• Le réseau démantelé écoulait les taxis volés en Algérie via Kasserine. Un joli coup de filet ! Nous avions annoncé, en exclusivité il y a cinq mois, la montée du phénomène des braqueurs de taxis, en en dénombrant les premières victimes, tout en mettant le holà, dans l'espoir de voir le mal étouffé dans l'œuf. Cinq mois après, on peut dire que notre appel n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd, l'énigme ayant pu être enfin élucidée pour donner lieu à des révélations sensationnelles qui sont, faut-il le reconnaître, tout à l'honneur de nos forces de sécurité intérieure dont il faut saluer à l'occasion la bravoure et le sens du professionnalisme. Lumières. Stratagème diabolique Selon les premiers éléments d'une enquête rondement menée durant cinq mois d'investigations et de recoupements non-stop, tout a commencé par l'arrestation d'un repris de justice recherché pour plusieurs délits. Sous les coups de boutoir des enquêteurs, il avoua sa culpabilité dans une affaire de braquage dont a été victime un taxiste, du côté de la cité Ettadhamen. Vidant encore son sac, le présumé accusé révéla que le taxi volé fut transféré à Kasserine où un mécanicien passeur se chargera de sa conduite jusqu'à l'Algérie, par voie clandestine. L'étape suivante qui a pour théâtre ce pays voisin consiste en le démontage du véhicule et son déverrouillage pour être ensuite vendu en pièces détachées soit sur place, soit de retour à Kasserine. Le butin est évidemment partagé entre les différents membres du réseau. Fifty-fifty 26 coups réussis Au fil des interrogatoires, nos vaillants enquêteurs sont parvenus à arrêter deux complices pour se retrouver subitement face à des révélations autrement plus fracassantes. En effet, il s'est avéré que le réseau a commis pas moins de 26 forfaits similaires dans plusieurs régions du pays, avec toutefois une moisson plus abondante dans le Grand-Tunis, il est vrai plus peuplé en taxis. Cependant, non contents de ce joli coup de filet, les enquêteurs ne semblent pas vouloir lâcher prise, persuadés qu'ils sont que le suivi de cette affaire pourrait conduire à d'autres révélations et, par conséquent, à d'autres arrestations et, enfin, à la récupération de tout le butin. Soulagement Bien évidement, cette bonne nouvelle, vite propagée, a été accueillie avec beaucoup de joie par nos taxistes, longtemps contraints de travailler dans la peur, face au développement alarmant du phénomène des braqueurs et à «l'invulnérabilité» de ses «héros» ! «Nous sommes enfin soulagés», jubile un taxiste qui promet de reprendre ses courses nocturnes qu'il assure avoir boycottées ces derniers mois. «Bravo à nos policiers», s'écrie un autre, avant d'ajouter sur un ton moins euphorique: «Une présence policière plus imposante, notamment de nuit, est vivement recommandée, afin de sécuriser davantage taxistes et passagers».