Par Béchir SIFAOUI Quand les membres de l'ANC ont été élus, on a pensé qu'ils avaient pour mission essentielle la rédaction d'une nouvelle Constitution pour notre pays et qu'ils allaient se mettre rapidement au travail. Or, dès le lendemain des élections, l'enjeu était devenu d'abord d'installer un gouvernement, non pas d'union nationale, mais dominé par le(s) parti(s) vainqueur(s) après consultation du peuple. Seulement, on a perdu énormément de temps pour former ce gouvernement, les tractations dans les coulisses n'ayant pas été faciles du tout, chacun tirant la couverture de son côté. On sait lequel des nombreux partis qui a remporté le gros lot ! Et c'est logique dans un pays qui se veut démocratique ! Une «Troïka» s'est constituée et a pris les pleins pouvoirs car majoritaire à l'Assemblée nationale constituante. Tant mieux pour la clarté de la gouvernance. Mais force est de constater que plus le temps passe et plus on s'aperçoit qu'on s'empresse, du côté du gouvernement, de parachuter de nouveaux responsables à la tête des institutions de l'Etat au triple niveau administratif, politique et économique. C'est le cas de la région de Bizerte où on n'arrête pas de procéder à des désignations en permanence. Depuis le 14 janvier 2011, on a connu à Bizerte trois gouverneurs, deux délégations spéciales à la municipalité, cinq délégués (entre Bizerte-Nord, Bizerte-Sud et Zarzouna) et autres nominations de P.-d.g. et de directeurs régionaux (santé...). On n'est pas contre l'alternance, mais on la prône quand elle est nécessaire ! En voulant changer à tout prix pour changer, on dessert le pays. Cette instabilité ne permet pas le décollage. Au contraire, elle sème la confusion. Et puis on ne peut pas, on ne doit pas tout changer en si peu de temps même si on est assoiffé de pouvoir ! Ce qui urge ce n'est pas la «chasse aux sorcières» mais c'est la rédaction de la Constitution pour repartir sur de bonnes bases. Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. La Tunisie appartient à tous les Tunisiens ! Qu'ils soient de gauche, de droite, hommes, femmes, athées, croyants, riches, pauvres, du Sud ou du Nord... On désire une Tunisie harmonieuse sans plus ! Mais attention, à vouloir trop embrasser, on risque fort de mal étreindre !