La tombe de Hafsia Berthe Taïeb, enterrée au cimetière juif du Borgel le 8 février 2011, vient d'être vandalisée, selon sa fille Muriel Bessis. Cet incident odieux a été découvert mercredi dernier lors d'une visite rendue par Mme Bessis à la dépouille de sa mère en signe d'un amour parental intarissable et d'une constante gratitude à celle qui a tant milité, de son vivant, pour l'éducation et l'encadrement de ses quatre enfants, comme aime à dire notre interlocutrice. «Mercredi dernier, plus précisément dans l'après-midi, je me suis rendue au cimetière afin de me remémorer des moments glorieux vécus avec une mère connue pour sa générosité et sa philanthropie, lesquelles font encore parler d'elle. Toutefois, un fâcheux contretemps était de la partie pour que ma surprise et mon malheur soient énormes, et ce, à la vue de l'état de son caveau. La tombe était, en effet, en total délabrement. J'ai également remarqué la disparition des quatre chapiteaux en marbre que j'ai récemment installés. Du coup, j'ai réalisé qu'il était question d'un vol. Mais ce qui m'a attristé le plus, était beaucoup plus l'état du sépulcre». Mme Bessis qui s'est dite profondément choquée de cet acte de profanation à l'égard d'une personne morte a également fait remarquer que l'incident aurait été encouragé par l'indifférence et la passivité des gardiens des lieux. De ce fait, elle appelle à une plus grande mobilisation de la part des parties concernées pour mieux protéger les morts : «C'est désolant parce que dans toutes les religions du monde et notamment dans le Coran, il y a la sourate 102 qui dit que pour protéger les morts, il faut protéger les cimetières. D'ailleurs, ça a été toujours un sacrilège de toucher à une tombe». Sur un ton de désenchantement et d'un goût d'amertume, Mme Bessis a fait également observer que la dame qui a tenu sa promesse de ne plus quitter la Tunisie, celle qui s'inquiétait du petit marchand installé au coin de sa rue : s'il va tout vendre et s'il va pouvoir nourrir sa fille, la dame qui partageait avec tous ceux qui l'ont connue les mêmes valeurs humaines : sincérité, générosité et honnêteté, a été souvent la cible des vandales et continue de l'être après sa mort. «Ma mère qui a tant aimé sa patrie est encore malmenée, même après son décès. Cela m'est intensément poignant. J'espère que l'on est conscient de la gravité d'un tel sacrilège pour y faire il face», a-t-elle réclamé. De son côté, Saâd Haddad, gardien du cimetière depuis 1959 et retraité en 2000, a noté que le cimetière est depuis quelque temps sans gardien, après le départ, respectivement, de deux Marocains engagés par la direction de la communauté juive en Tunisie. Il a de surcroît fait observer que des incidents pareils ont déjà eu lieu, sans pour autant provoquer de grandes polémiques. L'homme logé par la communauté depuis la date de son embauche (dans une maisonnette sise à l'entrée du cimetière) a, en outre, affirmé que la tombe en question était remarquablement ornée, au point d'attirer les regards et d'intéresser les voleurs. Force est de constater, par ailleurs, que le vice-président de la communauté juive en Tunisie a déposé une plainte au poste de police concerné, comme il a adressé une autre requête au ministre de l'Intérieur, au nom de la communauté juive. Contacté par téléphone, M.Khalifa Atune a précisé que l'incident a eu lieu dans un cimetière juif. C'est pourquoi il a porté plainte au nom de la communauté. «A mon niveau, j'ai fait le nécessaire suite à un acte de profanation non toléré par toutes les religions du monde. J'espère que Mme Bessis portera, à son tour, une plainte à titre personnelle afin de mieux pousser l'enquête et faire face à ce genre de dépassements».