• Désormais dans le collimateur d'Al-Qaïda, Ennahdha ne compte plus les défis à relever. Parviendra-t-elle à s'en sortir indemne ? Les nahdhaouis y croient en tout cas. Le nouvel homme fort d'Al-Qaïda, Aymen Adhawahri, vient, comme on le sait, de lancer une attaque surprise et d'une rare virulence contre Ennahdha qu'il a laconiquement accusée de «trahison de l'islam pour être à la solde de l'Occident et pour s'être déviée de la voie sacrée de notre religion». Non content de ce «raid», le successeur de Oussama Ben Laden a tenu, dans son message ruisselant de haine et de menaces, à larguer une autre bombe, sous la forme «d'un appel à tous les Tunisiens musulmans à partir en contre-attaque pour couper l'herbe sous les pieds de ce mouvement , désormais ennemi de l'Islam». Ce message, qui a fait le tour de la planète, est on ne plus clair : Ennahdha est un adversaire à abattre, et c'est aux Tunisiens de s'en charger ! Venant du «number one» d'un mouvement (Al-Qaïda) sanguinaire, sauvage et curieusement toujours «en verve» en matière de terrorisme international après la disparition de Ben Leden, cette menace n'est sans doute pas à prendre à la légère. Cela d'autant plus que les jihadistes d'Al-Qaïda, faut-il le reconnaître, ont déjà frappé récemment dans nos murs (à Bir Ali Ben Khelifa et Errouhia précisément), sans compter le foisonnement naissant de leurs poches de résistance aux portes de nos frontières avec l'Algérie et la Libye. Etat d'alerte Bien évidemment, l'appel haineux de Aymen Adhawahri est tombé comme un couperet dans les locaux d'Ennahdha, du côté de Montplaisir. Là où l'effet surprise passé, on admet, avec un aveu mêlé de fatalité, qu'«un nouveau front s'ouvre sur le champ de bataille du mouvement, dans la foulée de la confrontation politique avec l'opposition, la montée du salafisme, l'inconfortable situation sociale et l'impatience de la population». Cependant, il se trouve que tous ces ennuis conjugués, en dépit de leur gravité, ne semblent pas avoir outre mesure désarçonné les rangs d'Ennahdha où l'on persiste à répéter, avec même un calme superbement olympien, que «le message d'Al-Qaïda est tombé dans l'oreille d'un sourd», et que «notre mouvement est tellement uni, si sûr de ses choix et jaloux de ses acquis qu'il est tout à fait prêt à relever tous les défis, n'en déplaise à tous ceux que notre réussite dérange». Entre-temps, Ennahdha fait comme si de rien n'était, puisque le mouvement s'attelle à préparer les assises de son prochain congrès électif, au moment où son guide suprême Rached Ghannouchi se trouve en Egypte pour asseoir davantage le rayonnement international de son mouvement.