La DG de l'Organisation Internationale pour les Migrations en visite en Tunisie    GAT VIE : Une belle année 2024 marquée par de bonnes performances.    ARP : discussion d'une proposition de loi sur le travail des huissiers notaires    Rayan Khalfi : un détenu de 19 ans relance la question de la torture en Tunisie    Tunisie : Alerte sur l'Emploi à l'Etranger    Tragique accident à Bouficha: un camion prend feu, le chauffeur décède sur le coup    Réserves en devises : 22 469 MD couvrant 99 jours d'importation    Aujourd'hui : Une commission parlementaire en visite au port de Radès    FITA 2025 à Tunis les 6 et 7 mai : une opportunité stratégique pour les entreprises tunisiennes à la conquête de l'Afrique    Houcine Rhili : amélioration des réserves en eau, mais la vigilance reste de mise    Trump annonce des droits de douane de 100 % sur les films étrangers pour "sauver" Hollywood    Un séisme de magnitude 4,9 secoue le nord du Chili    Classement WTA : Ons Jabeur chute à la 36e place    Saïda Garrach : l'Etat juste est celui qui sanctionne, non celui qui justifie    À l'approche du pèlerinage, Riyad durcit le ton contre les violations des consignes    Guerre commerciale : Le Japan hausse le ton et conditionne tout accord avec USA à une révision totale des taxes de Trump    Tunisie – Bac 2025 : démarrage du bac blanc pour près de 144 000 candidats    Lors d'un entretien téléphonique avec le premier ministre Irakien : Saïed appelle à une position arabe unie face à l'occupant sioniste    Météo : Pluies localisées et baisse des températures au nord et au centre    Train Annaba-Tunis : une bonne nouvelle pour les familles et les voyageurs    Kaïs Saïed réaffirme son soutien à la cause palestinienne lors d'un échange avec le Premier ministre irakien    USA – Trump veut taxer à 100 % les films étrangers : une nouvelle offensive commerciale en marche    Ce que les astres vous réservent ce 5 mai 2025 : une journée sous le signe des choix    Foire du livre de Tunis : affluence record, mais ventes en baisse    Stand de La Presse à la FILT: Capter l'émotion en direct    Victoire capitale pour la Tunisie face au Kenya (3-1) en Coupe d'Afrique U20    Tunisie – Affaire de torture à la prison de Bizerte : le ministère de la Justice met fin aux rumeurs    Ligue 1 – 28e journée : Le CAB et le Club Africain dos à dos à la mi-temps    Fake news, crise des médias… Zied Dabbar propose un fonds pour protéger l'information professionnelle en Tunisie    Kasserine : saisie d'appareils 'Vip Pro Max' utilisés pour la fraude aux examens    Tunisie : 5 579 véhicules vendus sur le marché parallèle au premier trimestre 2025    Coupe de Tunisie de Handball : Où voir la demi-finale entre Club Africain et l'Espérance de Tunis ?    Un missile tiré depuis le Yémen s'écrase près du principal aéroport d'Israël    Aujourd'hui : les températures atteindront jusqu'à 37°C    L'Allemagne, première destination des compétences tunisiennes en 2025    Décès du journaliste Boukhari Ben Salah: Hommage émouvant du SNJT    «Mon Pays, la braise et la brûlure», de Tahar Bekri    France : un Prince qatari se baladait à Cannes avec une montre à 600 000 €, ça a failli mal tourner    Le chanteur libanais Rayan annonce sa guérison et rend hommage à la Tunisie    Décès du producteur Walid Mostafa, époux de la chanteuse Carole Samaha    Le Canal de Panama: Champ de bataille de la rivalité sino-américaine    Tunisie : Découverte archéologique majeure à Sbiba (Photos)    Gymnastique rythmique : la Tunisie en lice au Championnat d'Afrique au Caire    Drame en Inde : une influenceuse de 24 ans se suicide après une perte de followers    Nouveau communiqué du comité de l'ESS    La Liga: Le Rwanda désormais un sponsor de l'Atlético de Madrid    Foire internationale du livre de Tunis 2025 : hommages, oeuvres et auteurs primés au Kram    Décès de la doyenne de l'humanité, la Brésilienne Inah Canabarro Lucas à 116 ans    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La France change-t-elle de regard sur la diaspora tunisienne ?
