C'est tout un peuple qui retient son souffle dans l'espoir de voir les siens réussir le possible exploit L'humilité n'est pas le fort de nos footballeurs. Ou, du moins, elle ne l'est plus. Le cauchemar a commencé à Abuja où l'équipe de Tunisie frôla le pire n'eût été le coup de génie de dernière minute de Oussama Darragi. De retour au pays, les joueurs, Coelho et la fédération ont cru bon «régler leurs comptes» avec tous ceux qui ont commis le crime de lèse-majesté de remettre en cause leur force et leur génie. C'est ainsi qu'ils se sont «répandus» sur les médias et promis d'ultérieures sanctions, une fois la qualification pour la Coupe du monde acquise. Résultat : une ambiance exécrable autour d'une sélection tunisienne totalement isolée et insolente de prétention et un coup de tonnerre au Mozambique avec, à la clé, une élimination «honteuse» de la Coupe du monde. Notre équipe nationale venait de payer là une suite incroyable d'erreurs et d'errements qui aboutirent au départ de Coelho et à un ultérieur affaiblissement de la fédération. C'est dans ce contexte bien précis que débarqua Faouzi Benzarti, imposé et légitimé par toute une opinion publique. Tolérance zéro Plébiscité ou parachuté, Faouzi Benzarti, en dépit de son expérience, n'a peut-être pas mesuré l'énormité de la tâche qui l'attendait. Comme à son habitude, il a tout misé sur son inspiration et la préparation physique. Poussée aux extrêmes, cette dernière affiche aujourd'hui ses limites avec les blessures de Darragi et surtout de Msakni dont les muscles ont lâché. C'est que, de l'avis de tous, nos joueurs avaient plutôt besoin d'un choc psychologique que d'un choc physique. En tout cas, le débat bat son plein bien avant la qualification ou l'élimination des nôtres. Il bat d'autant plus son plein que la tolérance vis-à-vis de cette sélection a pratiquement atteint le point zéro. Il faut dire que la traversée du désert se poursuit depuis 2004, date du triomphe à la CAN tunisienne. Il faut dire aussi qu'on ne voit pas le bout du tunnel. En football, pourtant, tout va très vite, et il suffirait par exemple d'une victoire face au Cameroun pour que tout un peuple se remette derrière son équipe nationale. Souffrir… Nous Tunisiens avons parfois tendance à exagérer les choses. Idem en football où le Nigeria et le Cameroun deviennent le Brésil, le Malawi ou … le Mozambique, Malte ou le Luxembourg. Nous avons payé cher et cash cette approche et il ne s'agit surtout pas de répéter cette erreur face au Cameroun. Eto'o et ses frères ne sont plus ce qu'ils étaient de l'avis même de leur coach, Paul Le Guen, qui a d'énormes difficultés à aligner un onze compétitif. Nous serons donc tout à l'heure dans un ring et il ne faudra surtout pas avoir peur de l'adversaire au risque de perdre au départ une bonne partie de nos moyens. Il ne faudrait pas non plus croire qu'il nous suffira de consentir l'essentiel pour dompter les Lions… indomptables. Stratégie, tactique, courage et surpassement seront les clés du salut. Ce n'est pas peu mais ce n'est pas non plus au-dessus de nos cordes. Nos joueurs doivent réapprendre à souffrir s'ils veulent se faire pardonner. Et si la réussite était au bout de la souffrance, aujourd'hui sera alors le rendez-vous du grand pardon!