Béja : un feu provoqué par une moissonneuse détruit plus de 35 hectares de blé, le plus grave de la saison    Ons Jabeur éliminée de l'open de Berlin    La Tunisie capte l'attention des investisseurs chinois à l'Expo de Changsha    Berlin tourne au cauchemar pour Ons Jabeur : inquiétude grandissante    Le premier vol direct entre la Moldavie et la Tunisie    Réforme du travail : le privé tunisien commence à intégrer ses contractuels    Nouvelle attaque iranienne : Israël sous les missiles, le bilan s'alourdit    La caravane Soumoud étale la défaillance de l'Etat tunisien    Tunisie–Algérie : un potentiel commercial encore largement inexploité    Caravane Al Soumoud : le député Mohamed Maher alerte sur la participation d'éléments liés l'organisation d'Al Qaradawi    A l'occasion du 40ème jour de son décès: cérémonie pleine d'émotion en hommage à l'ancien ministre et ambassadeur Tahar Sioud (Album photos)    Tunisie–Mauritanie : Vers un partenariat renforcé dans le domaine agricole et de la santé animale    La députée Syrine Mrabet appelle les participants à la caravane Al Soumoud à rentrer en Tunisie    Le ministère de la Santé convoque les résidents malgré la grève en cours    Accès aux soins dans le privé : Les cliniques préfèrent le règlement en espèces    Hasna Jiballah appelle à soutenir davantage les entreprises communautaires    Sixième : 64.065 candidats au concours d'admission aux collèges pilotes    Gaza : l'indicible tragédie de Mohammed Abdel Bari, réduit au silence après avoir tout perdu    L'Espérance de Tunis prête à défier les géants du football mondial    Reprise de la liaison ferroviaire Tunis–Tozeur après 8 ans d'interruption    "El Abdelliya chante le malouf" : Un hommage musical au patrimoine maghrébin    Washington envisage d'élargir les restrictions de voyage à 36 pays, dont plusieurs Etats arabes et africains    Yémen : Les Houthis revendiquent des tirs de missiles sur Israël en coordination avec l'Iran    L'Inter Miami de Lionel Messi accroché par Al Ahly en ouverture du Mondial des clubs    200 bus bientôt en Tunisie : Kaïs Saïed reçoit des Tunisiens de Suisse à l'origine de l'initiative    Vers un durcissement migratoire : 25 pays africains bientôt sur liste noire américaine    Adev lance en Tunisie le nouveau pickup tout-terrain Nissan Navara    Conseil ministériel consacré à la réforme du secteur sportif    La Tunisie enregistre une hausse spectaculaire de 61 % des investissements directs étrangers en 4 ans    La Fondation Arts & Culture by UIB renouvelle son soutien aux festivals d'El Jem et Dougga pour une décennie culturelle    L'OTJM dénonce une ingérence sécuritaire dans le processus de sélection des centres de stage    Penser coûte plus cher en Tunisie que tuer en Italie    Epidémie de dermatose nodulaire chez les bovins : les éleveurs crient à l'abandon    Cerisiers et cerises: Tout ce qu'il faut savoir en 10 points    Tunisie condamne fermement l'agression israélienne contre l'Iran    Annonce des lauréats du 16e Prix Arabe Mustapha Azzouz    From Ground Zero de Rashid Masharawi : miroir de la guerre à Gaza à travers 22 regards    Caravane de la Résistance : la vidéo virale montre en réalité des supporters de NBA    Décès de Mohamed Ali Belhareth    Composition du nouveau comité directeur de l'AHK Tunisie    La Tunisie inaugure le 1e service d'oncologie oculaire dans le secteur public en Afrique à l'Institut Hédi Raies    Météo en Tunisie : températures entre 29 et 40 degrés    Coupe du monde des clubs 2025 : où et comment suivre tous les matchs, dont ceux du PSG    L'industrie cinématographique tunisienne au cœur d'un projet de réforme législative    Le Festival International des Arts du Cirque et des Arts de la Rue arpente 10 régions de Tunisie du 12 au 29 juin 2025    Festival d'Avignon 2025 : la Tunisie à l'honneur avec une création chorégraphique engagée sur Laaroussa de Sejnane    Jalila Ben Mustapha, une vie militante pour la femme, les pauvres et la Tunisie    Cristiano Ronaldo met fin aux rumeurs : ''Je reste à Al-Nassr''    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Des élèves qui ont écrit l'histoire de la Tunisie
Célébration du 135e anniversaire du Collège Sadiki
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 05 - 2010

Habillés en burnous, coiffés d'une chéchia, certains sont assis en tailleur, les autres sont allongés sur le côté. C'est ainsi que les élèves du collège Sadiki, vers la fin du XIXe siècle, posaient pour les photos de classe. Posture élégante et allure fière, ces élèves pétillent sur ces photos, exposées, dès le 10 mai 2010, au lycée Sadiki à l'occasion de la célébration du 135e anniversaire de ce prestigieux établissement éducatif. «Le lycée Sadiki est un lieu magique. Il est important que les jeunes, les enseignants, les administrateurs…bref, toute personne qui franchit chaque matin ses portes connaît l'histoire incroyable de ce lycée hors norme», explique Habib Hazgui, directeur du lycée. D'où l'objectif de cette manifestation.
