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Economisons nos devises et épargnons nos dinars
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 09 - 2012


Par le Colonel( r ) Boubaker BENKRAIEM *
Toutes les révolutions populaires ont de nobles objectifs (liberté, démocratie, suppression de la dictature) mais provoquent des remous, des difficultés, des troubles et des perturbations dans la vie économique et sociale. C'est ce que nous avons vécu et que nous vivons encore aujourd'hui dans notre pays : cet air de liberté, la disparition de la violence de l'Etat qui est le seul capable d'imposer et de maintenir l'ordre public, ce changement rapide et souvent brutal dans les rapports entre les gens, font que le comportement de tout un chacun, par besoin ou par esprit de revanche sur les abus ou les malheurs du passé, est transformé dans un sens comme dans l'autre. En effet, la peur ayant disparu, l'Etat perdant de son prestige, de son autorité, de sa force et de sa présence, tout devient possible : des demandes, parfois inimaginables, aux patrons des usines d'augmentations de salaires souvent exagérées, des slogans incroyables deux ans plus tôt, des sit-in devant les entreprises ou les services de l'Etat pour exiger un recrutement ou une demande d'embauche, et parfois incendie des moyens de production, de transport et même des camions spéciaux pour le ramassage des ordures, ces moyens spéciaux importés coûtant des centaines de milliers de dinars, le tout faisant vivre des milliers de personnes. Ce comportement a, forcément, un rapport direct avec le niveau intellectuel, civique et social de cette catégorie de nos concitoyens qui, en participant à tous ces mouvements de protestation, de sit-in et d'actes répréhensibles, pense se venger du destin qui ne les a pas bien servis.
Compte tenu de tout ce qui précède, notre pays doit faire face, et en même temps, du point de vue économique et social, à d'énormes défis : lutte contre le chômage, lancement de projets dans les régions déshéritées, suppression des inégalités, amélioration de l'infrastructure, remise en état des établissements et usines qui ont été endommagés durant la révolution, etc. De ce fait, il a besoin d'économiser le moindre dinar et de préserver les deniers de la communauté, dans le but d'essayer de faire face aux besoins qui sont énormes tellement les demandes sont importantes, d'une part, et, d'autre part, de réaliser, au moins partiellement, quelques-uns des objectifs de la révolution. Je pense qu'il existe un domaine qui peut permettre à l'Etat de réaliser d'énormes économies et davantage de devises : c'est celui du transport. Celui-ci est présent dans toutes les activités qu'elles soient économiques, sociales ou politiques. D'autre part, il est varié et souvent coûteux. J'ai vécu, il y a près de vingt-cinq ans, une expérience insolite et très intéressante et je voudrais la rapporter dans le but d'en faire profiter les chefs d'entreprises publiques et privées, les responsables du gouvernement et même les particuliers.
Je connais un camarade de promotion, un colonel qui, après avoir été formé dans les plus grandes écoles militaires occidentales et après avoir assuré d'importants commandements dans l'Armée, a été désigné président-directeur général d'une société nationale dépendant du ministère de l'Agriculture. Elle était destinée à accomplir des travaux agricoles au profit des petits agriculteurs, ceux dont le patrimoine agricole ne leur permet pas d'acquérir, pour leurs besoins propres, des engins agricoles dépassant leurs moyens financiers. Cette société avait aussi pour mission, dans un but évident de protéger ces petits agriculteurs de l'hégémonie et du bon vouloir des gros propriétaires terriens, de réguler les prix des travaux et des services agricoles (labour, semailles, défonçage, moisson, etc.).
Cette société était implantée au Nord et au Centre du pays et avait une quinzaine de délégations réparties dans les zones de grandes cultures. Son organigramme comprenait près de mille employés (conducteurs d'engins, cadres administratifs, techniciens et ingénieurs). Elle disposait de cent tracteurs agricoles parmi l'une des meilleures marques du monde (le tracteur allemand Fendt) dont quatre-vingt étaient en panne sérieuse. Toutefois, l'Etat, dans un but de soutien à cette importante entreprise, lui a fourni un crédit lui permettant l'acquisition d'une trentaine de tracteurs
Ayant été très proche de ce colonel, j'ai été le témoin privilégié d'une expérience exceptionnelle. Comme elle a eu des résultats très positifs et même remarquables, je pense qu'elle est toujours d'actualité, qu'elle peut rendre d'énormes services à notre pays qui a tant besoin de toutes les bonnes idées. Dieu nous a pourvus d'un cerveau, siège de l'intelligence humaine et celle-ci est développée selon la culture, l'enseignement reçu, l'expérience acquise et les dons innés.
