En l'absence de son fondateur et Président-directeur général, M. Jallel Ben Aissa, parti de manière inopinée à l'étranger lorsque le Groupe, sur-endetté, s'est trouvé dans l'incapacité de faire face à ses engagements, Inesfood a été placé sous administration judiciaire confiée à M. Salah Dhibi- avec pour objectif de tout faire pour assurer la continuité du Groupe et éviter la perte de plusieurs centaines d'emplois, donc une catastrophe à la fois économique et sociale. Les anciens actionnaires n'étant plus en mesure de continuer à mener la barque, la cession devenait inévitable. Une première société Maghreb Food- a été cédée en mars dernier au Groupe Bellagha (bâti autour de la société l'Appétissante, produisant les célèbres biscuits Tom). Puis ce fut le tour de la Société Centrale Laitière Tunisienne et de l'Arab Food Industrie pour lesquelles un appel d'offres pour la «location puis cession» a été lancé le 3 mai dernier. Plusieurs candidats, et pas n'importe lesquels, se sont proposés comme repreneurs, dont en particulier les groupes Mohsen Hachicha, SFBT, Meddeb (Délice Danone), etc. Mais deux plus importantes sociétés du Groupe Inesfood (qui en compte une vingtaine) sont tombées dans l'escarcelle de deux groupes qui n'étaient pas jusqu'ici présents dans l'industrie du lait et dérivés et qui se sont associés pour la circonstance. Il s'agit des groupes Béchir Doghri (opérant dans l'industrie plastique, transformation de marbre, chimique, commerce de machines agricoles, immobilier) et Béchir Ben Jemaa (importation et vente de tracteurs agricoles, véhicules tout terrain, matériel de transport, engins de travaux publics et pièces détachées, télémarketing, textile, industrie plastique, agriculture et immobilier). Le Tribunal de première instance de La Manouba a en effet décidé, le 24 mai dernier, de céder la Société Centrale Laitière Tunisienne et de l'Arab Food Industrie à la Société Tunisienne pour le Lait et Dérivés (L.T.D.), une société anonyme au capital de 4 millions de dinars, créée par les groupes Doghri et Ben Jemaa «afin d'éviter à avoir à traîner des noms négativement connotés», explique M. Salah Dhibi, administrateur judiciaire du groupe Inesfood. Cette cession prend la forme d'une location pour une période de deux ans à compter du 1er juillet 2005. Créée en 1988, ce groupe a cru à un rythme soutenu et semblait bien lancé pour devenir l'un des principaux opérateurs de l'industrie du lait et dérivés. Surtout après avoir noué en 1996- un partenariat avec le français Sodiaal, et racheté -en 2001- la Laiterie du Nord-Ouest (Laino), qui a été la première à introduire le lait frais dans le secteur du lait stérilisé en bouteilles, au début des années 90. Inesfood Group comptait jusqu'en 2001 plus de vingt entreprises opérant principalement dans les différents segments de l'industrie agroalimentaire (lait et dérivés, conserves). Mais en cette année-là, le Groupe a connu un mouvement de restructuration qui s'est traduit par la fusion-absorption entre certaines de ses entreprises. En particulier, la Centrale Laitière Tunisienne a absorbé cinq sociétés (Inesfood Distribution, Centrale Laitière du Nord «Celainord», Générale Laitière, Nutrafood et Société Arab d'Investissement et de Financement «SAIF»).