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Les entreprises face à de nouvelles exigences
Lutte contre la corruption
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 04 - 2012

En dépit des déclarations faisant état d'une amélioration des indicateurs économiques, 2% de croissance au cours du premier trimestre 2012, selon le secrétaire d'Etat aux Finances, personne ne peut nier que cette économie demeure tout de même sinistrée. La révolution de la dignité a révélé l'ampleur des dégâts qui lui ont été occasionnés par la corruption, les malversations, les passe-droits et les différentes entorses aux lois. Une des premières revendications de la révolution, liée à l'emploi, est l'assainissement du secteur économique, essentiellement celui des affaires, et, partant, des entreprises publiques et privées ainsi que des administrations. Pas si simple en cette période de transition; la corruption a même pris des galons après la révolution et s'est largement répandue au vu et au su de tous, y compris des autorités administratives chargées de la juguler.
La révolution tunisienne suit tout de même son cours malgré les incertitudes et les craintes. Les choses sont quand même en train de bouger. Et après les discours de campagne, les élections du 23 octobre 2011 ont débouché sur la création d'un ministère de la lutte contre la corruption et de la bonne gouvernance et, plus récemment, d'une instance indépendante de lutte contre la corruption. C'est dire que la volonté politique y est même si l'on convient que l'éradication totale de la corruption relève plutôt de la gageure. Dès lors, on se met à parler de stratégie nationale de lutte contre la corruption et d'assainissement du milieu des affaires notamment, le plus touché eu égard aux intérêts en jeu, parallèlement, bien sûr, à une justice transitionnelle qui se met en place, petit à petit, pour baliser la voie de la jeune démocratie tunisienne. Les bonnes intentions sont donc là, mais sont-elles, assurément, réalisables ? Si oui, comment et quand ?
Culture d'intégrité et de transparence
Les réponses à ces questions, ce sont des experts internationaux qui les détiennent. Il s'agit de règles d'éthique et de transparence qu'il faut intégrer dans la gestion des affaires, des entreprises et des administrations; une série de bonnes pratiques qui ont fait leurs preuves dans plusieurs pays et autres multinationales. En Tunisie aussi il faudra y arriver un jour, mais avant, un dialogue sur la nécessité de diffuser une culture d'intégrité et de transparence dans les affaires doit être amorcé. Et c'est là l'objectif de la rencontre organisée, samedi dernier, au siège de l'Iace, à l'initiative de la Commission internationale de lutte contre la corruption, présidée par le Tunisien Kamel Ayadi, ex-président de l'Organisation mondiale des ingénieurs. Plusieurs partenaires étrangers ont contribué à l'organisation de cette rencontre dont l'ambassade du Royaume des Pays-Bas, la Fédération mondiale des organisations d'ingénieurs, la Communauté des démocraties et, du côté tunisien, la Conect (centrale patronale) et la Ftusa (Fédération des assurances).
Ethique et normes internationales de lutte contre la corruption
Même si la corruption est affaire de morale et d'éthique, M. Kamel Ayadi citera tout un panel de mécanismes et de normes internationales, à adopter, comme c'est le cas dans pas moins de 90% des entreprises américaines, dans le but d'institutionnaliser l'éthique dans la gestion des entreprises. Avec des partenaires britanniques, il est en train de travailler sur une nouvelle norme d'anticorruption ; elle devrait être incessamment validée à l'échelle internationale. Pour cet expert, c'est possible de lutter efficacement contre la corruption, les approches et les méthodes existent. En début de liste, il cite l'enquête de probité à réaliser sur le futur éventuel partenaire; l'établissement de listes noires avec adoption d'une politique d'éradication des fournisseurs, entreprises, consultants ou autres, reconnus coupables de corruption et l'élaboration de chartes anticorruption devant être signées et respectées par les partenaires au moment de la signature de contrats par exemple. «Face aux dérives de conduites, comme c'est le cas dans les affaires de corruption, on a l'habitude de réagir soit par plus de règles soit par plus de droit ; or, en matière de corruption, il faut agir au niveau de la morale et de l'éthique, c'est-à-dire en renforçant l'éducation, en améliorant la formation et en travaillant sur l'éthique individuelle», explique-t-il. D'ailleurs, selon lui, il faut avoir une sensibilité éthique pour justement déceler les comportements et décisions qui enfreignent l'éthique et la morale. Et le conférencier d'indiquer une autre règle devant être instituée dans les systèmes de gestion anticorruption, il s'agit de la dénonciation. Capitale, la dénonciation, si bien que l'expert international de nationalité américaine, M. Bill Henry, dira : «Si on ne dénonce pas la corruption c'est qu'on la favorise, qu'on la protège et qu'on y adhère».
