• Ghazi Gheraïri, Fawzi Maâouia, Emna Menif et Mokhtar Trifi ont lancé une pétition que 120 intellectuels de tous les domaines ont signée • Il s'agit essentiellement d'un appel contre tous les extrémismes et pour un nouveau départ sur des bases solides Voici l'intégralité du texte de cette pétition: La Tunisie traverse une phase critique et la transition démocratique connaît depuis plusieurs mois une crise qui impose un sursaut de conscience et la mobilisation conjointe de la classe politique et des composantes de la société civile. Les événements se sont succédé soulignant l'ampleur de la crise autant sur le flou qui entoure la feuille de route de la transition démocratique, que sur l'aggravation des actes de violence et d'intimidation de minorités extrémistes portant atteinte aux libertés individuelles et collectives, avec la volonté affichée d'imposer un modèle de société étranger à la Tunisie, dans un silence complice des autorités de l'Etat. Cette situation est aggravée par l'incapacité à faire face aux périls économiques qui pèsent sur le pays et à répondre aux revendications sociales. La responsabilité de la réussite d'une transition démocratique consensuelle et pacifique tant attendue, qui appelle la participation de tous les partenaires politiques et sociaux à sauvegarder la Tunisie des dangers qui pèsent sur elle et faire face à toutes les manifestations extrémistes qui menacent les libertés individuelles et collectives, nous a amenés à nous tourner vers toutes les composantes politiques démocratiques, au pouvoir et dans l'opposition, et à appeler à ce qui suit : - S'unir autour de la rédaction, dans les plus brefs délais, d'une Constitution consacrant le caractère civil de l'Etat, inscrite dans la profondeur, la richesse et la diversité de notre identité nationale, en accord avec les principes universels des droits de l'Homme et garantissant la séparation et l'équilibre des pouvoirs et l'alternance pacifique aux responsabilités. - Opter pour une attitude consensuelle en réponse aux préoccupations urgentes des Tunisiennes et des Tunisiens et dans le traitement des questions d'intérêt national, à commencer par les priorités du chômage et des urgences économiques, en passant par la réforme des institutions gangrénées par la corruption sous l'ancien régime et par l'établissement des contours d'une politique étrangère soutenant les causes justes et les combats démocratiques et pérennisant les choix de modération et d'équilibre de la Tunisie en coopération avec les pays frères et amis. - Garantir le choix démocratique de la Tunisie par l'instauration d'une Instance supérieure indépendante des élections neutre et impartiale et la promulgation d'une loi électorale permettant la représentativité la plus large possible de toutes les sensibilités politiques aussi bien au niveau local que régional et national. Cela ne va pas sans insister sur le respect nécessaire et inconditionnel de l'indépendance de la justice et de la neutralité de l'administration et sur l'arrêt de toute tentative de mainmise sur la presse afin de permettre aux professionnels du secteur d'opérer les réformes qui s'imposent à eux et de remettre de l'ordre dans leur institution. Le défi à relever à l'heure actuelle par toutes les Tunisiennes et tous les Tunisiens est de privilégier le consensus, la participation active à la vie publique et l'intérêt national. Quant à la classe politique, elle se doit d'avoir conscience de la gravité de ce moment de l'histoire de notre pays et de l'ampleur de sa responsabilité pour mener à son terme et avec succès cette phase de transition démocratique et sauvegarder le pays des dangers qu'il encourt.