Parce qu'une révolution peut se faire aussi par la musique, la direction du festival d'El Jem a consacré l'avant-dernier concert de sa 27e édition à la prestation de plus de 40 jeunes musiciens et musiciennes, venus de plusieurs pays du monde arabe jouer des airs célèbres de la musique classique, et ce, en hommage à la révolution tunisienne et pour fêter le printemps arabe. Nous avons nommé l'Orchestre philharmonique des jeunes Arabes qui, sous la direction du Mexicain Sergio Cardenas, a donné lundi dernier, une lumineuse performance révélant au public du Colisée le professionnalisme et la maîtrise de ces artistes, malgré leur jeune âge. Cet ensemble, qui se produisait pour la première fois en Tunisie, a proposé aux mélomanes de la musique symphonique classique des pièces du meilleur cru qui a marqué surtout le siècle du romantisme. De Strauss à Bach en passant pas Rossini, le public a pu savourer des morceaux, comme Vocies of Spring Air et La Cenerentola, interprétés avec virtuosité et talent. Par des mélodies douces et langoureuses, ces musiciens nous ont caressé l'ouïe par une complicité harmonieuse, particulièrement entre instruments à cordes et ceux à vent, parfaitement maîtrisés par ces jeunes. Puis vint le tour, dans la seconde partie de la soirée, de la remarquable prestation de la reine de la marimba, l'Egyptienne Nesma Abdelaziz. Accompagnée par l'ensemble de la troupe, elle a offert à l'auditoire trois pièces musicales puisées dans le répertoire du pays du Nil. Dans une belle homogénéité, ils ont exécuté à la perfection Tico-tico et El Toba du compositeur Jamel Salama, avant de lui offrir Czardas d'El Hennawi, démontrant leurs qualités d'artistes polyvalents qui passent allègrement du classique occidental à la musique orientale. Les spectateurs ont été comblés par le dialogue créé entre les notes aiguës et rapides de la marimba qui, alliés au son des violons, de la trompette et d'autres instruments à vent, ont traduit la profondeur et la beauté des morceaux joués. Des rythmes saccadés, de plus en plus forts, n'ont en rien atténué le plaisir que le public a pris à les écouter. Bien au contraire... Retour ensuite à la musique classique avec le célèbre morceau Artist's life de Johann Strauss, une valse qui ponctue la joie de vivre, encore une fois très bien exécutée par l'orchestre. Ce dernier a continué sa prestation avec deux airs de Pietro Mascagni qui est l'un des plus importants compositeurs d'opéra italiens du XXe siècle. Il a écrit notamment Cavalleria rusticana, un opéra d'un seul acte, repris et offert à l'assistance par ces jeunes virtuoses. Poursuivant dans cette même ambiance romantique, la troupe a joué le fameux morceau de Rossini Le barbier de Séville. Le meilleur de la soirée a été réservé à la fin, avec deux morceaux instrumentaux puisés dans le répertoire personnel du chef d'orchestre mexicain de renommée mondiale, Sergio Cardenas, qui ont épaté les présents. Il s'agit de Polka Tammaulipas et Greetings from tamaulipas. Aux rythmes déchaînés, où les instruments sont soutenus par des claquements énergiques des pieds et des mains, ils ont traduit la ferveur et l'ardeur d'une jeunesse débordante de vitalité et joyeuse de vivre. Quel meilleur hommage au peuple tunisien et surtout à ses jeunes qui ont fait preuve de bravoure et de courage pour changer le cours de leur destinée ! Encore un autre concert réussi dans ce festival, surtout qu'il a été question d'un message transmis par des jeunes du monde arabe, talentueux, ambitieux et volontaires : «La musique nous a unis».