Le football est une leçon permanente d'abnégation et de don de soi. Le souvenir peut-il être trompeur? L'Etoile, c'était mieux avant? En football, mieux vaut ne pas trop se gargariser de mots, et celui de nostalgie peut être trompeur. Ne serait-il pas justement préférable de parler des choses qui touchent davantage à la vérité du terrain loin des discours qui se répètent à chaque fois que l'équipe rate une échéance ou un rendez-vous avec l'histoire. Cela défie de nombreuses logiques. Mais pas celle de la sérénité dont aurait justement besoin aujourd'hui l'équipe du Sahel, sensible, il est vrai, au courage, à la volonté et à la détermination, de ses différents acteurs. Les leçons n'ont jamais été retenues. Il est grand temps, avant que ce ne soit trop tard, que l'on parvienne à se situer et à comprendre. Comprendre comment gérer un club, comment résister à la pression. L'ESS a certainement besoin de se remuer, mais elle se doit de rester bien disposée. Un paradoxe, pourtant. Pourquoi elle ne réussit pas toujours à grandir et à s'élever? On n'achète pas une place, une crédibilité au supermarché, mais en ayant la fierté de porter le maillot du club et d'appartenir à une institution. Tout cela, ça ne se décrète pas du jour au lendemain. C'est une question d'état d'esprit. Ce qu'il y a de beau dans le football, c'est qu'il va au-delà de ce qui est permis et qu'il est une leçon permanente d'abnégation et de don de soi, mais c'est aussi un repère de moralité. C'est dire à quel point la famille étoilée devrait avoir une profonde conscience de la réalité. Et lorsque les différentes parties prenantes en prendront la mesure, elles sauront certainement qu'elles sont là pour faire honneur à l'histoire d'une véritable institution. C'est-à-dire à la fois leur éducation, leur sens du devoir et de la responsabilité. En un mot, la chance d'appartenir à un grand club. Où en est l'Etoile d'aujourd'hui dans tout cela? Pour bien en prendre la mesure, il convient d'analyser trois indicateurs essentiels: l'aptitude des joueurs, leur sens de la compétitivité et l'environnement dans lequel ils sont tenus d'évoluer et de s'exprimer. Ici et là, on ne peut retenir que des défaillances qu'on n'arrive pas à combler depuis le temps qu'elles avaient commencé à se propager. Un club sans réflexion L'évolution du club reste encore tributaire des humeurs de certains dirigeants qui ne prennent pas conscience des stratégies et des méthodes à mettre en exécution. Il n'est pas question ici d'instruire le procès généralisé du système qui ne semble pas jusqu'ici favoriser une gestion saine et un savoir-faire évident. Nous souscrivons à des remarques fondées sur une observation objective de la réalité. Elles s'inscrivent malheureusement dans une histoire ancienne et une réflexion éternellement renouvelée. Il reste constamment sous-jacent cette tentation de négliger les véritables besoins du club et véritable respiration du football. L'Etoile s'égare donc encore une fois au moment où elle devait pourtant accéder à un nouveau palier, prendre une plus grande dimension. Sur les détails, il y a lieu de s'inquiéter à la vue de l'incapacité du club à retrouver sa place de prédilection. C'est la perte non seulement du cap symbolique du club, mais aussi de stratégie, de programmes et d'idées susceptibles de faire avancer les choses. Les problèmes, les défaillances concernent tout un groupe, des individualités, des noms, des aptitudes et des compétences. Il faut dire que l'avertissement ne se faisait pas attendre. L'idée que le club devait être replacé à sa juste valeur ne date pas d'aujourd'hui. Les véritables besoins et impératifs jusqu'ici ignorés, il est vrai sous l'effet d'arguments erronés et déplacés, ont fait que l'on continue à se tromper non seulement de priorité, mais aussi de conjoncture et de contexte. Les démissions en série de plusieurs membres du bureau directeur, les sit-in des supporters, les marches de protestation qui sillonnaient les artères de Sousse, les plaintes déposées au tribunal, la crise financière confirment la trajectoire déclinante du club. Celle-ci aurait dû soulever, bien avant que la crise ne prenne une pareille dimension, une véritable prise de conscience de la part de toutes les parties concernées et favoriser un esprit de solidarité au sein du club. La confusion qui avait régné ces derniers temps est aussi la conséquence d'un manque évident de stratégie. Les dépassements des uns, les accusations des autres ont compliqué davantage la situation. Plus qu'un constat, c'est une évidence qui ne trompe guère. Mais de manière encore plus précise, c'est à se demander si le club ne sait plus vraiment gérer son quotidien, ou contenir la situation? Si ce n'est pas aussi et davantage une question de choix et d'appréciation qui arrivent à manquer là où il lui fallait pourtant dépasser les querelles qui ne semblent mener à rien? Si ce n'est finalement aussi une confusion dans la définition des rôles et des priorités? C'est flou, c'est mou!... Le malaise perçu ici et là n'est pas seulement d'ordre administratif et technique. Mais aussi et surtout de tout un environnement. Beaucoup de choses ne tournent pas rond. Sur le terrain, mais également là où se conçoit et se décide l'avenir du club. Si les joueurs donnent l'impression de ne pas être suffisamment entreprenants sur le terrain, les dirigeants le sont encore davantage là où ils semblent de plus en plus manquer de sérénité et d'homogénéité. On dit souvent que le match le plus douloureux, c'est toujours la dernière défaite. Ça, c'est le jargon des terrains. Dans les bureaux, il en va certainement de même pour les responsables étoilés. Les mauvais moments ne peuvent-ils pas justement constituer une opportunité pour mieux rebondir? Le talent, mais aussi la sagesse, c'est aussi la faculté de rebond. Il est évident qu'un nouvel ordre s'impose, ne serait-ce que pour retrouver une certaine lisibilité plus que jamais perdue. Et c'est précisément pour cette raison que les dirigeants ont intérêt à revoir les paramètres de la vie sportive en termes de certitudes et de convictions, mais aussi de potentiel humain. D'une certaine culture de la réussite, de la durée et de la persévérance. L'Etoile devrait éviter d'être accessible à tel ou tel relâchement. A une direction et à une gestion du club de bas étage. L'ESS se doit forcément de changer, d'évoluer et, pourquoi pas, d'apprendre de nouveau. Tel est le destin des grands clubs qui doivent avancer, non pas droit et sans perturbations, mais également sous les effets des contraintes et des pressions. Le plus important est qu'ils restent bien debout pour guetter l'avenir qui vient et le passé qui s'en va...