C'est que les 20 premiers pays dans le classement de Transparency International, sur l'index de perception de la transparence, ont tous adopté une stratégie d'éthique et de lutte contre la corruption basée sur des mécanismes de management, des stratégies sectorielles et la promotion de l'éthique individuelle. «C'est ce qu'il faut faire également en Tunisie; élaborer une stratégie de lutte contre la corruption revient à asseoir des stratégies sectorielles propres à chaque secteur, car la corruption diffère d'un secteur à un autre, certains étant plus exposés que d'autres, c'est le cas des commissions de marchés de l'Etat ou des grandes entreprises publiques».
Stratégie nationale en cours d'élaboration
En Tunisie, les institutions sont en place et la stratégie de lutte contre la corruption en cours d'élaboration. «Ce n'est pas facile, tout le monde doit y contribuer ; le gouvernement actuel s'engage à travailler avec la société civile, les groupements professionnels et les médias pour élaborer cette stratégie», déclare M. Abderrahman Ladgham, ministre auprès du chef du gouvernement chargé de la gouvernance et de la corruption. Outre les lourds et nombreux dossiers qui couvrent le bureau du ministre, des cellules locales ont été mises en place dans les différentes administrations pour réceptionner les plaintes, enquêter et les différer au ministère suscité. Et le ministre d'ajouter : «Nous recevons tous les jours des plaintes dénonçant nominativement des affaires de corruption dans les administrations publiques». S'agissant du système public des marchés, le ministre affirme qu'avec des partenaires comme la Banque mondiale, l'Ocde, la BAD et d'autres instances internationales, son département est en train d'améliorer les procédures d'octroi des marchés, surtout au niveau de la réduction des délais des procédures qui sont encore longues. Il annonce, également, que son département vient de «blacklister» une institution financière internationale dont il ne peut pas encore révéler le nom, la procédure n'étant pas encore achevée. Ceci étant dit, l'entreprise, publique ou privée, ne doit pas attendre que le ministère lui dicte les règles à suivre pour se prémunir de la corruption. La première règle à adopter est celle de donner l'exemple en commençant par le patron, le chef de file.
Après la révolution, les temps sont devenus très difficiles pour le monde des affaires. Pourtant, il faudra dépasser cette étape pour que le pays se remette sur pied. En matière de lutte contre la corruption, «il n'y a qu'à tirer les leçons du passé et faire appliquer les lois qui existent», indique M. Jameleddine Chichti, économiste, professeur universitaire. Et l'universitaire d'expliquer : «L'entreprise tunisienne a vécu, longtemps, avec des réflexes traditionnels basés sur la fausse confidentialité et le syndrome du secret professionnel, administratif et financier, malgré les réformes économiques et financières. Des instances comme la Cour de comptes, le Conseil du marché financier et toutes les instances de contrôle des opérations financières et économiques n'ont pas fonctionné par le passé comme il se doit, comme le prévoit la loi tunisienne, qui existe, en matière d'éthique et d'intégrité économique et financière. La révolution est venue lever le rideau sur des états comptables, financiers et administratifs de l'ensemble des sociétés publiques et privées. La mise en place d'un ministère de la gouvernance et de la corruption est la preuve que le gouvernement actuel se focalise sur les problèmes de transparence et d'intégrité économique et financière. Il s'agit aujourd'hui d'adopter une nouvelle démarche pour assainir la situation sans altérer le bon fonctionnement des rouages économiques et financiers et tout en instaurant une nouvelle pédagogie des affaires qui se base sur l'éthique et sur l'économie réelle».


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