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Chassez la zatla, elle revient au galop !
Enquête : La drogue en Tunisie
Publié dans La Presse de Tunisie le 27 - 08 - 2012

Hausse continue du nombre d'arrestations et de saisies dans le «milieu». La révolution y est sans doute pour quelque chose
Les quartiers populaires, plaque tournante du trafic des stupéfiants dans le pays
La Tunisie compte pas moins de 10.000 toxicomanes
560 mille tonnes : tel est le volume total et absolument effrayant de la production mondiale des stupéfiants enregistré en 2011, contre 214 mille en 1988. Pour certains experts internationaux en matière de toxicomanie, «ce triste bilan irait en s'alourdissant sans la mise en œuvre, dans les plus brefs délais, d'une réelle stratégie de lutte contre ce fléau». Mais qu'en est-il de la Tunisie ? Comment se porte la drogue dans nos murs ? La cote d'alerte y est-elle atteinte? Aurons-nous des jours meilleurs ? Et puis, a-t-on vraiment les moyens qu'il faut pour empêcher la propagation de cette épidémie universelle à la peau dure et pratiquement incurable, avec, à son passif, un nombre de victimes multiplié, en 2011, par six de par le monde ? Ensuite, quelles sont les drogues les plus prisées dans nos murs ? Quelle part du marché local face aux réseaux internationaux en activité en Tunisie ? Nos jeunes sont-ils à l'abri de ce phénomène? Quelle part de responsabilité de l'Etat ?
Premier constat réconfortant : notre pays ne souffre pas, du moins pour le moment, des problèmes majeurs de la drogue, à savoir l'héroïne, la cocaïne, l'opium et la morphine.
Epidémies connues pour être les plus puissantes, les plus chères et sans doute les plus meurtrières, elles n'ont pas encore, heureusement, droit de cité dans nos murs, comme l'affirment tant les experts que les bilans des arrestations et des saisies, ainsi que les dernières statistiques de l'ONU où la Tunisie ne figure pas dans la liste des 150 pays les plus menacés par ces drogues.
Mais là où il n'y a pas lieu de pavoiser, c'est lorsqu'on évoque le développement alarmant du phénomène de la résine de cannabis que ses adeptes surnomment zatla.
Très convoitée, elle est considérée, aujourd'hui, comme la drogue la plus «populaire», parce que la plus consommée (voir chiffres). C'est surtout dans les quartiers populaires, particulièrement ceux du Grand-Tunis, de Sousse, de Nabeul et des villes frontalières du nord-ouest, que la zatla est reine. C'est là qu'on peut se la procurer, de jour comme de nuit, au détour d'une ruelle et même auprès de l'épicier du coin. Les revendeurs ? Eh bien, ce sont généralement des repris de justice que la marginalisation, le chômage et les nombreux séjours en prison ont forcément transformés en dealers épris de gain facile.
Autre motivation : ces derniers — c'est vérifié — n'éprouvent pas de difficultés pour s'approvisionner en marchandises qui proviennent soit des pays voisins (via des réseaux étrangers), soit des fermes de production clandestine de la résine de cannabis.
«Dans deux cas sur trois, indique un vieux routier de la Brigade des stups, les transactions n'échouent pas, tout simplement parce que les réseaux de trafiquants sont généralement bien structurés avec, à l'appui, logistique, fonds de roulement, indics et, faut-il l'avouer courageusement, concours de complices au sein de certaines institutions nationales».
C'est pourquoi l'on peut dire que le dernier bilan des arrestations et des saisies aurait pu être plus lourd n'eût été la conjugaison de tous ces facteurs.
Ici, se vend la zatla...
C'est incontestablement au lendemain de la Révolution que le phénomène de la zatla s'est gravement développé pour pulvériser tous ses records de consommation. Une «prospérité» subite engendrée, en grande partie, par la dérive sécuritaire, et la vulnérabilité forcée de nos frontières. Au point que trafiquants et consommateurs ont poussé le culot jusqu'à réclamer, par tags et facebook interposés, la... dépénalisation du délit de consommation de la... résine de cannabis !
D'autres adeptes inguérissables de la zatla en ont, pour leur part, profité pour afficher des tags et slogans d'une rare audace, tels que «ici, se vend la zatla», «bienvenue au club de la zatla», ou encore «ne touchez pas à notre zatla» ! Et dire que les auteurs de cette impensable «campagne promotionnelle» courent encore...
