Lorsque la voix douce d'une femme se joint à des doigts fins dégageant des sonorités harmonieuses, elle mène son auditeur dans un voyage onirique et le plonge dans un univers magique et rêveur. C'était un voyage à la fois littéraire et musical, classique et populaire, aux rimes, assonances et sonorités ponctuées que nous ont offert huit femmes artistes, musiciennes et poétesses lors de la soirée de samedi dernier sur la scène de l'amphithéâtre de Hammamet. Cette soirée, qui s'inscrit dans «la semaine de la femme créatrice» rend hommage à la gent féminine tunisienne intellectuelle, artiste, battante et active dans la société. «Cette soirée sera une balade artistique effectuée par ces femmes qui ont consacré toutes leurs vies à la poésie et à la musique. Elles nous proposeront un spectacle alternant la poésie classique en arabe dialectal ou en français dans un beau brassage musical qui réunit des instruments occidentaux et orientaux pour célébrer la notion de l'amitié des peuples, des cultures et des civilisations malgré nos différences », a annoncé le directeur du festival, Fathi Haddaoui, au début de la soirée. Elles étaient donc au nombre de huit femmes artistes avec la collaboration de deux hommes (percussionnistes) qui les ont accompagnées tout au long de la soirée. La poétesse Fouazia Hourabi en compagnie de la chanteuse Rim Hamdi ont ouvert le bal avec un poème en dialecte tunisien résumant le parcours d'une femme, ses douleurs et ses souffrances dans un style poétique rythmé. En duo, leurs voix fortes et expressives étaient accompagnées par des notes nostalgiques au qânoun exécutées par Khadija Efrit. Ancrés dans la réalité et inspirés du vécu commun, ces textes ont suscité une forte émotion chez l'assistance. Puis ce fut le tour de la poétesse Radiha Chhaybi de nous lire un extrait de poésie. Sous les notes douces du piano de Samar Ben Amara, la voix douce de Radiha nous a séduits avec « Allamouki » (On t-a appris), nous parlant de la vie, de la mort, des problèmes actuels de la société tunisienne, de la liberté où l'image poétique et les procédés stylistiques témoignent de cette verve poétique et cette grande sensibilité de ces artistes confirmées. Une lecture d'autres extraits en langue française de la voix de Monia Boulila insistant sur le rôle de la femme cultivée et de son rôle éducatif dans le développement des mœurs par le biais de sa plume et de sa voix. Nous en citons « femme, on fait ton procès » et « attention».Une âme sensible exalte une forte rébellion et lance ainsi un appel à la liberté, à l'égalité. Par un « je » omniprésent, Souad Etthabet nous a proposé, quant à elle, des extraits à thèmes universels, l'enfance, l'absolu, l'éternel et l'éphémère. En arabe classique, elle nous a récité « Mawlay » (seigneur), sur des notes de luth de la musicienne Zahra Madani. Le spectacle s'acheva avec une lumineuse prestation de la cornemuse exécutée par Samar Ben Amara, qui nous a présenté en version instrumentale des airs populaires puisés dans le patrimoine musical tunisien et maghrébin dont « Sidi Mansour» et «Baba Bahri».Les amateurs du vers se sont réjouis par cette belle prestation.