Il était grand temps qu'une telle initiative soit prise par les spécialistes vétérinaires et la société civile impliquée dans la protection de la nature et des animaux. Dans une société musulmane, où la miséricorde est recommandée dans le texte sacré, les animaux sont, à l'encontre de tout esprit de compassion, agressés et maltraités à perpétuité; une culture anti-animaux qui s'est ancrée l'on ne sait pour quelles raisons auprès des Tunisiens, tous âges et tous niveaux confondus. Aujourd'hui, le service vétérinaire relevant du ministère de l'Agriculture a élaboré, en collaboration avec certaines associations œuvrant pour la nature et pour les animaux, dont l'Association tunisienne des vétérinaires des animaux de compagnie, la Société centrale canine, l'Association vétérinaire pour la citoyenneté et le développement ainsi que le Club faune et flore méditerranéenne, un projet visant à inclure les droits des animaux dans la législation. Les grandes lignes de la « Déclaration des droits de l'animal » ont été déposés récemment au ministère de l'Agriculture et présentées à l'ANC. « Nous avons reçu des échos favorables de la part de certains membres de l'ANC, et ce, lors des premiers contacts. Nous espérons que les droits des animaux puissent être reconnus et introduits dans la législation afin de garantir une meilleure cohabitation entre l'Homme et l'animal et inculquer aux futures générations les principes respectant les droits des animaux; ces mêmes principes qui, rappelons-le, sont en parfaite harmonie avec ceux religieux sur ce point », indique Mme Olfa Abid, vétérinaire et porte- parole du collectif. Faire face à la maltraitance L'initiative tombe à pic, notamment dans un contexte général de plus en plus hostile y compris pour les animaux. En effet, qu'ils soient des animaux sauvages, d'élevage ou encore domestiques, nos compagnons sur ce globe subissent souvent des actes inhumains, agressifs voire criminels. « Nous avons constaté, souligne Mme Abid, beaucoup d'abus sur les animaux surtout ceux sauvages et d'élevage. Les animaux de compagnie, eux, s'estiment privilégiés, quoiqu'ils soient souvent considérés comme un objet de décor ». Aussi, au niveau de l'élevage, par exemple, l'objectif consiste-t-il à sensibiliser les éleveurs à traiter leurs animaux d'une manière conforme aux normes internationale. Mme Abid insiste sur l'impératif d'asseoir, désormais, des règles à respecter, notamment au niveau du transport des animaux et finir ainsi avec les pratiques abusives que l'on remarque d'ailleurs sur nos routes, surtout à l'approche de l'Aïd el Idha. Par ailleurs, le commerce des animaux clandestins dénote d'une grande anarchie au détriment évidemment de l'animal. Quant à la pratique de l'abattage, elle nous expose toujours face à la cruauté de l'Homme; une cruauté condamnée par la religion. Les pratiques abusives touchent également les chiens errants qui, dans l'optique de lutter contre la rage, se trouvent non seulement abattus mais, de surcroît, d'une manière cruelle. « L'introduction des droits des animaux dans la législation serait un pas important dans la protection des animaux, mais aussi dans le changement de toute une mentalité. Ce projet serait une première et importante démarche pour la responsabilisation et des propriétaires des animaux et de la société en général. Il formera une base consistante pour la sensibilisation des futures générations», renchérit notre interlocutrice. Et d'ajouter qu'une législation pro-animaux serait donc respectée d'autant plus qu'elle fixerait des pénalités à ceux qui porteront atteinte à l'animal. Il y a lieu de noter que dans le monde, quelque 65 pays ont adopté et reconnu les droits des animaux, comme l'Inde, le Mexique, la Suisse. Un groupe qui ne compte pas un seul pays arabe! Autant promulguer la déclaration des droits de l'animal et être ainsi les pionniers en la matière dans la région.