Suite aux inquiétudes de la population de Gabès quant à la présence de déchets nucléaires dans la région, deux équipes d'experts et de compétences tunisiennes confirmées, spécialisées dans le domaine des radiations et des technologies nucléaires et relevant du Centre national de radioprotection et du Centre national des sciences et technologies nucléaires, se sont déplacées, les 9 et 10 mai 2012 sur les lieux pour enquêter sur ce point. Après deux mois de prospection, d'échantillonnage, d'analyses scientifiques et d'études comparatives, ces deux groupes ont donné, hier, une conférence de presse pour communiquer les résultats de ladite enquête; une rencontre organisée par le ministère de la Santé publique. Prenant la parole, le Dr Azza Hammou, directrice du Centre national de radioprotection (Cnrp), a d'abord salué la contribution du ministère de la Santé publique, du ministère de la Défense, du ministère de l'Environnement ainsi que des institutions régionales qui ont fait preuve d'un précieux appui pour l'élaboration de l'enquête. Elle a indiqué que les deux équipes relevant du Cnrp et du Cnstn comptaient près de 20 experts, dont 13 se sont déplacés sur les lieux et sept ont assuré le travail de recherche scientifique et d'analyse et ce, à partir des données collectées. Par ailleurs, l'oratrice a longuement expliqué le phénomène de la radioactivité, ses diverses formes d'exploitation, ses répercussions pacifiques et celles dangereuses, ainsi que les moyens de préventions appropriés. En effet, les radiations constituent de nos jours un élément incontournable du progrès économique. En Tunisie, elles sont utilisées dans le secteur industriel et dans la recherche scientifique. Les efforts se conjuguent afin que ces radiations pacifiques soient désormais exploitées dans le domaine de l'énergie. Mme Hammou a, également, expliqué la différence entre les radiations naturelles ne présentant pas de danger pour l'Homme et l'environnement et celles artificielles. «Nous nous sommes donc déplacés vers le site d'El Ghilouf à El Hamma afin d'enquêter sur la présence, ou pas, de déchets nucléaires et donc de radiations artificielles susceptibles de présenter un danger pour les habitants et l'écosystème», indique Dr Hammou. L'équipe d'experts scientifiques relevant du Cnrp, comptant quatre personnes, s'est déplacée au site d'El Ghilouf, zone polémique, à Chichou, à Glib El Dokhan ainsi qu'à la base de tirs située dans la zone militaire de la région. Après un travail méthodique, consistant à superviser les lieux, à interroger la population concernée, à prélever des échantillons, à analyser ainsi qu'à balayer le sol d'une manière continue sur un itinéraire bien déterminé via un laboratoire mobile, l'équipe a réussi à déduire des résultats préliminaires quelque peu rassurants: le bruit de fond est manifestement naturel et n'a rien d'artificiel. «Certes, nous avons détecté des doses (mesures spécifiques aux radiations) qui sont quelque peu élevées par rapport à la normale. Toutefois, ces résultats ne dénotent point d'un danger menaçant», indique l'oratrice. Elle explique que ces résultats traduisent une réaction naturelle des tas de substances naturellement rayonnantes et qui se situent autour des canaux de refroidissement des eaux géothermales (eaux de sources très chaudes émergeant du site d'El Ghlouf et qui versent, après refroidissement, dans un bassin). Suite aux résultats préliminaires, l'équipe relevant du Cnstn s'est appliquée sur l'analyse des données collectées. Il est à préciser que les deux équipes se sont adonnées, séparément, à la phase de mesures, et ce, dans le but de travailler d'une manière plus objective et plus efficace. La phase d'analyses scientifiques a permis, à son tour, de confirmer les résultats préliminaires. «J'affirme l'absence de radiations dangereuses et de déchets nucléaires dans les zones visitées. Il n'y a donc pas de danger direct sur la santé des citoyens», indique catégoriquement Dr Mourad Telmini, directeur du Cnstn. Il précise que les mesures enregistrées sont de 0,1 dose. Elles ne s'avèrent inquiétantes qu'à partir de 0,5 dose. « Or, ce chiffre n'a été enregistré dans aucune des zones étudiées», souligne l'orateur. Toutefois, il recommande de se débarrasser des tas de substances naturellement rayonnantes qui se situent aux alentours des canaux de refroidissement des eaux géothermales. Par ailleurs, l'orateur indique que les analyses ont montré la présence de traces de césium 137 ( substance rayonnante dangereuse). Ces traces reviennent aux effets de la bombe nucléaire de Hiroshima ainsi qu'aux essais nucléaires effectués par la France durant la colonisation en Algérie. Par ailleurs, Dr Telmini a indiqué que le Cnstn procède périodiquement à des échantillonnages visant à mesurer certaines substances naturellement rayonnantes comme l'uranium et le tolium. Certes, les mesures ont souvent permis de déceler un taux d'uranium élevé par rapport à la normale. Cependant, les analyses ont nié tout impact négatif sur la flore et sur les ressources hydriques. «Tout est donc naturel à El Hamma», conclut l'orateur.