Ruée sur les tranquillisants
Parallèlement à la résine de cannabis, la Tunisie est désormais exposée à la percée rampante d'un phénomène non moins menaçant, celui des tranquillisants. En effet, face à l'augmentation extraordinaire de la consommation des anxiolytiques dans le monde et à la facilité de leur approvisionnement, on assiste aujourd'hui, dans nos murs, à une ruée sans précédent sur les barbituriques, analgésiques et autres calmants aux effets non moins nocifs que ceux des opiacées, amphétamines, solvants, hallucinogènes, etc. Si l'on essaie d'interpréter ce phénomène dans son ensemble, on peut estimer que l'usage croissant des tranquillisants qui modifient plus ou moins l'état de conscience de l'individu est une tentative de réponse à une angoisse existentielle. Et pourtant, les toxicologues ne cessent de le répéter : l'usage, même isolé, des calmants peut entraîner des conséquences psychopathologiques et des troubles mentaux irréversibles, allant jusqu'à une destruction massive de la personnalité. Paradoxalement, les consommateurs de cette drogue en font fi. Eux qui peuvent s'offrir leur dose auprès des revendeurs et, parfois même, dans les pharmacies dont certaines, pour une raison ou pour une autre, n'exigent pas souvent l'ordonnance médicale. Curieusement, deux pharmacies sur trois cambriolées constatent la disparition de leurs stocks de tranquillisants qui finiront bien évidemment dans les... cerveaux des toxicomanes !
Mais, au fait, d'où proviennent les quantités de stupéfiants commercialisées en Tunisie ? Qui s'occupe de leur écoulement ? Répondons, que ce sont les filiales étrangères qui y sont derrière. Cet «aveu» qui pourrait déplaire à nos vaillants douaniers et policiers est d'autant plus indiscuté et indiscutable que les enquêtes et investigations ont, dans 95% des cas, révélé l'existence de réseaux étrangers à la tête du trafic. Tout cela pour dire que la Tunisie a toujours constitué, même au temps de la censure musclée de l'ancien régime, une plaque tournante privilégiée et ardemment convoitée par les trafiquants étrangers venus principalement d'Europe et des pays voisins et attirés, comme par enchantement, par la très recherchée situation géographique de notre pays. Pire, il s'est avéré que certaines affaires sensationnelles dépoussiérées par nos services de la Douane et de la police ont abouti à la conclusion que des quantités de drogue saisies (cocaïne en premier lieu) venaient... d'Asie après avoir transité par le Vieux Continent. En revanche, aucune piste tunisienne n'a pu conduire à l'arrestation de l'un des tristement célèbres et puissants barons de la drogue mondiale. Seuls quelques-uns de leurs petits complices ont pu être mis hors d'état de nuire. Autrement dit, ce sont presque toujours les petits revendeurs tunisiens qui en payent les frais, soit par inattention, soit grâce au flair des douaniers et des policiers, soit enfin sous les coups de boutoir d'indics assez entreprenants.
Pour une stratégie préventive... en bonne et due forme
Reste maintenant à savoir comment la Tunisie pourra se payer le luxe de gagner son combat contre le fléau de la drogue. A cœur vaillant rien d'impossible, certes. Mais nous persistons à considérer que ce combat ne se gagne pas à coups de vœux pieux, ou de slogans creux. Le temps où l'on s'acharnait à nous miroiter que «tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil» est bel et bien révolu. Aujourd'hui, nous avons fait une Révolution et déchiré le voile de la peur. Maintenant, les effets du 14 janvier 2011 aidant, nous avons des frontières plus vulnérables et une invasion d'une ampleur sans précédent, des réseaux étrangers de trafic de stupéfiants. Dès lors, seule une stratégie préventive en bonne et due forme et dépourvue d'improvisation permettrait sinon d'endiguer ce fléau, du moins d'en contrecarrer la poussée. Pour un expert en matière de renseignements, ladite stratégie devra impérieusement reposer sur les mesures suivantes :
1 - Consolidation des moyens de surveillance et de vigilance dans tous les postes frontaliers maritimes, aériens et terrestres avec, notamment, l'introduction d'équipements de détection plus sophistiqués.
2 - Renforcement des effectifs de la Douane et de la Brigade des stups.
3 - Intensification des campagnes de sensibilisation, tout en les médiatisant à fond.
4 - Amélioration de l'action commune avec les services concernés des pays frères et amis, particulièrement en matière d'échange de renseignements et de prisonniers.
5 - Augmentation du nombre des centres spécialisés dans le traitement des toxicomanes et leur prise en charge médicale, psychologique et sociale. Et dire qu'on ne compte, pour le moment, que deux centres de désintoxication en Tunisie (le centre «Aide et écoute» à Sfax, et le centre «Amal» de Jbel El Oust). Un nombre maigrichon, voire insignifiant, dans un pays où la toxicomanie est pourtant galopante !
6 - Révision des peines de prison à la hausse.


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