La 1ère conférence internationale de l'Organisation Mondiale de la Santé Animale à Djerba met le doigt sur la contagion par manque de synchronisation entre les pays et l'adoption de la législation adéquate. - L'île de Djerba abrite la conférence internationale de l'Organisation Mondiale de la Santé Animale ayant pour thème la modernisation de la législation vétérinaire. Au total 472 personnes représentant 177 pays y prennent part, en leur qualité de délégués nationaux de l'OIE, de directeurs des services vétérinaires ou de l'Elevage, de représentants gouvernementaux nationaux et parlementaires, de représentants d'organisations internationales, et d'organismes du secteur privé et des experts individuels. Organisée à la requête des membres de l'OIE, cette conférence intervient pour rappeler la nécessité d'instaurer, dans le plus grand respect des spécificités nationales et des initiatives régionales en la matière, une législation vétérinaire appropriée, couvrant tous les domaines d'activité définis dans le mandat assigné à l'OIE, d'engager une réflexion approfondie sur les défis encourus du fait de la transposition des normes et des lignes directrices internationales en législation vétérinaire nationale, et sur les outils requis à cet effet, enfin de fournir des orientations d'ordre pratique susceptibles d'aider les pays membres de l'OIE, et en particulier ceux en phase de développement, à moderniser leur arsenal législatif afférent au domaine vétérinaire. A cet effet, plusieurs sujets sont inscrits à l'ordre du jour pour être traités et débattus au cours de ces deux jours et demi de réflexion et de concertation : l'analyse de l'état des lieux des législations vétérinaires dans le monde, la présentation d'informations juridiques sur les principes généraux de droit à utiliser dans le cadre des législations vétérinaires, la diffusion d'informations et de conseils pratiques relatifs aux modalités de modernisation d'une législation vétérinaire, l'examen des différentes expériences réalisées par les membres de l'OIE dans le domaine de la législation, les opportunités offertes aux membres pour promouvoir leur gouvernance sanitaire, l'identification des différents outils et appuis à apporter aux services vétérinaires nationaux des pays en voie de développement, et enfin les besoins futurs et les priorités en matière de renforcement des Services vétérinaires A l'issue de ce marathon discursif, de diffusion d'informations, d'analyse, d'examen et d'identification, les travaux de cette première conférence mondiale de l'OIE seront couronnés par l'adoption de recommandations définissant des normes et des lignes directrices internationales qui contribueraient à moderniser et à harmoniser le dispositif juridique et législatif inhérent au domaine vétérinaire en vigueur dans les pays membres et à améliorer les politiques de santé animale, de sécurité sanitaire des aliments et de production animales. A rappeler que M. Abdesslam Mansour, ministre de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques et de la Pêche a assuré l'ouverture des travaux de la conférence. Naceur BOUABID ------------------------- 3 questions à Bernard Vallat, DG de l'Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE) «Les pays membres doivent être soutenus par une législation efficace et moderne pour se prémunir contre les nouvelles menaces sanitaires» Le Temps: La conférence s'articule autour du thème de la modernisation de la législation vétérinaire. Faut-il comprendre que les législations en vigueur sont dépassées et obsolètes ? Dr. Bernard Vallat: Face à la mondialisation rampante, à la croissance du commerce mondial, aux changements climatiques, à l'apparition de certaines maladies pouvant facilement et rapidement franchir les frontières, les services vétérinaires dans les pays membres doivent être soutenus par une législation efficace et moderne afin de se prémunir contre les nouvelles menaces sanitaires et de répondre aux critères de qualité et de performance fixés par l'OIE. En outre, en matière de législation vétérinaire et de santé animale, plusieurs pays membres, en l'occurrence 100 pays des 177 que compte l'Organisation, trainent un retard accablant, et leur arsenal juridique et législatif est dans le besoin pressant d'être renforcé pour pouvoir faire face à la recrudescence des menaces et des risques. *Depuis plus d'une dizaine d'années, le monde entier a vécu sous la menace quasi constante de l'émergence ou de la réémergence de certaines maladies animales, telles que la vache folle, la fièvre aphteuse, la grippe aviaire ou porcine, etc. Comment réagit l'OIE face à ces fléaux « dévastateurs ? -Ces crises sont imprévisibles et elles surgissent sans crier gare ; il n'y a guère de modèles de prédiction à même de permettre de les éviter ; l'installation de réseaux de surveillance s'avère à ce titre très recommandé pour détecter à temps la menace, l'expérience de la Tunisie consistant en la création d'un Centre National de Veille Zoo-sanitaire, évoquée par M.Le Ministre dans son allocution, constitue une mesure avantgardiste. De même, il faudrait recourir aux services d'un réseau scientifique neutre et crédible pour savoir évaluer la gravité de la crise et agir à bon escient en conséquence en prenant garde des manipulations malintentionnées. *Une conférence internationale de l'OIE est une première du genre ; pourquoi avoir choisi la Tunisie pour y abriter les travaux ? -L'OIE a tenu à célébrer l'ouverture officielle à Tunis de la représentation sous régionale de l'OIE couvrant la région de l'Afrique du Nord, en gratifiant la Tunisie de l'honneur d'abriter cette manifestation mondiale de grand intérêt. Notre choix sur la Tunisie a été motivé également par le soutien du gouvernement tunisien à L'OIE et à son action.