La France et nous - Deux mois après les élections et les 30% de vote Ennahdha (sur 400.000 émigrés)
Publié dans Le Temps le 24 - 01 - 2012

Paris – Quartier métro Couronnes, dans le 11ème, fief historique de la diaspora tunisienne. Une Tunisie miniaturisée avec ses petits bars, ses vendeurs de casse-croûte au thon, et le vieux « Chibani » des beignets, une confusion joyeuse s'installe chaque jour renouvelée…
On est au pays et pourtant on en ressent la nostalgie. Le plus curieux c'est que quelques semaines après le vote du 23 octobre, les emblèmes et autocollants d'Ennahdha foisonnent et ne donnent guère l'impression de flétrir. On y croit. Mohsen est là depuis 88. Il est pâtissier, spécialisé dans les préparations orientales. « J'ai voté Ennahdha tout simplement parce que c'est le plus ancien opposant au régime. C'est ce que nous disaient ceux qui menaient campagne pour ce parti. Il y en a bien – parmi les Français, dont on ne sait qui les a chargés de le faire – qui sont venus nous dire qu'Ennahdha est un mouvement terroriste et que s'il gagnait les élections, la Tunisie vivrait des années de feu à l'algérienne avec le FIS, le GIA, l'Armée etc… Nous, on les a pas crus. Car, vous savez, nous, Tunisiens de France, pourtant bien intégrés, sans problèmes majeurs, ne savons pas beaucoup de choses sur notre pays. Mais tout ce que nous savons c'est que Ben Ali et sa femme se sont enrichis sur le dos du peuple et qu'il y a beaucoup de chômage ».
Tout se comprend. Le lien est évident. Les activistes d'Ennahdha, en France, sont très nombreux et ils l'étaient davantage du temps de Ben Ali. En tous les cas c'est bien en France qu'avait été scellée la sainte alliance Gauche/Ennahdha et d'ailleurs l'on ne comprend pas, aujourd'hui, que les uns et les autres ressentent ce qu'on appelle « la gêne de la gratitude » envers la France. Les dérapages de MAM leur auront été, sur ce plan, d'une aide providentielle.
Mahbouba Merchaoui, militante très médiatisée d'Ennahdha qui a supervisé la rédaction du programme d'Ennahdha à destination de la diaspora tunisienne de France expose sa stratégie en deux mots : « Nous avons insisté sur la dignité spoliée des Tunisiens ». Elle est, soit dit en passant, l'épouse d'un réfugié nahdhaoui depuis 82 et enseigne la philosophie et les sciences humaines à l'Institut européen des sciences humaines de Saint Denis.
Difficile de comprendre la logique de la déferlante nahdhaouie à Paris (30% de votants) à travers Belleville uniquement. Les sans-papiers, gravitant autour des consulats et ayant eu le droit de voter pour peu qu'ils bénéficient d'un justificatif de domicile crient haut et fort leur désarroi. Plusieurs d'entre eux sont passés par Lampedusa et s'ils votent Ennahdha c'est parce qu'elle leur a promis de leur régulariser leurs papiers. Chimères ? Un mois après les élections, ceux qui ont voté Ennahdha – pour une raison ou une autre – ne veulent pas céder au désenchantement. Ils croient mordicus en la sincérité et en l'efficacité du Parti de Rached Ghannouchi. En revanche, dès lors qu'on sort des espaces de concentration de la diaspora tunisienne, c'est à un autre son de cloche qu'on est confronté, dans les facultés, par exemple. A la Sorbonne III, Kh. et F. sont de fervents gauchistes. Mais, plus que cela, ils ne croient pas en un discours religieux dans les apparats politiques. Sur 13000 étudiants tunisiens en France,la plupart voient les horizons s'assombrir avec Ennahdha.
Z.E.H, professeur à la Sorbonne I s'attend même à un durcissement de la France vis-à-vis des Tunisiens. « Sur 400.000 électeurs, 30% ont voté Ennahdha. Les Français voient cela d'un mauvais œil. Et il se trouve, précise-t-il encore, qu'il y a un phénomène paradoxal : les Français n'étaient pas aussi inquiets du temps du GIA algérien. Aujourd'hui, ils le sont avec Ennahdha. C'est le communautarisme français qui commence à s'éroder. Et dans cette logique, la montée de l'islamophobie est comme une évidence géométrique ».
Faut-il partager ce pessimisme. Tout dépendra de deux facteurs : qu'Ennahdha ne tienne pas un discours double ; et que la France lui accorde le doute raisonnable et « protège » quelque peu la diaspora tunisienne contre les poisons de l'outrance et de l'extrémisme. Le pire de tout serait, en effet, que nos concitoyens ne soient déjà désignés comme enjeu électoral et comme bouc émissaire. Enjeu électoral dont le Front National sera l'arbitre. Bouc émissaire à une époque où, tout d'un coup, les révolutions arabes enclenchées par la Tunisie, ne soient perçues comme une damnation dans l'imaginaire collectif français. Et déjà, le ton est donné : les diplômés tunisiens de France ne sont plus certains de pouvoir briguer un job.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.