Le Pôle Démocratique Moderniste (PDM) constitué, entre autres, avec le Mouvement Ettajdid, le plus ancien parti politique tunisien, n'a récolté que 5 sièges dans les élections de la Constituante qui se sont déroulées le 23 octobre dernier, des sièges obtenus dans le Grand Tunis. Sur ces cinq sièges deux seulement, reviennent à Ettajdid. Il s'agit des candidatures d'Ahmed Brahim et de Samir Bettaïeb. Où est passée, la présence traditionnelle d'Ettajdid, dans le bassin minier à Gafsa et à Metlaoui ? Comment expliquer ce revers ? Quelles leçons tirées de cette expérience ? Pour beaucoup d'observateurs, les partis modernistes n'étaient pas bien placés pour gagner ces élections, parce qu'ils s'y sont engagés en rangs dispersés. Le Comité politique du Mouvement Ettajdid, s'est réuni les samedi 29 et dimanche 30 octobre 2011, pour évaluer les résultats des élections de l'Assemblée nationale constituante auxquelles le Mouvement a participé dans le cadre du Pôle Démocratique et Moderniste. Ces élections ont eu des conséquences profondes sur le paysage politique du pays. En cette étape délicate du processus de transition démocratique quelles sont les tâches posées devant l'ensemble des forces de démocratie, de progrès et de modernité ? Beaucoup de points positifs sont relevés par le Comité politique. Tout d'abord, la participation massive et sans précédent des électrices et des électeurs venus exprimer leur vote dans l'enthousiasme, le calme et un haut degré de conscience civique, malgré le nombre considérable de listes en présence dans toutes les circonscriptions et ce grâce aux efforts de toutes les parties qui ont pris part à ces élections sous la direction de l'Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIE). Reconnaissant son échec relatif, le Mouvement Ettajdid, félicite tous ceux qui ont réussi, espérant qu'ils seront tous au niveau de la confiance mise en eux par le peuple pour accomplir la lourde tâche de rédiger la nouvelle constitution, et s'atteler sans tarder à la solution des problèmes urgents afin de répondre aux attentes des citoyens. Toutefois, à côté de ces aspects positifs bien mis en exergue, beaucoup d'irrégularités ont été relevées, comme l'exploitation des sentiments religieux, l'instrumentalisation des mosquées dans la propagande électorale, la déformation des positions du Pôle, le rôle joué par l'argent d'origine douteuse et les activités caritatives pour obtenir des avantages politiques, ainsi que l'alignement de nombreux moyens d'information - y compris les médias publics – en faveur des uns et au détriment des autres. Toutes ces irrégularités, qui ont eu lieu avant et pendant la campagne électorale, jusqu'au jour du scrutin, ont, sans aucun doute, eu des conséquences, quoique relatives, sur les résultats des élections. Un début d'auto critique est fait, concernant les résultats. Ainsi, le Comité politique considère que les forces progressistes et modernistes auraient pu obtenir de meilleurs résultats sans la dispersion de leurs rangs et la participation de certaines d'entre elles en solitaires, sans tenir compte des spécificités de ces élections et de l'étape de transition actuelle. Le Pôle démocratique moderniste a réalisé certains acquis. Ses meetings populaires ont rassemblé des milliers d'électrices et d'électeurs. Toutefois, le retard pris pour constituer le Pôle et le faire connaître a été une des causes de son impact limité sur les milieux populaires dans plusieurs régions. Il est nécessaire d'en tirer les leçons, d'approfondir le programme du Pôle et de faire évoluer son discours de façon à lui donner les moyens de renforcer ses rangs et d'élargir son audience afin qu'il joue pleinement son rôle dans la prochaine étape. Le cap est mis sur le rassemblement. Ettajdid compte apporter sa contribution, aux côtés des autres composantes du Pôle, au débat qui s'impose afin de déterminer les mesures politiques et organisationnelles adéquates pour dynamiser le Pôle et renforcer son ouverture sur toutes les forces politiques, les organisations de la société civile et les militants indépendants et construire ensemble un bloc historique influent afin de défendre, consolider et élargir les acquis, consacrer les valeurs d'égalité, de citoyenneté et de respect des droits et des libertés individuelles et collectives, dans le cadre d'un projet de société progressiste assurant à tous la sécurité, la dignité et la justice. Attendons le prochain comité central, le Conseil national et le congrès d'Ettajdid, pour se fixer sur les leçons tirées par ce parti, de cette première expérience de scrutin démocratique en Tunisie. Hassine BOUAZRA ----------- Emna Menif quitte Afek Tounès «Des divergences profondes avec le directeur exécutif du parti m'ont poussé à la démission» Un deuxième séisme secoue Afek Tounés. Emna Menif, membre fondateur du parti Afek Tounés, membre du Comité Central et du Comité Directeur, porte-parole et responsable du pole politique a présenté sa démission. Ecoutons ses explications « Lorsque j'ai participé à la création de Afek Tounés en mars 2011 et me suis engagée dans l'action politique, j'avais pour unique dessein de prendre part à l'édification d'une Tunisie résolument tournée vers la Démocratie, le Progrès et la Justice Sociale. Pendant des mois dans toutes les régions du pays, lors de grands meetings publics ou de réunions restreintes avec les militants et les citoyens, parfois dans les médias, en tant que porte-parole du parti, mais souvent à l'écart des feux des projecteurs, j'ai servi avec dévouement, ferveur, sincérité et intransigeance. J'ai accompli la mission de servir mon Pays sans compter et de me faire le porte-voix de mon parti sans m'écarter de ses valeurs et de ses principes me rangeant derrière sa discipline même lorsque certaines divergences apparaissaient. La Tunisie a réussi la gageure de ses premières élections libres depuis l'indépendance. Il nous revient aujourd'hui de lire leurs résultats et de décrypter le message des Tunisiens. Nous nous devons aussi d'opérer notre autocritique en toute responsabilité, d'en tirer les conséquences et de clarifier nos positions, sans quoi nous ne saurons ni rassembler ni offrir l'alternative politique. Cela suppose une cohésion et une vraie volonté. Un cumul de divergences profondes avec le directeur exécutif du parti Afek Tounés y fait obstacle et me pousse aujourd'hui à démissionner de ce parti. Pour autant, je demeure et demeurerai la femme engagée que j'ai toujours été, plus que jamais au service de mon Pays, dans une démarche de rassemblement pour la Démocratie, le Progrès et la Justice Sociale que j'ai toujours prônés et pour lesquels j'ai œuvré, au delà des calculs politiciens, des ego et des ambitions »