélectionneur national. Et, aujourd'hui, encore, quand ceux-ci se réunissent, c'est souvent pour casser les noix sur le dos d'un homme, d'un joueur et, aujourd'hui, d'un sélectionneur dont le parcours est d'une impressionnante netteté. Celui qui a pris la sélection nationale dans une période trouble et difficile avec un héritage carrément catastrophique, qui a travaillé dans des conditions prohibitives dans le silence et la dignité et qui a eu le grand mérite de relancer et de réhabiliter le onze national et de le réconcilier avec lui-même et avec son public, continue donc à être dénigré par des âmes chagrines qui supportent mal qu'un des leurs réussisse. La réponse de Sami Trabelsi a toujours été digne et efficace et, si nous reconnaissons à ses employeurs un mérite, c'est bien celui de l'avoir défendu et de lui avoir maintenu leur confiance. Ce n'était pas toujours évident car quelque entraîneur travaillait dans les coulisses et tapait effrontément à la porte de la sélection sans vergogne aucune. Il faut dire que si Sami Trabelsi a été maintenu et confirmé, ce n'est pas uniquement pour son CV d'ex-international ou pour ses beaux yeux, mais bien parce que l'homme a doublement réussi. D'abord sur le plan des résultats. Mais aussi et surtout pour avoir su et pu métamorphoser l'image bien dégradée ces dernières années de notre équipe nationale qui a fini par être rejetée par tous. Clans, indiscipline, absence d'identification, favoritisme, laisser-aller et… mauvais résultats ont fini par consacrer la rupture entre la sélection nationale et un pays tout entier. Unanimité Le football joué, nous allons évidemment y revenir dans la seconde partie de cet article mais, quand on a suivi de près la vie de cette équipe nationale depuis des années, le jeu passe à la limite au second plan. A Monastir, avant et après la rencontre mais aussi depuis quelque temps déjà, les joueurs aiment à insister sur l'excellente ambiance qui prévaut désormais au sein du groupe. A l'image du sélectionneur, ce groupe est redevenu sain. Trois raisons essentielles sont derrière cet «assainissement». • Le dialogue tout d'abord Sami Trabelsi parle beaucoup à ses joueurs, explique sans pour autant s'expliquer ou se justifier. Cela est de nature à anticiper les problèmes et les conflits et à apaiser les tensions. Ainsi convaincus des choix de leur entraîneur et de leur justesse, les joueurs se mettent automatiquement au service du groupe. • Adieu les barons! Des barons, il y en a toujours eu au sein des sélections. Presque naturels. Quand on a Tarak, Temime, Agrebi ou Attouga, c'est à la limite naturel. On a une place de choix parce qu'on est bon, parce qu'on est le meilleur et parce qu'on est capable de tirer tout un groupe avec soi. Malheureusement, ce n'est plus le cas depuis quelques années déjà et le talent et le rendement ne sont plus à la base de ce statut. Lentement, calmement mais sûrement, Sami Trabelsi est parvenu à mettre fin à certaines pratiques occultes et des joueurs qui faisaient la loi ont — presque — fini par se retirer d'eux-mêmes. C'est notamment le cas de Adel Chedly et de Karim Haggui. C'est en même temps un signal fort à tous les candidats à un retour à la case départ. • La fin de la lutte des clans La lutte des clans a longtemps fait rage en sélection. Principalement entre joueurs de l'Espérance et de l'Etoile. Et même quand ceux-ci partent jouer à l'étranger, ils retrouvent leurs anciennes querelles et leurs vieux démons une fois réunis en sélection. Ce phénomène est en passe de s'estomper grâce à un double travail : psychologique avec un dialogue permanent avec les joueurs, mais aussi à travers de nouveaux choix techniques où on retrouve des joueurs d'autres clubs: CA, CSS, CAB mais aussi de nouveaux visages de l'étranger: Saïhi, Saber, Ben Hatira, Harbaoui, etc. Voilà donc pour le côté ambiance et psychologique. Plein de petits nouveaux Sur un plan purement technique, jusque-là, Sami Trabelsi a travaillé dans l'urgence. Chan, éliminatoires CAN puis phase finale de la CAN. Depuis quelque temps et malgré des conditions toujours difficiles liées à notre compétition, il a plus de recul et dispose de davantage de choix. Tant en Tunisie qu'en Europe. Cela tombe bien puisque l'équipe de Tunisie s'apprête à attaquer les éliminatoires de la Coupe du monde et Sami Trabelsi à bâtir un véritable groupe, un onze de qualité et un jeu. Bref, il pourra afficher et appliquer ses idées entrevues lors du Chan et de la CAN. Sur ce plan bien précis, l'opération reconquête du public tunisien commence par une équipe capable de convaincre et de séduire à la fois. En brassant large, Sami Trabelsi s'est sans doute donné les moyens de ses ambitions. Reste à mettre le puzzle en place. Avec une bonne ambiance et des idées claires, ce groupe peut et doit réussir de grandes choses et… faire taire les éternels empêcheurs de tourner en rond.