Mon camarade avait plusieurs défis à relever : d'abord, démontrer que l'officier supérieur a, grâce aux stages effectués, ici et là (académie militaire, cours de capitaines, stage d'état-major, Ecole supérieure de guerre) une formation polyvalente lui permettant d'avoir la capacité de remplir des fonctions extramilitaires, dans beaucoup de domaines, ensuite d'éviter à cette société la faillite et permettre ainsi à ce millier d'employés de sauver leur gagne-pain, et enfin de remettre cette entreprise nationale en état de participer au développement de l'agriculture de notre pays et par là-même, à l'autosuffisance alimentaire nationale.
La société ne peut être en mesure d'accomplir sa mission et d'assurer l'équilibre de ses finances qu'en employant, au moins, quatre vingt dix pour cent de son potentiel, c'est-à-dire un minimum de quatre vingt dix tracteurs opérationnels. En tenant compte du fait qu'elle ne disposait, à ce moment là, que de vingt tracteurs en assez bon état de fonctionnement et des moyens financiers lui permettant d'acquérir une trentaine d'engins, le compte nécessaire et suffisant était loin d'être atteint. Et la recherche d'une solution radicale devenait évidente.
Après avoir longuement discuté avec ses collaborateurs, il a eu l'idée ingénieuse suivante : au lieu d'acquérir seulement 30 tracteurs, il a prévu de :
1- rénover et rendre opérationnels les 80 tracteurs hors service, soit une capacité de travail deux fois et demie celle des 30 tracteurs prévus,
2- renforcer l'expertise et le savoir-faire du personnel technique de la société,
3- renforcer les capacités des ateliers en équipements techniques (utilisés lors de la rénovation).
Pour ce faire, il devait avoir l'aval du conseil d'administration. Celui-ci, comprenant une dizaine de grands commis de l'Etat, en l'occurrence des directeurs-généraux appartenant aux différents ministères concernés (Premier ministère- ministères de l'Agriculture, des Finances, du Plan, Union des agriculteurs, etc.), était composé de cadres remarquables à tous les points de vue (expérience, responsabilité, sérieux et abnégation). Celui-ci a été rapidement convoqué à cet effet. Il n'a pas fallu beaucoup de temps au président-directeur général de la société, pour convaincre le conseil d'administration d'avaliser son projet relatif à l'opération «rénovation des tracteurs hors service» pour panne avancée. Celui-ci lui donna carte blanche. C'est alors que, sous son impulsion, ses collaborateurs entreprirent un travail d'état-major remarquable :
4- Une commission a été, aussitôt, désignée :
4-1pour établir une liste des besoins en pièces détachées nécessaires à la réparation des quatre vingt tracteurs ainsi qu'une petite réserve,
4-1-2- pour se rendre, en Allemagne, chez le fournisseur en vue de :
4-1-3- négocier, étant donné l'importance de la quantité de pièces devant être acquises, de la valeur de la remise sur ces pièces,
4-1-4- obtenir l'accord du fournisseur pour le détachement, d'une manière gratuite, d'un ingénieur durant une période de six mois, pour superviser les premières opérations de rénovation.
5- Un local approprié à cette opération a été réservé et aménagé.
Cinq jours après l'arrivée de la commission en Allemagne et après avoir longuement «marchandé», le montant de la remise, le PDG, qui n'a pas dirigé cette mission, ayant préféré la laisser aux soins des directeurs technique et commercial, a reçu, de la part du chef de la commission, les propositions du fournisseur qu'il a aussitôt entérinées:
a- Une remise de vingt-cinq pour cent sur la valeur des pièces détachées,
b- La présence pendant six mois, et gratuitement, d'un ingénieur qui dirigera les premières opérations et formera les personnels adéquats.
Cette initiative nécessita, bien sûr, la mobilisation de toute la direction générale et d'une bonne équipe d'ingénieurs de la société. Le P.D.G. étant lui-même concerné, en premier lieu, par cette question, il va sans dire que l'ambiance de travail a pris l'allure d'une troupe organisée, bien disciplinée et laborieuse.
