La Tunisie a réussi durant les dernières années à bien se positionner en tant que site attractif qui brasse l'investissement étranger, un positionnement atteint grâce à un nombre d'avantages comparatifs dont les incitations financières et fiscales, la stabilité politique et sociale et la qualité des ressources humaines. Aujourd'hui, notamment après le 14 janvier, les choses ont changé et si le site Tunisie peut se vanter d'être sur le chemin de la démocratie, de la transparence et de la bonne gouvernance, certains de ses avantages et particulièrement ceux liés à la stabilité et à la sécurité sont remis en cause. La question qui se pose à l'heure actuelle est comment revaloriser les avantages traditionnels de la Tunisie et mettre en avant ses nouveaux acquis en vue de brasser encore plus d'investissements, de toucher de nouveaux marchés et de nouveaux créneaux? C'est à cette question que le Tunisia Investment Forum, tenu les 14 et 15 juin à Tunis, a voulu répondre. « La nouvelle Tunisie, défis à relever et opportunités à générer», c'est autour de ce thème que le forum a tourné permettant de revenir sur les questions de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption en tant que nouveaux atouts d'attractivité, sur les régions en tant que sites émergents d'accueil des IDE et d'amélioration de la protection et du financement en tant que vecteurs de revitalisation des IDE. En 2011, la Tunisie a perdu 14 points dans le classement de Transparency international relatif à la prépondérance de la corruption, annonce Kamel Ayadi, représentant régional de Global Infrastructure Anticorruption Center. Il note, par ailleurs, que contrairement aux attentes, la corruption aurait augmenté en 2011. L'intervenant relève, à ce propos, qu'une telle situation est fréquente dans tous les processus de démocratisation et que la corruption finit par baisser avec l'accomplissement du processus démocratique. Toutefois, souligne-t-il encore, dans certains cas et dans certains systèmes démocratiques et libres, la corruption persiste, chose qui permet de conclure que la démocratie et la liberté ne sont pas suffisantes pour éradiquer la corruption et qu'il faudrait pour ce faire mettre en place des institutions et des mécanismes de contrôle spécifiques. Mathilde Mesnard, conseiller du secrétaire général et coordinatrice de l'initiative CleanGovBiz sur la lutte contre la corruption et l'intégrité à l'Ocde, a déclaré que le gouvernement tunisien s'est engagé dans un programme de coopération avec l'Ocde et qui concerne l'intégrité et la lutte contre la corruption. Elle explique, en outre, que l'Ocde a décidé depuis deux ans d'adopter une approche plus cohérente pour embarquer les gouvernements dans la lutte contre la corruption et a mis, à cet effet, l'initiative CleanGoBiz. M.Mesnard pense, par ailleurs, que le gouvernement tunisien devrait identifier les priorités et les angles à attaquer en priorité car l'éradication de la corruption est un grand chantier qui requiert beaucoup de temps. Elle ajoute que l'implication de la société civile aussi bien pour établir un diagnostic de la situation que pour lutter contre la corruption est essentielle. Houcine Dimassi, ministre des Finances, souligne, pour sa part, qu'il était temps pour la Tunisie de mettre en avant de nouveaux atouts autres que ceux classiques relatifs, entre autres, aux avantages fiscaux. Il rappelle, à ce propos, que jusqu'à une date récente, les avantages financiers et surtout fiscaux ont été le principal instrument d'attraction des IDE en Tunisie. Cette politique aurait, selon lui, jusqu'au milieu de la dernière décennie permis d'excellents résultats. Toutefois, cette politique basée, exclusivement, sur les incitations financières semble avoir atteint ses limites, relève-t-il encore. Le conférencier cite, dans ce cadre, une récente étude réalisée par la Banque Mondiale et où le facteur financier vient à la septième position succédant la qualification de la main-d'oeuvre, la taille du marché, le coût de la production, la qualité de l'infrastructure, la stabilité politique et sociale et la transparence du système politique. Il note, enfin, que la Tunisie s'est d'ores et déjà engagée dans un processus d'assainissement de l'appareil de l'Etat en veillant à garantir un maximum de transparence à tous les niveaux tout en allégeant les procédures administratives.