Par Jawhar CHATTY Le Smig passe à 320 dinars. Pour les masses laborieuses, ce sera toujours ça de pris ! Même si ce «nouvel acquis» ne va en rien, et fondamentalement, changer à leur quotidien. Le taux d'inflation actuel étant de 5,5% , la hausse de 6,6 % du Smig se traduit par une augmentation réelle de 3,5 dinars. Un peu plus de trois dinars tout de même en pièces sonnantes et trébuchantes ! De l'argent comptant en somme, que veut alors le peuple ? L'Ugtt a sans doute dû batailler ferme pour arracher au gouvernement une aussi significative concession ! Et pour le gouvernement, il est fort aisé de le comprendre, c'est déjà un grand sacrifice arraché aux 6.5% de déficit ! Le compromis est enfin trouvé : l'année ne sera ni blanche ni noire. Avec une augmentation réelle du Smig de 3,5 dinars, elle est plutôt grise, à l'image du pays. A l'image surtout de toutes ces forces vives qui, jusque-là, ne font qu'avancer des «initiatives». Or, à trop focaliser sur les enjeux et les considérations d'ordre politique, ces forces vives prennent tout de même le risque de s'éloigner, chaque jour qui passe, un peu plus du quotidien du petit peuple et de ses soucis. Ses soucis ont toujours et encore pour noms : emploi et pouvoir d'achat. Qui s'en soucie vraiment aujourd'hui dans la classe politique ? De ces soucis, seule l'Assemblée nationale constituante peut et doit, à vrai dire, s'en soucier. N'est-elle pas avant tout et surtout la voix du peuple ?! La multitude et la multiplicité des initiatives et des contre-initiatives politiques traduisent sans doute une certaine vigueur d'une démocratie naissante et en devenir. Seulement, ces initiatives semblent occulter, du moins mettre entre parenthèses les questions d'ordre économique. Seule l'Utica paraît à cet égard inscrire relativement son discours et ses initiatives dans une démarche pragmatique. Pour étrange que cela puisse paraître, la centrale patronale porte en effet aujourd'hui la voix du petit peuple en défendant l'investissement en tant que véritable moteur de la croissance et donc de l'amélioration du pouvoir d'achat et de la création de nouveaux emplois. Le Smig passe à 320 dinars pour ceux qui ont aujourd'hui un emploi. Et pour tous ceux qui n'en ont pas, quel Smig de dignité leur offre-t- on ? Quand les élus du peuple avaient voté le budget de l'Etat et la loi de finances complémentaire pour l'année 2012, ils l'avaient fait par conviction. Et sans petits calculs politiciens et partisans. S'ils avaient accepté de valider souverainement un déficit de 6.5% du PIB et un taux d'endettement extérieur de 46%, c'est parce qu'en leur âme et conscience, cette fuite en avant budgétaire allait tout de même permettre au gouvernement d'engager de grands projets générateurs de croissance, d'emplois et d'un mieux-être social. Aujourd'hui, ici et maintenant, le petit peuple est toujours dans l'expectative. Il aura à se contenter pour le moment de la tenue en Tunisie en ...mars 2013, de la 10e édition du Forum social mondial.