• “Nous participerons à un gouvernement d'intérêt national” A une semaine du rendez-vous électoral de la Constituante du 23 octobre courant, Mustapha Ben Jâafar, secrétaire général du Front Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL), plus connu sous le nom Ettakatol, a donné des éclairages sur les intentions de son parti après les élections. Après un vibrant hommage rendu aux héros de la bataille de l'évacuation contre l'armée française à Bizerte, Mustapha Ben Jâafar rappelle que la Tunisie s'apprête à vivre, dimanche prochain, un moment historique avec les premières élections démocratiques et plurielles qui jetteront les bases de la nouvelle Tunisie. Pour que ces élections réussissent, il appelle « toutes les forces politiques en compétition à respecter la règle du jeu et la morale dans leurs rapports les uns aux autres », sans oublier les organes d'information qui doivent faire preuve de rigueur, de neutralité et de responsabilité. L'étape actuelle est très sensible, il vaut mieux éviter les provocations du sacré et tout ce qui est de nature à perturber le climat électoral. Durant l'année qui suivra les élections, Ettakatol, comme toujours, campera sur ses principes et son projet de société moderniste, la sauvegarde des acquis, l'égalité hommes-femmes, les libertés… Ce sont des positions en harmonie avec la société tunisienne connue pour sa modération. En cette période de campagne électorale, certains veulent exploiter la situation pour diviser le pays sur la question de l'identité. D'autres travaillent en secret pour saborder la transition démocratique parce qu'ils ont peur des règlements de compte après le 23 octobre. Mustapha Ben Jâafar est contre la chasse aux sorcières et espère que le pays passe le plus vite possible à une réconciliation sérieuse après les procès de ceux qui ont causé du mal au pays. Allant contre le courant général, Ettakatol, considère que « le jour où démarreront les travaux de la Constituante, tout va changer ». Ettakatol qui a été le premier parti à présenter son programme et ses finances, étaye ce qu'il compte faire après le 23 octobre. « Malgré toutes les rumeurs, nous disons qu'il n'y a pas d'alliances ni avant ni après les élections, ni avec Ennahdha, ni avec une autre force politique », dira Mustapha Ben Jâafar. Le 23 octobre, face à 1600 listes, l'électeur aura déjà du mal à se retrouver, raison de plus pour ne pas lui compliquer davantage les choses avec des alliances. Le 23 octobre la carte politique sera conforme à la réalité. Après cette date la Constituante aura deux missions à ne pas confondre. La première est la rédaction de la Constitution. Dans ce domaine « nous défendrons avec force notre projet moderniste et de libertés, dans le cadre de notre identité arabo-musulmane et ouverte, ainsi que la consolidation des acquis pour plus de libertés et de justice. Là il y aura des débats point par point. Dans chaque cas Ettakatol sera d'accord avec les uns et une autre fois avec les autres. La deuxième mission qui se présente après le 23 octobre concerne la direction des affaires du pays. La Constituante va élire un président qui nommera un chef de gouvernement. Ce gouvernement qu'Ettakatol, qualifie de « Gouvernement d'intérêt national » auquel il compte y participer aura comme priorités d'assurer la sécurité, la stabilité sociale et d'éviter tout ce qui peut perturber le travail de la Constituante, durant une année. « La composition de ce gouvernement doit être le résultat d'un consensus le plus large possible », dira le secrétaire général d'Ettakatol qui considère que le consensus est le meilleur scénario qui permet au pays d'éviter la bipolarisation. Ce qui n'exclut pas Ennahdha au cas où le peuple la choisit. Il considère que le gouvernement prochain ne doit pas répondre aux critères classiques minorité et majorité, car le pays passe par une situation spéciale pleine de dangers. Après une année et l'adoption d'une nouvelle Constitution, nous aurons des élections. A ce moment le schéma classique majorité minorité pourra être appliqué. Le monde entier observe la Tunisie qui doit devenir un modèle grâce à des élections transparentes, démocratiques qui ne souffriront pas de remise en question. Le peuple tunisien qui a des traditions de modération n'acceptera pas le retour en arrière. Il faut que la volonté de rupture avec l'ancien régime soit claire. Ettakatol est contre un gouvernement de technocrates, tout en reconnaissant que le pays a besoin d'eux. La responsabilité politique doit revenir aux hommes politiques. Mustpaha Ben Jâafar considère que la meilleure solution pour le pays est « l'unité pour une année ». Rappelant qu'il n'a pas d'ennemis mais des adversaires, Mustapha Ben Jaâfar est très optimiste pour les résultats du 23 octobre. Il ambitionne et vise pour son parti d'être à la première place. « Progressivement, l'expérience pédagogique de la démocratie s'approfondira. Et la Tunisie ne ratera pas son virage historique », conclura –t-il.