La Ligue tunisienne pour la tolérance a invité le doyen des prisonniers libanais d'origine palestinienne pour intervenir dans le Festival de Bizerte et parler de différents thèmes ayant trait aux révolutions arabes et à la lutte pour la libération des territoires occupés.. Mais des salafistes sont intervenus avant même le démarrage de l'activité au sein du festival pour arrêter par la force cette conférence de Samir Kantar qui va garder certainement un mauvais souvenir suite à cette intervention musclée et belliqueuse des salafistes. Pour expliquer cet incident, une conférence de presse a été organisée hier par la Ligue à l'hôtel El Mechtel à Tunis. Selon M. Slaheddine El Masri, président de la Ligue le 26 août 2011, les activités de la Ligue étaient déjà menacées par les mêmes salafistes qui ont essayé d'agresser les invités. Cela s'est produit cette année encore avec un invité de marque, en l'occurrence Samir Kantar. Ainsi, 300 salafistes sont venus à la maison des jeunes en utilisant des camions comme moyen de transport afin d'empêcher l'invité de prononcer sa communication. Des mots qui n'ont pas plu aux salafistes Leur cible était Samir Kantar et personne d'autre car celui-ci a parlé avec courage de la révolution tunisienne, indiquant qu'Al Saoud, la famille qui règne en Arabie Saoudite, ne peut pas soutenir la démocratie dans les révolutions arabes, y compris en Syrie. Selon l'invité de la Tunisie, les dollars des pays du Golfe ne doivent pas être utilisés pour instituer la démocratie dans notre pays. Ces mots ne semblent pas avoir plu aux salafistes qui ont fait usage de la violence pour arrêter la conférence. Cette violence a touché notamment trois personnes dans l'assistance dont une est encore à l'hôpital, en l'occurrence Khaled Boujemaa qui est connu comme militant des droits de l'Homme et qui a défendu ces salafistes lors de la dictature de l'ancien régime déchu. Les salafistes demandent à ce que la charia soit constitutionnalisée. «Nous avons lutté contre la dictature et nous sommes prêts à lutter contre la tyrannie», souligne M. El Masri qui invite les salafistes à aller combattre les Israéliens dans les territoires occupés au lieu de s'en prendre à leurs concitoyens et aux invités de la Tunisie qui sont connus pour leur lutte acharnée contre l'ennemi. L'orateur va jusqu'à admettre que les Etats-Unis et les sionistes font appliquer leurs stratégies dans les différents pays arabes par les salafistes, comme c'est le cas en Syrie, en Libye et en Irak. Ces salafistes veulent détruire les pays et mettre fin au nationalisme arabe qui appelle à la lutte contre le sionisme. «Nous sommes pour le changement en Syrie, mais pas pour sa destruction», estime l'orateur. Ce climat de discorde ne peut profiter à personne. Le président de la Ligue appelle aussi à ce que les salafistes soient isolés pour qu'ils ne bénéficient d'aucun couvert politique ou religieux. Car la violence n'est pas à justifier. Le problème des chiites et des sunnites ne doit pas être posé en Tunisie qui a adopté depuis des années un Islam modéré et ouvert consacrant les valeurs nobles et la tolérance. L'orateur estime aussi que la pensée salafiste ne doit pas faire l'objet d'un débat politique. Il s'étonne, par ailleurs, de l'absence des agents de sécuritté lors des actes de violence commis par les salafistes. M. Ahmed El Kahlaoui, a indiqué, pour sa part, que le but de la Ligue était de célébrer le combat des Libanais incarné par les militants islamistes (Hezbollah). Il a rappelé l'opération djihadiste dénommée «Opération Jamel Abdennasser» — du nom de l'ancien président égyptien — menée par Samir Kantar contre l'ennemi alors qu'il n'avait que 16 ans. Capturé par les Israéliens, il a été condamné et a passé plusieurs années en prison. Ce n'est qu'après un accord entre Hezbollah et les dirigeants israéliens que ce héros a retrouvé sa liberté. L'orateur a rappelé aussi que la manifestation qui a eu lieu au Palais des congrès à Tunis s'est déroulée, dans le calme. Et de s'alarmer contre les agissements des salafistes «qui mettent ainsi notre nation en danger». Aux dernières nouvelles, six salafistes impliqués dans cette affaire ont été arrêtés et 50 ont fait l'objet d'un mandat d'arrêt.