La conjoncture économique nationale reste fortement liée aux évolutions politiques et sociales que connaît le pays. L'embellie enregistrée au cours des trois premiers mois de l'année, avec une croissance de 4,8% du PIB, risque d'être affectée par l'instabilité qui a subitement refait surface dans les différentes régions du pays et d'altérer notamment l'activité touristique, qui a enregistré jusqu'ici un accroissement appréciable. Cette embellie, estime l'Observatoire de la conjoncture économique, relevant de l'Institut national de la statistique dans sa lettre de juin 2012, reste timide, dans la mesure où la croissance du premier quart de l'année en cours traduit simplement un rebond technique et une superposition de deux conjonctures différentes. Comparé au dernier quart de l'année précédente, le revenu national aurait augmenté de 1.2%. La croissance du premier trimestre 2012, ajoute la même source, paraît difficilement reconductible pour les trimestres à venir. Cela étant, le revenu national n'a pas encore retrouvé son meilleur niveau antérieur. Dans un tel contexte, c'est se perdre en conjectures que de prétendre que l'économie a retrouvé son trend normal. Cette dernière porte encore les signes de la récession, avec un chômage stabilisé peu ou prou et un niveau élevé de déficit public que les mesures sociales de soutien ont rendu nécessaire. L'Observatoire de la conjoncture économique explique que les développements durant le deuxième trimestre montrent que la situation n'a pas observé d'améliorations significatives. En témoignent une demande intérieure hésitante, l'émergence de pressions inflationnistes qui risquent de devenir structurelles, une certaine montée du chômage, une évolution en dessous des attentes des investissements et un certain essoufflement des exportations, notamment au niveau du segment de l'offshore qui est en train de subir les contrecoups de la décélération de la demande extérieure. Dans tous les cas de figure, les perspectives de croissance à court terme pour l'économie nationale restent fortement dépendantes de l'évolution de la conjoncture en zone euro. Le fléchissement de la demande extérieure adressée à la Tunisie s'est confirmé au premier trimestre de l'année en cours. En raison d'une demande privée atone chez nos partenaires européens, les ventes à l'étranger des industries totalement exportatrices qui se sont stabilisées au premier trimestre 2012 devraient se contracter au deuxième trimestre. Seul le secteur extractif fait l'exception à la faveur du redressement qu'il a observé jusqu'ici et qui l'habilite à retrouver son niveau d'avant-2011. Dans l'autre sens, les importations connaissent une évolution vigoureuse, dopées par l'accroissement des achats à l'étranger de matières premières et de biens de consommation. Après avoir culminé à 5,7% en avril, l'inflation s'est repliée à 5,6% en mai. Pour l'Observatoire de la conjoncture économique, l'acquis d'inflation s'affiche à 4,2%. Autrement dit, c'est l'inflation annuelle moyenne qui serait enregistrée pour 2012 si les prix restaient à leur niveau actuel tout au long des sept prochains mois.