Par Mohamed LAHBIB STA Nul besoin de rappeler ici que la révolution du 14 janvier s'est spontanément déclarée dans toutes les régions du pays suite à l'acte courageux du martyr Bouazizi, qui est allé jusqu'au sacrifice de sa vie. Pour refuser l'oppression humiliante et rejeter l'injustice criante. Du coup, un embrasement jaillit pour se répandre dans toutes les régions du pays. Résultats immédiats : l'ordre de l'ancien régime s'ébranla et les piliers bâtis sur la dictature aussi. Puis, sans tarder, ce fut le tour des privilégiés ostensibles, des corrupteurs sans scrupules, et enfin des intouchables, sans pitié, du sultan déchaîné et sans barrière morale. Ces derniers mordaient, à belles dents, dans les richesses, réduites, du pays déjà pressé comme un citron. Le peuple était las du règne du dictateur et principalement les jeunes qui, pour vivre, tiraient le diable par la queue. Ceux de l'intérieur, en dépit de leurs diplômes supérieurs, faisaient les «hittistes», selon l'expression du célèbre journaliste Tawfik Ben Brik. D'autres passent une partie de leur tendre jeunesse à attendre vainement une réponse favorable à leurs demandes d'emploi. Cette réponse pouvait venir, et ne pas venir. L'attente se poursuivait lente, pesante, et parfois interminable. Leur situation déjà affligeante ne faisait que s'accentuer, et durer. La révolution du 14 janvier Enfin arriva l'heureuse révolution de la dignité et de la délivrance. L'espoir donc renaît. Le vent de la liberté souffle, non seulement sur la Tunisie mais aussi sur le monde arabe. Elle peut et doit réussir, si l'on sait se conduire comme il se doit pour diriger notre barque à bon port. Bon début. La nouvelle Constitution Sans me hasarder à pénétrer dans le dédale inextricable du droit constitutionnel, je suggère, à mon humble avis, une Constitution neutre, moderne, bref, fille de son temps. Je souhaite qu'elle soit le fruit d'une mûre réflexion et le produit de deux facteurs majeurs dont le moindre sera le dévouement à la patrie. S'y ajoute aussi l'amour de servir autrui, et non pas de s'en servir, pour réaliser des intérêts étriqués, égoïstes et en total désaccord avec l'intérêt supérieur de la nation. La beauté d'une Constitution… Sans nul doute, la beauté d'une Constitution, et de toute autre Constitution d'ailleurs, dépend, en grande partie, de ceux qui vont l'élaborer : du degré de leur honnêteté, on pourra en juger la valeur et le contenu. A bien y regarder, on s'aperçoit sans peine que la beauté d'une Constitution n'est certes pas dans sa rédaction savante, elle n'est pas dans son caractère démocratique ni encore dans le nombre de ses lois constitutionnelles; elle est plutôt dans son application par les gouvernants. Elle est surtout dans le fait de ne pas rester lettre morte et en termes plus clairs, un corps sans âme. S'il y a amendement, ou révision selon l'évolution de la société, on devra faire appel à un référendum populaire. Et là, c'est le peuple qui est le détenteur de la souveraineté. Cette nouvelle Constitution, tant attendue, devra être à l'abri de tout tripotage pour parvenir à des ambitions ténébreuses et loin de la folie, de tous hommes politiques d'humeur capricieuse, y compris le chef de l'Etat. Après la révolution du 14 janvier, le peuple, et précisément la jeunesse, est tout yeux et tout oreilles pour qu'il ne soit pas de nouveau le dindon de la farce, d'une part, et pour que la nouvelle Constitution ne subisse pas le sinistre sort de sa défunte sœur, d'autre part. J'y crois fort.