Ce n'est pas nouveau, nos jeunes footballeurs disparaissent dans la nature au terme de l'énième échec continental Pas d'énorme déception, pas même d'amertume après l'élimination des juniors face au Gabon. Rassurez-vous, ce n'est pas que nous sommes indifférents envers nos sélections, mais les échecs sont tels que ça devient «ordinaire». C'est le énième échec cuisant pour une sélection tunisienne des jeunes. La CAN est devenue, pour les catégories des jeunes, un véritable complexe. Vous avez beau changer les DTN (qui se succèdent avec des échecs notoires et des réflexes archaïques), les sélectionneurs, les joueurs et les bureaux fédéraux, rien de concret... A qui la faute dans ces défaites redondantes qui ne font qu'enterrer des générations de joueurs de talent ? A part trois coups d'éclat que tous les Tunisiens ne peuvent oublier (la Coupe du monde juniors 1985 de Mrad Mahjoub, la Coupe du monde cadets 1993 de Jameleddine Bouabsa et la Coupe du monde cadets 2007 de Maher Kanzari), rares sont les fois où une sélection tunisienne des jeunes nous a fait plaisir. Ça se répète pour la énième fois et d'une façon caricaturale. Nous avons tout fait pour perdre contre le Gabon : un but à la dernière minute à Tunis, sans oublier le feuilleton des entraîneurs qui ont dirigé cette équipe. Toute une génération s'évapore, car on sait bien que faute d'échéances, une autre génération de joueurs sera promue. Celle qui a perdu s'éclatera en pièces. Ses quelques révélations passeront aux olympiques, alors que les autres passeront à l'horrible monde des clubs et à ses aléas. Vol au-dessus d'un nid de coucou Ce n'est pas le moment de vous raconter l'histoire de nos échecs continentaux. Ça nous prendra trop de temps (tellement ces échecs sont nombreux), ce qui nous intéresse, c'est de comprendre pourquoi le fossé est hallucinant par rapport aux Africains. Est-ce seulement la faute aux fraudes des Africains (joueurs aux dates de naissance truquées). Ça tient comme explication, mais ce n'est pas tout. Prenez l'exemple de cette sélection de Ellili-Sellimi-Khanfir! Trois entraîneurs nationaux pour une même sélection et pour les mêmes joueurs. Les faits : Chiheb Ellili quitte, contre toute attente, l'équipe junior. Son contrat court jusqu'à la fin, la FTF ne lui renouvelle pas le mandat. Les deux parties se renvoient l'ascenseur. Ce qui est louche, c'est que l'équipe n'a pas d'entraîneur la veille d'un championnat arabe! Nizar Khanfir, écarté du staff technique dans un premier temps, est appelé à la dernière minute. Il est rejoint en Jordanie par Adel Sellimi, fraîchement débarqué. Les deux gagnent le titre arabe. De retour en Tunisie, Sellimi est le patron de l'équipe. Il est secondé par Khanfir. Le duo rate la qualification en coupe d'Afrique. Ce va-et-vient d'entraîneurs et ces décisions hâtives ont nui à l'équilibre de cette sélection. Trop de changements en un laps de temps aussi court et auprès de jeunes qui ont dû composer avec trois techniciens. Et si on se rappelle que n'importe quel sélectionneur des jeunes a un contrat-objectif, on se demande alors qui va payer les pots cassés? Est-ce Adel Sellimi qui n'a même pas un mois d'exercice? C'est Youssef Zouaoui, DTN chargé des jeunes, qui doit nous répondre. Lui-même a une part de responsabilité vu que c'est le premier décideur technique dans cette affaire. Encore une élimination, encore des gens qui ne savent par gérer, encore une énième génération sacrifiée.