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100% Juifs, 100% Tunisiens
Publié dans Leaders le 06 - 05 - 2012

La condamnation a fini par être ferme et les gestes d'apaisement et d'assurance n'ont pas manqué de se multiplier. Les propos antisémites proférés à maintes reprises par des salafistes ont non seulement ébranlé la communauté juive mais aussi interpellé nombre de Tunisiens. Cela avait commencé début janvier, lors de la visite à Tunis du chef du Hamas, Ismail Henyah.
Massés le 5 janvier devant l'aéroport pour l'accueillir, des extrémistes religieux n'avaient pas hésité à scander des slogans antijuifs. Trois jours après, le chef d'Ennahdha, Rached Ghannouchi, a dénoncé ces agissements «qui ne sont pas conformes à l'esprit de l'islam», et cherché à les minimiser, les attribuant à «un groupe d'individus dont le nombre dépasse pas celui des doigts d'une main».
Il rappelle avoir reçu, dès le lendemain des élections, le chef de la communauté juive en Tunisie, Roger Bismuth, venu lui présenter ses félicitations et «appelle tous les Tunisiens et Tunisiennes, Musulmans, Juifs et Chrétiens, à être solidaires et à préserver l'unité pour le bien du pays.»
On croyait alors que c'était suffisant pour clore l'incident et éviter pareils nouveaux dérapages. Mais voilà les propos haineux reprendre, plus d'une fois et plus forts, jusqu'à la grande manifestation du dimanche 25 mars, au centre-ville, réclamant l'inscription de la charia dans la Constitution. Ce jour-là, selon des vidéos mises en ligne sur des réseaux sociaux, un prédicateur serait allé jusqu'à dire : «Préparez-vous au combat contre les juifs, mort aux juifs!»
Indigné, Roger Bismuth monte au créneau déclarant : «C'est la troisième fois que ce genre de choses se répète, c'est trop. Je n'accepte plus et j'ai donc porté plainte. Justice doit être faite.»
Les nouvelles autorités tunisiennes s'empresseront alors de multiplier dénonciations et assurances. Ennahdha parlera d' «actes isolés» et de «dérapages». Le président de l'Assemblée nationale constituante, Dr Mustapha Ben Jaâfar, recevra Bismuth pour lui affirmer que «la communauté juive de Tunisie partage les valeurs de citoyenneté avec tous les Tunisiens et contribue à l'effort national de développement, à la relance de l'économie et au rétablissement de la confiance en la destination Tunisie». Il s'est déclaré «indigné par ces agissements qui menacent d'ébranler l'unité et la cohésion de la société», réaffirmant que «si graves soient-ils, ils ne reflètent que la position d'une minorité qui n'a pas bien assimilé les nobles objectifs de la révolution tunisienne». Saisissant l'occasion de la commémoration, le 11 avril, du 10ème anniversaire de l'attentat perpétré en 2002 contre la synagogue de la Ghriba, faisant 22 morts, le président de la République, Dr Moncef Marzouki, se rendra à Djerba exprimer «le rejet par les Tunisiens de toute forme de violence» et son refus de «toute discrimination touchant nos compatriotes de confession juive et tout acte ou parole qui pourrait constituer une menace pour leur vie ou une atteinte à leur dignité». Il a affirmé «la volonté de l'Etat civil de protéger tous ses citoyens et de les traiter sur un pied d'égalité». Il invitera les enfants juifs de Djerba à visiter, dimanche 15 avril, le Palais de Carthage. Sur la même lancée, le chef du gouvernement, Hamadi Jebali, ouvrant lundi 16 avril à Djerba une conférence internationale sur le tourisme, réitèrera que la Tunisie accueillera cette année comme à l'accoutumée les pèlerins de la Ghriba (9-10 mai) et que toutes les dispositions, notamment de sécurité, sont prises pour assurer les meilleures conditions pour le déroulement du pèlerinage.
Est-ce suffisant pour rassurer les 2.000 juifs tunisiens qui continuent à résider dans le pays (ils étaient 100.000 en 1956) ? La pression exercée par la classe politique et la société civile et leur vigilance continue seront importantes pour dissuader les extrémistes et inciter le gouvernement à faire face au moindre dérapage.
Mais, en fait, ce n'est pas uniquement la communauté juive qui est visée, c'est toute la question de la discrimination qui est induite, mettant en cause les notions d'égalité et de citoyenneté, comme l'explique Sophie Bessis dans l'analyse ci-après. Sa conclusion mérite réflexion : «Dans quelques années, les juifs auront probablement disparu du paysage tunisien. La majorité les aura oubliés, car on n'a rien dit aux jeunes de leur millénaire enracinement. A la réalité du juif local s'est substitué chez la plupart d'entre eux le fantasme du sioniste international. Certes, on pourra difficilement aller à rebours de cette dérive tant que le peuple palestinien n'aura pas été restauré dans son droit à disposer de sa patrie. Mais au-delà de cette question principielle, les Tunisiens devront un jour endosser leur part de responsabilité dans la disparition d'une des plus vieilles composantes de leur société. Tout peuple, pour avoir un avenir, doit assumer tout son passé. Il y va de la solidité de la démocratie qu'ils veulent commencer de construire».


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