Photos, documents, portraits, citations constituent le contenu de cette exposition. Le directeur prend un plaisir fou à feuilleter un album botanique confectionné, en 1902, par les élèves de l'époque. Il montre, aussi émerveillé, un agenda, beau telle une calligraphie, écrit d'une main sûre et équilibrée, où sont notés les comptes rendus des sorties de groupes, faites à Nabeul en 1902 ou à Zaghouan en 1901, à Sidi bou Saïd ou à Carthage… «Les élèves se déplacent à pied, en relevant tous les détails et en se prenant en photo», déclare-t-il.
Plusieurs documents décrivent ainsi le comportement sans reproche de ces élèves modèles, calmes et «silencieux et appliqués dans leur besogne». «Le surveillant général se contente de passer d'une étude à une autre, plutôt pour diriger les élèves dans leur travail que pour assurer la discipline, car il n'y en a pas à faire (…) Depuis l'ouverture de la nouvelle Sadikia, c'est-à-dire depuis huit ans, pas une seule inscription sur les murs, pas une seule entaille aux tables, pas une seule tache d'encre sur les planchers. Tout est aussi propre et aussi net que le premier jour», d'après Louis Pierre Machuel (1848-1922), directeur de l'enseignement public.
Sur les murs du lycée, seront accrochés des portraits d'une génération de l'élite politique, culturelle et scientifique tunisienne. Y figurent les leaders du mouvement de libération nationale, Habib Bourguiba, en premier, les fondateurs du parti du Néo-Destour et environ soixante-dix ministres. Le collège Sadiki a formé aussi le premier médecin tunisien, Béchir Dinguezli, le premier journaliste, Ali Bouchoucha, le premier animateur radio, Abdelaziz Laroui, le premier homme de théâtre, Ali El Khazmi Fraj… et la liste est longue.
Une vie, une histoire
Le général Kheïreddine, en 1875, alors Premier ministre, avait proposé au bey Mohamed Essadok, souverain de la Régence de Tunis, la création d'un établissement permettant aux jeunes Tunisiens de se préparer aux carrières libérales et administratives. Mission aujourd'hui accomplie.
Le collège fut fondé et installé à la rue de l'Eglise, à la médina de Tunis (l'actuelle rue Jemaa-Ezzitouna) dans un grand immeuble construit sous le règne de Hammouda Pacha. Le nouveau collège a démarré avec 150 élèves, sélectionnés au hasard, 50 internes et 100 demi-pensionnaires, tous boursiers.
«Les internes devaient être entièrement habillés, nourris et blanchis aux frais du collège, tous les élèves, sans exception, devaient recevoir les livres et les fournitures classiques», témoigne encore Louis Pierre Machuel. A cette époque, les élèves étaient libres de choisir, à leur entrée au collège, le français ou l'italien comme langue européenne, mais la majorité suivaient les cours de l'enseignement arabe.
Après une période de crise, le directeur de l'Enseignement s'efforce, en 1883, de mettre un peu d'ordre dans le chaos. Les méthodes d'enseignement qui étaient en usage furent profondément modifiées. Un nouveau règlement fut élaboré. On enseigne le coran, la grammaire arabe et celle française, le calcul oral et écrit et le système métrique… A partir de 1883, l'enseignement français avait été principalement dispensé d'après les programmes des brevets de capacité de l'enseignement primaire français. Un certain nombre d'élèves sont placés à la tête de plusieurs postes. En 1887, le collège envoya même Béchir Dinguezli faire des études de médecine à l'Ecole d'Alger puis à la faculté de Médecine de Montpellier….
Nouveau local,
nouvelle génération
En 1890, au moment de la transformation du collège Saint-Charles en lycée, on projeta de fusionner le Collège Sadiki avec le nouvel établissement qui reçut à cet effet le nom de Lycée Sadiki. Le projet fut très vite abandonné avec la nomination, en 1892, de M. Delmas, le premier Français à la tête de la direction de l'école. Le programme des cours fut encore changé et on y ajouta des cours spéciaux de traduction, de droit administratif et de jurisprudence musulmane. Cependant, l'œuvre de la réorganisation de la Régence poursuivie par le Protectorat s'achevait peu à peu. L'Etat a décidé donc de modifier de nouveau l'enseignement afin de préparer les élèves tunisiens à des carrières ou des professions nouvelles en dehors des emplois administratifs. Le collège fut donc transféré, en 1897, dans l'établissement actuel qui s'adapte mieux aux besoins de l'Etat. Dans le nouveau local, on a aménagé un laboratoire de chimie, une classe de physique, une salle de dessin, une bibliothèque… «Certains de ces équipements et quelques meubles de l'époque ont survécu jusqu'à aujourd'hui», observe le directeur. Le jardin aussi a survécu. Un jardin qui, lors de sa création, a initié à toutes les opérations de jardinage : terrassements, nivellements, plantations, greffages… La pratique vient compléter l'enseignement théorique qui est donné dans les cours de chimie et de botanique.
Malheureusement, un seul album de botanique a été trouvé ainsi qu'un seul agenda de sortie de groupes. «De ces 135 ans d'existence, il n'en reste presque rien», nous confie un archiviste, mobilisé depuis presque une année à ramasser, à classer et à répertorier les tas de documents repêchés dans les coins et recoins de l'école. En collaboration avec le ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine et le ministère de l'Education, il a aménagé un espace pour le tri et le traitement des papiers retrouvés. Pour cette charge très délicate, il y a deux archivistes professionnels, engagés à temps plein. «Nous essayons de sauver le peu que nous possédons et c'est déjà beaucoup», insiste le directeur. Le public découvrira donc des merveilles oubliées depuis des siècles dans les casiers de classe, comme la beauté angélique, aujourd'hui dépoussiérée, de ces élèves studieux qui ont écrit l'histoire de la Tunisie.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.