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La goutte de trop
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 09 - 2012


Par Hamma HANACHI
Le fond de l'air est vicié, augmentations des prix, grèves à répétition, secteurs sinistrés, agitations sociales , sentiment d'insécurité, pénurie de médicaments, tentatives d'étouffement de voix discordantes, dérives sécuritaires, démonstrations de force à la Kasbah, Ekbess, suivies de délire et de menaces (Habib Ellouze contre les médias), gesticulations politiques, bref dans ce climat calamiteux, dans cette ambiance délétère, il est clair que chaque maladresse du gouvernement, aussi banale soit-elle, devient suspecte, grossie à la loupe. L'infime égratignure faite à la nation est perçue comme une blessure de guerre. Que dire alors d'une pénible malédiction qui assombrit davantage la mine des citoyens et obscurcit le ciel qui les protège ? Le naufrage en Méditerranée, d'une embarcation, avec à bord des migrants clandestins.
Dès le premier jour, les autorités italiennes annoncent que, en tentant d'atteindre les côtes près de l'île de Lampedusa, plus d'une cinquantaine de jeunes Tunisiens se sont noyés en mer, des hauts responsables italiens se rendent sur place, atterrés par la catastrophe. Vendredi, M. Nicolini, maire de Lampedusa, s'est dit «profondément peiné pour les victimes de la tragédie». Rappelons au passage que la mort dans ces cas n'a pas d'identité. La mer dite de paix par temps calme est aussi cimetière pour jeunes chercheurs de rêve et d'emplois. Compassion et tristesse. Depuis, la nouvelle est relayée par les médias européens, la blogosphère s'emballe, le spectre du chômage, de la misère dans le pays qui a déclenché le Printemps arabe refait surface. La capacité de réduire l'émigration clandestine se dissipe dans les embruns de la mer, et la promesse électorale du parti majoritaire au pouvoir de créer 400.000 emplois, s'est diluée dans les bavardages des ministres et dans les rumeurs des constituants. Reste l'image des Tunisiens boat people qui nous revient en plein visage. Avec ou sans pathos, on a honte !
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Lundi, la localité d'El Fahs (Zaghouan) pleure ses enfants, elle a décrété une grève générale pour protester contre l'apparente indifférence, contre l'absence d'informations sur le drame. Manifestations, protestations et slogans antigouvernement, la population en veut à ses dirigeants, elle s'attaque à ses symboles : les postes de police et de la garde nationale.
Veillée funèbre le même jour sur l'avenue Habib-Bourguiba, beaucoup de mères, de jeunes femmes et d'hommes venus, bougies en main, exprimer leurs condoléances, manifester leur douleur aux familles des disparus de Lampedusa. Emotion jusqu'aux larmes. Douleur muette, têtes baissées, yeux embués, fleurs et larmes, unis dans la tragédie, beaucoup d'entre eux reprochent la lenteur des réactions des gouvernants, occupés à des cérémonies de mariage en groupe; indécence crient les uns, clientélisme répondent les autres.
Le gouvernement se réveille, exprime ses condoléances, tard, trop tard, sa voix est inaudible, il est dans la confusion face à de violentes critiques. Naufrage et deuil d'un côté, mariages et réjouissances de l'autre. Il n'y a pas d'excuses, on ne peut dissocier les deux événements.
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Grand -messe télévisuel sur Al Watania 1, un plateau, quatre invités, sujet : le naufrage. L'exercice est périlleux, le ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, porte-parole du gouvernement, est aux premières loges, soucieux de s'ancrer dans le débat. Du doigté, liste entre les mains, des noms, des disparus, des inconnus, des sans noms, des appels de détresse auxquels il répond avec la voix, les mots et la tête de circonstance. Des doléances des téléspectateurs, l'un de ces derniers appelle d'El Fahs: «Le gouvernement a promis de l'emploi, tous ces jeunes ont attendu, patienté...il leur restait un seul recours, l'émigration...». M. Dilou encaisse, on n'aimerait pas être à sa place, mais la politique a ses lois, ses risques et ses mauvais côtés, elle recommande d'aller aussi au charbon, mariage ou naufrage, il faut y être avec l'expression et l'air qu'il convient d'afficher. Le ministre analyse dans le calme, apaise dans la dignité, scrute sa liste, il glisse même, un faux pas, il s'autorise par enthousiasme, excès de complaisance, une comparaison boiteuse et mal venue, entre les naufragés dans un rafiot de clandestins de Lampedusa et les 32 croisiéristes disparus du Costa Concordia, paquebot, échoué au large de la Toscane.
Le débat s'étire, on répète les mêmes phrases, les condoléances, des questions restent en suspens. M. le ministre appelle «à la solidarité nationale, à la société civile aux médias qui devraient relayer l'information... en ces temps de souffrance...».
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Depuis des jours, l'offensive contre le gouvernement grossit dans les rangs de la population, la société civile, les activistes sont outrés, les résidents à l'étranger sont scandalisés, ils manifestent devant les ambassades, recommandant une journée de deuil national. Les attaques condamnent autant la lenteur des actions attendues, que le mariage collectif organisé par une association proche du parti Ennahdha. Une cérémonie à laquelle ont assisté des ministres souriants, des constituants épanouis, pendant que des familles cherchent secours, désemparées, en deuil ou proches de l'être. Pire qu'une insulte, une faute morale.


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