Un mois plus tard, et grâce à différentes interventions auprès du fournisseur, tout d'abord, pour l'expédition urgente des pièces et ensuite auprès des douanes pour la franchise rapide de ce matériel, l'ingénieur allemand entreprit le démarrage de l'opération «Renovation». Deux semaines plus tard, les premiers tracteurs rénovés ont été remis aux utilisateurs : ces engins ont été entièrement repeints, leur moteur révisé, leurs pneumatiques remplacés et une cabine de protection du conducteur installée. Six mois s'étaient écoulés pour que l'opération soit totalement achevée. Les tracteurs avaient tellement un aspect neuf qu'une fois, un garde national, au cours d'un contrôle de routine, envoya à la fourrière un tracteur lui semblant neuf parce qu'il présentait une vieille carte grise. Il a fallu lui expliquer le pourquoi de la chose pour qu'il comprenne les raisons de cette «anomalie».
L'opération ne dura que six mois et les résultats dépassèrent toutes les espérances : la société reprit son souffle et sa vitesse de croisière : les banques commencèrent à la courtiser, les crédits devinrent, miraculeusement, disponibles et le moral du personnel était au beau fixe.
Je suis convaincu que notre pays peut économiser des dizaines de milliards si pareille opération peut être entreprise par les sociétés nationales et régionales de transport et de travaux qui doivent avoir des milliers de véhicules de tout genre dans les cimetières appropriés (car, autobus, camions, semi remorques, véhicules utilitaires, engins de travaux, etc.).
Je suis persuadé aussi que pareille opération peut intéresser plusieurs secteurs d'activité et peut engendrer d'énormes économies, économies dont les finances publiques ont grandement besoin, dans cette période délicate que traverse notre pays.
Cette opération serait encore plus rentable si elle était centralisée chez un seul maître d'œuvre tel que le ministère du Transport ou celui de l'Equipement qui, l'un comme l'autre, utilise beaucoup de moyens de transport dont des engins fort coûteux. Il est peut-être utile de rappeler que le ministère de la Défense a déjà une longue expérience bien réussie dans le domaine de la rénovation de ses moyens auto et engins de différents types.
A ce propos, Dieu seul sait combien de véhicules de transport et d'engins de travaux, appartenant aux différents organismes publics, actuellement abandonnés parce qu'en panne ou en état d'usure avancée et qui pourraient bien être remis en état de fonctionnement pour de nombreuses années, s'ils faisaient l'objet d'une rénovation.
Il va sans dire que par le passé récent, pareille opération de «rénovation» n'aurait pas, pour les raisons qu'il n'est pas difficile de deviner, intéressé grand monde. Par contre, par les temps qui courent et parce que notre pays n'est pas dans ses meilleures dispositions financières et parce que nous avons besoin de faire le maximum d'économies, la moindre idée, dans ce sens, serait la bienvenue et devrait intéresser et les pouvoirs publics, et les entreprises nationales ainsi que les particuliers. Tous les départements ministériels sont concernés et il ne serait pas inutile que MM.les ministres sachent le nombre de véhicules en tout genre de leur département qui ont été classés «HS» c'est-à-dire hors service au cours des cinq dernières années.
Cependant, je voudrais relater, pour l'histoire, un évènement se rapportant au domaine du transport, et qui eut lieu tout juste après l'indépendance de notre pays, en 1956. Et avec le respect que je dois à nos anciens, les pères fondateurs de l'Etat tunisien moderne, je veux démontrer, par ce qui va suivre, que le manque de discernement n'a pas d'époque. En effet, très peu de temps après la proclamation de l'indépendance, il a été décidé de supprimer les tramways, cette réalisation évoquant la colonisation. Faut-il quand même rappeler que nous avions, à ce moment là, cinq lignes de tramway : la ligne N°2 desservant Bab Saâdoun, la 3 pour le Bardo, la 4 allant jusqu'à la Manouba, la 6 desservant l'Ariana et je crois que la 5 allait jusqu'à Dubosville (actuellement Jebel Jloud). Lorsque la décision officielle de suppression de ce mode de transport a été prise, un ingénieur français de la compagnie suggéra aux autorités tunisiennes de ne pas démonter les rails et de les sauvegarder en les intégrant dans la chaussée, par une couche de béton, pour les utiliser plus tard, en cas de besoin. Il n'a pas été, malheureusement, écouté, cette idée venant d'un « colonialiste ». Les rails ont été arrachés et nos tramways ont été vendus au Portugal. Je les ai vus circuler à Lisbonne dans les années 90. Quant à nous, nous avons réintroduit, trente-cinq ans plus tard, ce même mode de transport, sous l'appellation moderne de «métro».
* (Ancien sous-chef d'état-major de l'Armée de terre)


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