La galerie Saladin de La Marsa abrite, depuis mi-septembre, une exposition collective de cinq artistes, quatre étrangers (Corine Pissarro, connue peintre des fleurs, Laurent Havas, René Robakowski et Hiddoud) et un Tunisien (Fadhel Ghedira). Une cinquantaine de toiles en tout, exploitant le thème la Tunisie citadine, la Tunisie de la campagne et des oasis, avec leurs senteurs, leurs ruelles, leurs spécificités architecturales, leurs couleurs propres, leurs monuments et leurs lieux phares. Mais pas seulement, puisque la femme tunisienne, la vie au quotidien et le rêve sont également présents dans cette exposition. Laurent Havas, qui participe avec 18 toiles (pastel et peinture à l'huile), a, à l'évidence, beaucoup travaillé sur les couleurs. Clairement inspiré de ses visites à travers le pays, il révèle dans «Port de Bizerte», «Gammarth» ou «Ruelle à Sidi Bou Saïd», les différentes composantes de la nature, terre, mer et ciel, qu'il souligne par une dégradation des couleurs, du bleu clair au foncé et du jaune jusqu'au blanc. Un choix significatif qui dégage la sérénité, la délicatesse, la douceur et la paix. Dans cette même approche, le peintre Hiddoud a choisi, quant à lui, d'associer au thème de la mer le monde des marins et des voiliers, qui reflètent, entre autres, le besoin d'évasion et de liberté. Dans ses deux seuls tableaux («Voilier» et «Marine»), avec lesquels il participe à l'exposition, il met en relief une sorte de jeu douceur- violence, souligné par un contraste chaud-froid des couleurs, comme la combinaison étudiée entre le rouge et le bleu clair. Par sa barque en plein milieu de la mer, secouée par les vagues, ce peintre amène son visiteur dans un grand bleu tumultueux , évoquant à la fois rêve et danger. Un pur mélange de force et de douceur. Toujours dans cette même dualité douceur- violence, les toiles de Corrine Pissarro, au nombre de neuf, frappent par leurs couleurs variées et dévoilent la vision particulière de l'artiste. « Bouquet de marius» ou «Coquelicots» sont peuplées de fleurs de toutes sortes et de toutes les couleurs, associant avec subtilité le chaos à la beauté. Ce mélange, ainsi élaboré, dévoile beaucoup de sensibilité et met en exergue autant le côté coloré et gai de la vie, que son aspect mystérieux. Quant au Tunisien Fadhel Ghedira qui participe avec cinq tableaux, il a focalisé son travail sur le thème de la ville, ses mouvements et ses monuments les plus remarquables. Il en est ainsi des toiles «Lumière du souk», «Ancienne mosquée», «Ruelle dans l'ombre» , «Bab El Khadra» et «Sidi Mehrez», caractérisées par un dynamisme et une effervescence, synonymes du rayonnement de la vie. Maîtrisant l'art du dessin, il a su rester fidèle et transposer la ville tunisienne, avec ses spécificités avec une justesse du trait, comme dans cette ambiance dans les souks animée par des passants. Des nuances de couleurs et de mouvements traduisent la beauté du vieux Tunis. «Dans mes tableaux, j'alterne deux techniques, à savoir le cubisme et le figuratif, pour créer la nouveauté. Cette méthode inscrit mes créations dans le réel. Accentués par des couleurs vives et chaudes, mes tableaux combinent les éléments de notre culture actuelle avec celle, typiquement tunisienne, du passé, à travers l'art», nous a expliqué le peintre. Le public peut apprécier, jusqu'au 14 octobre, cette exposition collective qui dégage, dans une extraordinaire diversité de techniques et de couleurs, beaucoup de sincérité, d'espoir et de nostalgie.